Sensations, impressions, conception…


Bon, je ne sais pas si je vais réussir à vous expliquer mon état d’âme du moment. Essayons.

D’abord, il faut que je vous dise qu’il ne faut pas croire, comme je l’ai cru longtemps, les vignerons qui vous disent que tout se fait à la vigne. Ceux qui disent ça sont bons dans tous les domaines mais ne s’en vantent pas, tout simplement. Par exemple, cette année, nous avons des vignes parfaites (pardon de ce manque de modestie, mais on a tellement bossé que je vois pas pourquoi on en serait pas un peu fier…) et pourtant, rien n’est joué.

Premièrement parce que tant que le raisin n’est pas dans la cave, on peut tout perdre. Ensuite parce qu’on a encore quatre grandes épreuves à subir et qu’elles sont toutes éliminatoires : la date des vendanges et l’obtention des maturités phénoliques ; la stratégie de vinification ; les modes et les durées d’élevage et enfin les mises en bouteilles. À chacune de ces étapes, notre prince charmant peut se retransformer vite fait bien fait en vulgaire grenouille de marécage…

Et si on réussit tout cela, on aura juste un bon, voire un très bon vin.

Pour faire un vin magique (c’est pour ça, aussi, que ça s’appelle « le clos des fées : c’est l’objectif ! ))), il faut en plus réussir à « sentir » le millésime, à parvenir en quelque sorte à capter son « âme ».

C’est là que c’est compliqué à expliquer. Chaque millésime est différent. L’expérience des millésimes précédant ne vous sert à rien, sauf si vous avez « intégré » les leçons qu’ils vous ont donnés au plus profond de vous.

« Sentir » le millésime, c’est renifler l’air, sentir l’humidité, supputer la météo, goûter le raisin, cépage par cépage pour savoir lequel a le plus de potentiel, étudier chaque parcelle, extrapoler et tenter de deviner ce que ce raisin du millésime 2005 va devenir

Il faut aussi arriver à « deviner » ce qu’il désire qu’on lui fasse subir : une année l’attendre pour dévoiler ses qualités tardives ; une autre le bousculer un peu pour le récolter sur la fraîcheur ; une année ne pas toucher les cuves, une autre piger vigoureusement pour extraire en profondeur ; une année cuver longtemps, une autre décuver rapidement.

Pour l’instant, beaucoup de sensations contradictoires, quelques pistes solides mais pas encore de décisions définitives. Je retourne « roder », le nez au vent…

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