Retour de Vinexpo


Et vite, vite, pour me ressourcer, un grand « bain » de vignes, d’oliviers, de soleil et de cigales, qui sont sorties, nous cassent déjà les oreilles ;-) et volent partout dans l’oliveraie.

Le premier adjectif qui vient aux lèvres quand je pense à Vinexpo est toujours le même : fatiguant… Gigantesque (mais un peu moins que d’habitude, enfin j’en ai eu l’impression, en tout cas), Vinexpo est un grand fourre tout, une auberge espagnole (c’est la cas de le dire, l’Espagne occupait pas loin à mon avis de 1500 M 2, écrasant tous les autres pays au point qu’on a divisé le pays en deux hall différents…) où se côtoient des acheteurs d’une puissance encore inimaginable il y a vingt ans et de jeunes « padawan », stagiaires ou étudiants, qui vivent ici leur premiers combats dans l’arène des vins du monde, irrémédiablement mondialisée.

Au milieu des allées, il y a de tout et, avouons le, un peu de rien. Vendeurs (nombreux…) et acheteurs (semblant peu motivés…) se croisent, les affaires, et pas des moindres, se font parfois dans les coins les plus improbables. Le salon s’anime rarement avant midi et se vide vers 17 heures sous peine de passer 3 heures dans les embouteillages (sans jeu de mots ;-). Avant, le matin, il faut bien se remettre des soirées de la veille, où les châteaux redoublent de faste et exposent leur puissance, unique il est vrai dans le monde du vin. La moindre réception coûte ici plusieurs dizaines de milliers d’euros, voire, à vue de nez, centaines… Certaines sont ultra fermées et une voiture vient vous chercher, personnellement, à votre hôtel, et vous ramène ensuite, un sourire mélancolique aux lèvres pour certains, bourrés jusqu’au sourcils pour d’autres. Certaines sont plus « ouvertes ». D’autres sans doute, sont familiales, chacun essayant, des premiers crus classés au château le plus inconnu de l’entre deux-mers, de mettre les petits plats dans les grands pour séduire acheteurs et journalistes du monde entier. Le lendemain, couché à point d’heure, le foie en capitolade, le jeu consiste à goûter le moins possible, ce qui fait que je me demande comment certains font pour acheter. Passons.

Mais on prend un peu de temps, bien sur, aussi, pour se livrer dans les allées au jeu qui se fait d’ordinaire dans l’ascenceur en ville et dans la voiture à la campagne, j’ai nommé : la-critique-du-dîner-de-la-veille ;-) La palme du ratage est attribuée (mais je suis parti avant la vin du salon ;-) au dîner de la presse internationale à Lafite qui fut qualifié le lendemain par nombre de mes ex-confrères du terme élégant de « pensum »… Enfin pour ceux qui ont de l’éducation. Pour les autres, c’était plus vulgaire. Il y avait en revanche, parait-il, une bonne ambiance à la Mission Haut-Brion ou l’on mangea fort bien, selon de multiples sources (plat de légumes d’Alain Passard d’anthologie), cigare et cognac rare inclus, la fête était belle à Smith-Haut-Lafitte, sympathique et animée à Jean Faure tandis que le pique-nique à Cheval Blanc était snob juste ce qui’il faut pour rester dans les limites du bon goût. Bon, je n’étais à aucun de ces évènements, où je ne suis plus convié depuis longtemps, où de de toute façon je n’allais plus et que le paysan que je suis devenu fuit comme la peste, tout sympathiques qu’ils soient : je déteste la manipulation ;-( J’y reviendrai sans doute cet été, suite à truc rigolo récupéré sur le salon dont je vous parlerai… Je pourrais il est vrai dévoiler les dessous de ces fêtes mondaines, mais le mieux, pour savoir qui copine avec qui, c’est le blog de François Mauss. Comme son équipe goûte à l’aveugle et qu’on ramasse les copies avant la levée des anonymats, on ne les soupçonnera pas de collusion et on verra avec plaisir à la lecture du blog du GJE que c’est sans doute la crise mais que certains résistent et ne se laissent pas abattre ;-)Pour ma part, je me suis laissé faire et j’ai fini lundi soir dans une fête aussi sympathique, émouvante que fastueuse, à Labégorce, où j’ai failli danser le tango (Sophie, au secours, des cours ! ;-) et ai remarquablement mangé, la faute à Potel et Chabot qui reçoit ici mes plus sincères félicitations, ce qui est rare, donc a de la valeur ;-).

Pendant qu’on pique-nique à Cheval-Blanc donc, et qu’un peintre officiel de la Marine immortalise la scène pour les générations futures (je rigole, Albert ;-), donc, sur Vinexpo, entre deux hélicoptères VIP Platinum, on se désolait de la mort clinique du marché américain, c’est à dire du départ définitif de Diageo (N° 1 mondial) du jeu de dupe des primeurs, alors qu’ils représentaient certaines années 25 % des volumes. En fait, ils n’achèteront – et ne vendront, donc… – plus aucun Bordeaux. Bigre.La saison des déstockages démarre assez fort, suivant celle des soldes, et entre le cours des monnaies et celui de la bourse, on ne parle que de prix, de marchés, de circuits. Mais jamais de qualité ni de valeur (humaine ?). Ainsi va le monde d’aujourd’hui.

Dans l’allée suivante, c’est de la Russie dont on se désole : le marché est catatonique et là, c’est le bas et non le haut qui trinque. Vous voulez du vrac ? C’est le moment : 20 euros l’hectolitre, du vin espagnol plutôt buvable. Surpris ? Les vendanges arrivent, il faut vider les cave avant la vendange 2009 et le vin à bas prix, vigoureusement édulcoré, acheté jusqu’à présent par l’Est de l’Europe cherche des gosiers plus attirés par l’ivresse que par le goût. A ce prix là, aucun vigneron ne peut vivre en Europe et donc, les arrachages sont loin d’être terminés. Le vignoble, lui aussi, au final, sera donc délocalisé là ou on travaille pour manger, au jour le jour, et où on est heureux de le faire parce que sinon, on meurt.

Bon, on va pas se pendre tout de suite, et continuer d’espérer qu’entre les deux extrêmes, il y ai toujours quelques possibilités pour un vigneron de faire son métier dans les règles de l’art, pour un vignoble émergeant de rêver à l’excellence, pour un amateur de trouver une bonne bouteille qui vous colle un sourire sur les lèvres pendant toute la soirée.

Tiens, allez, des vins comme ça, je vous en donne deux. Haut-Carles, inutile d’en parler : je vous avais annoncé que c’était à l’aveugle l’équivalent d’un premier cru, il arrive 4ème sur 200 Bordeaux au GJE et raffle la mise de meilleur rapport qualité prix incroyable génial stupéfiant. J’espère que vous en avez acheté ;-) Non, je pensais à deux très bons bordeaux, Poupille, un de ces Côtes de Castillon qui prouve la grandeur de ce terroir et ne mérite pas l’anonymat dans lequel les médias le maintient, à l’exception des mangas japonais qui sont définitivement plus fins qu’on ne le pense, et le château de Laussac, dont j’ai goûté un 2005 exceptionnel qui serait, parait-il, disponible chez Leclerc pour un peu plus de 10 neuros, ce qui, vu la qualité du vin, mâture, dense et sensuel, me semble incroyable.

Bon, c’était un peu décousu, mais c’est ce que j’avais envie d’écrire. Ah, mon Dieu, comme il est bon d’écrire, libre comme l’air, sur son blog ;-)

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