Grenache Symposium – D day – Grenache Paradise


17 h. C’est l’heure de la grande dégustation du Symposium. Enfin, on va BOIRE ! ;-)Dans ce métier, rien ne vaut quand même les travaux pratiques ;-)

Plus d’une centaine de Grenache, venus du monde entier, alignés sur des tables, à température parfaite grâce à un staff de service qui s’est démené sans compter. Merci !

Je suis partagé entre l’envie de tout goûter, la nécessité de rester un peu à côté de mon vin et la curiosité de voir comment il se comporte, où il se situe, au milieu de tant de vins fameux.

On fera un peu des trois ;-)

A la dernière question, je réponds avec facilité  : la petite Sibérie n’est pas comme les autres vins présentés ici. Peu m’importe en fait où elle se « classe ». Elle est différente et, à l’évidence, dans le « tube » des grands vins. Vous vous souvenez du billet sur les tubes ? Non ? Il n’a jamais été pour moi plus d’actualité. Je vous aide, c’est ICI.

Dans le tube des grands vins, ce jour là, il y a en d’autres, bien sûr. Je ne pourrais pas tout goûter, mais Espectacle, de René Barbier, m’interpelle à l’évidence, ainsi que Gourt de Mautens 2007, deux Grenache exceptionnels qu’il faut que j’ai dans ma cave. Dans un autre « tube », celui des vins de soif, de plaisir, de joie, il y a en tête le Clos de Gilroy de Randall Graham. J’avais adoré ce vin lors d’un Vinexpo, je l’adore aujourd’hui. C’est unique, sans tanin, léger, aérien, subtil, délicieux. C’est pas grand mais au final, c’est grand quand même parce que c’est « juste ». Impossible de faire des vins comme ça à Vingrau. La bonne direction, pour ça, ce sont les sables de la Salanque, les terres à artichauts (oui Monsieur) sur lesquelles on pourrait faire 80 hl/ha de vin délicieux dont le marché manque cruellement. Ah, mais voilà, ce n’est ni noble, ni politiquement correct de dire ça, Monsieur. J’en parle avec Claude et Lydie Bourguignon, qui sont bien d’accord avec moi. On parle aussi des Calcaires Urgoniens de Vingrau, les plus durs, les plus vieux, juste avant le marbre, et qui typent les vins d’une façon spectaculaire. ML, (rigole t’elle ?) me dit que pour faire des vins dans ce genre, il faut que je maigrisse… C’est loin d’être idiot, hein ;-)

Bon, respect et humilité devant des magnums de La Gardine 1952. La robe est étonnante, très âgée, mais le vin délicieux, aérien, comme dépouillé de toute contingence terrestre. Il n’y a plus que « l’âme », qui se dévoile, c’est touchant et bon, tout simplement. Gros coup de cœur pour les Rasteau VDN de Gourg de Mautens et de la Soumade. Finalement, les vins mutés sur Calcaire, c’est grand aussi et ça me donne vraiment envie d’en refaire un jour.

J’essaie de goûter mais je passe aussi beaucoup de temps à ma table. Un blanc remarquable, du Clos des Papes, un excellent Priorat de…. mince, j’ai un blanc, je regarderai sur le catalogue (les maynes de terroirs al limit); d’Arenberg avec des vins très originaux, un excellent Henschke, bouché à vis, beaucoup de bons Châteauneuf. Bon, il y a aussi quelques vins un peu boisés, un peu sur-extraits, un peu récolté en sous maturité ou marqués, à l’opposé, par l’alcool, mais ils sont en minorité et le niveau du tasting est remarquable, même si les « icones » du Grenache ne sont pas là, à par peut être « les Amis ». Je n’aurais gouté qu’une vingtaine de vins sur 100, dommage…

Ouf, c’est fini. On range tout, on dine. Je me fait un petit verre de Rasteau pour me détendre ;-) Excellent diner, offert par l’Espagne. Belle entrée, sur un Monsant Blanc remarquable de fraîcheur et de tension (désolé, pas noté, un lecteur du blog l’a fait ?). Que fait le Roussillon ? C’est là qu’il fallait être et en dehors de quelques représentants de qualité, ma belle région n’aura pas beaucoup parlé Grenache dans ce Symposium… J’aurai bien vu un grand buffet de Fromage, avec des rouges et des VDN. Une autre fois, l’idée est bonne

Sur la table, l’Espagne a choisi beaucoup de vins puissants, des boisés affirmés, les vins sont bons mais nous sommes tous fatigués par la journée, la chaleur et la dégustation alors certains ratent un peu leur cible. Étrange comme le meilleur vin du monde peut tomber parfois à plat totalement quand il est servi hors contexte… El Chaparal de Vega Sindoa semble être le « it wine » du moment, mais moi, je flashe sur le Terrasas de Moncayo : Ooah, c’est exactement ce que j’aurais envie de boire si j’habitais Paris ou NY et si je passais chez mon caviste en sortant du boulot. C’est dense mais pas trop, soyeux, pas envahissant, assez long et remarquablement boisé avec une matière d’une qualité exceptionnelle. Superbe et, apparemment, très raisonnable en prix. Oups, en regardant sur internet, c’est plutôt 40 euros. Ça les vaut, si j’en trouve en France, j’en achèterai.

On sert le fromage. J’ai demandé à Pancho si je pouvais un peu faire le coucou dans leur « Fiesta Espagnola », il m’a dit oui. Ce gars est très sympa ;-). Merci Pancho ;-) A charge de revanche. C’est un peu l’esprit « Paulée ». J’avais pris au cas où un double magnum de petite Sibérie 2005 qui s’avère ma fois tout à fait à son aise sur un choix de fromage qui semble fait pour elle, avec en particulier un Reblochon crémeux et un saint nectaire très convenable (c’est à dire très fermier….).

Le vin est … spécial. Riche, dense, raffiné, très puissant mais très arrondi, totalement sphérique, avec un côté maternel, primordial, (utérin ? Ça existe les vins « utérins » ;-). On est sur le fil du rasoir au niveau de la maturité. on sent qu’un pas de plus et le vin serait passé du côté obscur ;-) Mais cela reste un vin rouge, très puissant mais très… bon.

Je fais le tour des tables, essaie de contenter tout le monde. La bouteille est bien sûr trop petite… Certains aiment, d’autres détestent, d’autres enfin s’en foutent (comme Berthomeau ;-). C’est la vie. il y aura sans doute autant d’éloges que de critiques. Pas grave. Je continue à pense que les vins rares et chers doivent s’exposer, se mettre en danger, rester accessibles et accepter les règles de la comparaison qualitative. On verra les réactions, dans les mois qui viennent…

Bon, voilà. Ah, j’oubliais, en souvenir du Grenache Symposium, la photo de Célia qui commence à couver son cadeau ;-)

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