Boston, Day 2 – Another brick in the wall


Levé à l’aurore (j’ai l’habitude et, de toutes façons, je me réveille à 5 heures depuis une semaine avec le décalage  horaire…), on retourne fissa vers Boston où nous devons être à 9h30. Dommage, il y avait un buffet superbe, face à la mer. Même pas le temps pour un café, c’est pas une vie…

La lumière du matin est sublime. On longe les forêts aux troncs envahis par le lichen, dans une brume irréelle. Les maisons sont magnifiques, les bateaux dignes de cartes postales, les petits lacs charmants et romantiques, certains avec encore de la glace dessus. Rageant de ne pouvoir profiter de rien. Pas de place pour le tourisme pour l’instant, c’est clair.

Rendez-vous avec notre nouvel importateur, et c’est parti pour une journée de visite, dont je ne garderai pour ce blog que quelques anecdotes, si vous le voulez bien. Sinon, c’est voiture/visite, voiture/visite et ça deviendrait vite barbant ;-). On commence par un gros caviste, au moins 2 000 références de vins, plus de 300 de bières, sans doute, à la louche donc une bonne partie dont j’ignorais l’existence, je l’avoue. Comment le Clos des Fées peut-il seulement imaginer exister au milieu de tous ces vins, venus du monde entier ? En attendant que le responsable se libère, j’ai le temps de méditer à cette possibilité (impossibilité ?) en me promenant dans les rayons. Une brique après une brique, sans doute, même petite…

En passant, le rayon des « Sales » me fait froid dans le dos : ici finissent soldés les vins qui n’ont pas marché, les queues de lot, les millésimes mal notés et, par poiitesse envers mes confrères, je me garderai bien de citer des noms. Disons qu’il y en de très connus, propriétés comme appellations, en particulier Bourguignones, qui n’ont pas, ici, trouvé leur public, la faute au prix, souvent, pour ce que j’en vois. La crise est passée par là.

Le tasting se passe assez bien, mais le matin, j’ai du mal avec l’Anglais, faut l’avouer… Le soir aussi, d’ailleurs, mais ça va mieux :-) En sortant, un présentoir offre une dizaine de copeaux de bois d’essences diverses pour fumer son poisson. Dommage qu’on ait pas ça en France. Remarquez, j’ai pas de fumoir ;-) Mais à côté, une offre de sacs de copeaux pour parfumer son barbecue m’interpelle, dont des « copeaux de barriques ayant contenu du vin ». Ah, mais oui mais c’est bien sûr ! Moi qui ne sais pas quoi faire de mes barriques après cinq ans ! Et j’ai déjà le broyeur, en plus. Ca vous dirait, des copeaux de chênes ayant vu la petite Sibérie ? Y’a plus qu’à ;-)

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On repart pour une longue étape « transfert ». C’est impec, je peux faire une micro-sieste pour récupérer… Nous voilà pas loin du fameux Walden Pond, l’étang cher à Henri-David Thoreau qui m’a inspiré le nom du projet Walden. Bizarre, la vie, qui vous ramène parfois dans les mêmes endroits, comme attiré par des forces mystérieuses. Je n’y suis allé qu’en hiver, j’y ferais bien volontiers, un jour, un tour en été, où l’on peut s’y baigner, l’eau venant du centre, du fond où il y a une source. Mais pas le temps aujourd’hui et puis un peu frisquet, même si la pluie incroyable d’hier a laissé la place à une journée ensoleillée et lumineuse comme c’est pas permis. J’ai pris un maillot, mais pas une combinaison de plongée ;-) On fait un stop pas loin, chez un grand caviste qui vend du Walden et s’amuse bien du nom, puis au centre de Concord, chez un autre caviste qui n’en vend pas encore : la vendeuse est Française, de… Canohès, un petit village des Pyrénées-Orientales ! Bizarre, la vie, quand même. On blague.

Retour vers Boston, plus exactement vers Cambridge. On déjeune un peu par hasard dans un restau qui a l’air plutôt branché, Upstairs on the Square, mais dont le jeune responsable de la carte des vins est tout simplement génial. Une carte courte, pleine d’humour, avec des sélections intélligentes, personnelles, des classements par moment, par cépages, par famille, avec des infos et un mélange de jeunes vignerons qui démarrent et de vins réputés, vendus à prix trés doux. J’ai une surprise pour vous (miracle du web…), on peut la télécharger ICI. Jugez plutôt. Et savourez l’humour… En attendant mon hamburger, je me dis que si je rouvrais un restaurant, c’est ce genre de carte que je voudrais faire. Courte, ouverte, changeante et pertinente.

Je m’enflamme littéralement pour un pinot noir (c’est de l’humour, mais vous comprendrez après, hein ;-) de Sonoma Coast, un de ces vins qui me donnent envie d’aller voir le vigneron, ce qui ne m’arrive pas souvent (je vais sans doute changer mon planning pour la Californie en Avril pour faire ça, même si c’est un peu dingue…). C’est un vin très spécial, dont les raisins ont été littéralement « fumés sur pied » (décidément, ce matin, je l’avais senti, cette histoire de fumée…) par les immenses incendies de Californie, cette année là. Le vigneron a pas osé le mettre dans son haut du gamme, mais je résultat est… stupéfiant. Le fumé est très discret, se fond merveilleusement dans un pinot noir mûr, délicat, fin, subtil, faut m’arrêter pour pas en abuser… Un délice, une étiquette marrante, c’est décidé, j’en ramène une bouteille. Faut que j’aille voir, c’est clair. Le site est marrant, avec la liste des parcelles et leur location. On verra si j’ai le temps, c’est une journée allée-retour de San-Francisco quand même. Je me demande si d’une terrible catastrophe, on pourrait pas en faire une nouvelle forme de vinification en « fumant » les grappes avant vinification. Surtout avec les copeaux des barriques évoqués plus haut… Faudra que j’y pense…

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En sortant, l’ambiance commence à monter dans le coin car la Saint-Patrick, c’est ce soir. Mais je crains de ne pas en profiter vraiment. Dommage. Désolé, Françoise et merci pour le commentaire ;-). Le gars au tambour était très très bon.

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IL est temps de partir pour le tasting de la soirée. C’est chez TJ, le grand gars souriant à gauche. L’autre c’est Carl, de Ruby Wine. Merci, Carl, pour cette bonne journée. Ancien vendeur, TJ a longuement cogité pour monter sa cave, un concept assez génial nommé Urban Grappes.

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Tous les vins sont à égalité de traitement, non pas classé par pays ou par cépage, comme souvent aux USA, mais par concentration et par style, avec une échelle de 1 à 10. En face, dix bouteiles en dégustation gratuite, afin de s’étalonner sur son goût. Quand on sait qu’on a envie d’un niveau 2 ou d’un niveau 8, on peut alors mieux discuter du style de vin que l’on cherche ou de son envie du jour avec son conseiller. C’est novateur, efficace, sobre, gageant qu’il va franchiser. 750 références quand même, ce que je trouve faire un peu beaucoup. Mais c’est vrai qu’ici, il y le monde entier et non pas seulement la France ou presque, comme chez les cavistes hexagonaux.

Trois heures et une trentaine de clients plus tard, nous voilà chez Keith et Linda, des amis cavistes qui sont passés au Clos des Fées il y a deux ans et qui voulait nous inviter à diner. Barbecue simple et bon, avec une peu d’huile de truffes sur l’entrecôte, ce qui est encore une bonne idée à retenir. Les voyages forment aussi la vieillesse, chez amis, quand on sait rester ouvert ;-). Finalement, la journée aura tourné toute entière autour de la « fumée ». Étrange, ces coïncidences, quand même. On se termine gentiment à la liqueur de Chartreuse « neuvième centenaire » (moi qui pense fêter cette année le dixième millésime, je me sens un peu jeune, dirons nous ;-), histoire de digérer en paix et de se lacher un peu. Une merveille. L’amertume et les plantes, c’est parfait pour le pancréas, non ?

Demain, dernier jour et retour. Juste le temps de finir d’organiser par mail le départ pour Hong-Kong, mercredi…

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