Un boulot de Titan – Plantations 2012 – [MAJ] 9 Juillet


«Celui qui déplace la montagne, c’est celui qui commence à enlever les petites pierres…» Confucius

Cher Confucius, vois tu, on t’a écouté et, des petites pierres, on a en a déplacé un certain nombre depuis Noël…

Au début, il y a une lande, avec un gros tas de cailloux au milieu et un semblant d’abri fait par un vigneron qui n’était pas très doué ou qui n’avait pas que ça à faire. Mais bon, vu le vent qui souffle toujours ici, au Mas Farines, fallait mieux avoir un petit Cazot pour faire griller, parce qu’à l’époque, on venait ici à pied et la journée de travail commençait par un échauffement de 7 km à pied…

Donc, respect et humilité, s’il vous plait !

Au début, donc, ça ressemblait à ça et ça nous a pris un sacré moment, à Serge à moi, pour décider comment on pouvait le planter, dans quel sens et avec quel écartement.

Ce qu’il y a de bien ici, c’est que pour corser le jeu, on a des vignes à 1,50 au carré, 1,65 au carré, 2 x 1, 2,25 x 1, 2,50 x 1 et depuis peu, un joli mourvèdre à 3 x 1…

A chaque fois, faut changer de tracteur, d’outils, de réglages. Et bien sûr, de minuscules parcelles, côte à côte parfois, dans des sens contraires de plantation, parce qu’ici, on a toujours eu du caractére, et que le schéma directeur, on l’em….. 😉

Donc, après tout on avait le choix, y compris, et ce fut la décision de vraiment faire les choses bien, comme au aurait aimé les faire souvent et que maintenant on peut, na !

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Première opération, débroussaillage pour y voir un peu plus clair.

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Deuxième étape, donc, un bon coup de chisel, une belle charrue à dents. Le nom vient du vieux français chisel, qui vient, comme tu le sais, cher lecteur, de cisellus en latin vulgaire, lui même issu de caedere, couper.

On rentre dans le sol sur 20 cm environ, et on commence à butter joyeusement sur les cailloux, qui effleurent… On voit au fond le tas de cailloux que l’on décide alors de déplacer carrément…

On va s’en servir pour remblayer un petit bas-fond près de la forêt, juste derrière. On a des engins modernes, on peut faire désormais ce dont rêvaient j’en suis sûr les vignerons du passé, plutôt que d’empiler des cailloux à la main pendant des semaines entières…

Jusque là, tout va bien, ça commence à ressembler à quelque chose, hein…

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On fait donc venir notre ami le bulldozer avant que le tracteur ne rende l’âme à vouloir labourer un peu profond, histoire de bien décompacter.

Si on prépare pas les sols, c’est simple, ici, ça pousse pas, point.

Bien sûr, sous le gros tas de cailloux, c’est la roche mère : on commence à comprendre, c’est pas le premier tas que l’on trouve en plein milieu des vignes, et comme on c’est déjà fait avoir, ce n’est pas une surprise : les anciens, ils étaient tout sauf idiots 😉

De pierre en pierre, il passe une petite semaine sur la parcelle, à la croiser dans tous les sens, en descendant à plus d’un mètre afin de bien décompacter la terre.

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Ca confirme notre intuition : youpi, on a trouvé une MINE DE CAILLOUX !

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Impossible des les retirer ni bien sûr de planter… On appelle le broyeur…

On sy attendait un peu, mais pas à ce point là… On comprend mieux pourquoi la vigne d’avant végétait un peu…

Le voilà, derrière un Fendt Vario, et pas le moindre, seul tracteur qui a la puissance nécessaire sur ce genre de terrain.

Un passage. On croise. C’est mieux. Derrière, de la farine, impressionnant…

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Je dois être le seul à me réjouir de voir arriver des camions de fumier…

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Montagne devant montagne. Y’a plus qu’à épandre.

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Re-chisel pour enfouir.

Re-broyeur sur les lunes de pierres qui restent encore, qui semblent éclore dans la nuit tels des champignons…

Re chisel…

Dernier passage du broyeur sur les deux bandes qui résistent encore, donc bien sûr celle où il y avait le tas de cailloux, on était sur la roche mère pure…

Le budget est co-lo-ssal mais, ainsi, la vigne va parfaitement s’implanter.

Mes enfants me béniront, même si, aujourd’hui, le comptable me maudit en payant les prestataires qui ont fait (heureusement vu le prix…), un super boulot.

Arrivée des plants, soigneusement sélectionnés. Cette année, on plante du blanc.

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C’est parti pour le traçage, rock and roll au possible tant la parcelle est mal foutue et la vigne en place plantée de travers, en biais, sans respecter la pente, bref, comme on plantait au temps du cheval, sans niveau laser, juste à la louche… Ca poussait aussi, et parfois mieux grâce au greffage sur place…

On triche un peu, ça devrait être beau, au final, dans un écartement très « personnel », serré, puis lâche, puis serré, puis lâche. Un truc très perso dont je vous parlerai bien un jour 😉

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Vite, vite, on a que deux jours parce qu’après, il va pleuvoir (et il a sacrément plus, effectivement…)

Une super équipe de planteurs, compétents et courageux, qui suivent un rythme de dingue tout en travaillant parfaitement.

Merci, les gars, ç’est plus dur qu’il n’y parait, croyez moi, même si la terre est bien préparée, ce qui n’est pas courant ici, au point qu’ils sont venus au début de mauvais gré.

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Denier jour de ciel bleu avant un mois d’Avril catastrophique.

Deux arrosages, à trois jours d’intervalles, pour bien ramener la terre fine autour des racines.

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Voilà, les petits pieds paraphinés sont prêts à s’installer dans leur nouvelle demeure, pour les 80 prochaines années.

Manque deux jours de travail pour installer un clôture électrique pour éviter que les sangliers viennent déterrer les jeunes plants de leurs groins attirés par l’humidité des arrosages et la paraffine…

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J’essaierai de mettre à jour ce billet tout au long de la vie de la plantation pour que vous puissiez voir cette vigne grandir…

Intéressé ?

Oui, apparement. Alors, voilà la suite 😉

MAJ —————du—————30 mai 2012

Les tuteurs sont plantés. 10 320 quand même…

La vigne a débourré, pratiquement sans faute et il n’y aura qu’une quinzaine de plant à remplacer l’année prochaine.

Bonne préparation, bon pépiniériste, bon arrosage, tout compte.

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Il est tant d’assumer ce qu’est la vigne : une culture colonisatrice qui, dans ses premières années et quoi qu’on en dise ne supporte pas chez nous la concurrence.

Même si le printemps est humide, l’eau, c’est pour la vigne OU pour l’herbe. Et la nourriture aussi. Ici, pas de quartier.

Sur des terres plus fertiles, dans un climat moins rude, peut-être. Ici, non.

Alors, il faut piocher ou déserhber. Nous, on pioche.

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Vous connaissez déjà Juan et Antonio, voici Edouard et Mietec 😉

Il faut beau, le ciel est bleu. Mais la terre est basse et le soleil vigoureux. Heureusement, on a profité du petit orage de dimanche et du fait de la terre encore humide.

L’effort est moins grand, l’efficacité redoutable. Trois jours après, cela aurait été plus long, plus dur, moins efficace.

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Le rang a déjà été labouré une fois, l’impact est fort et on voit qu’il y en avait à enlever.

Encore une fois, travailler « grand cru », c’est simplement faire ce qu’il faut faire au moment où il faut le faire, ni avant, ni après.

A la clé, des moyens colossaux en mains, matériel et organisation…

Je bénis cette année chaque jour d’en avoir les moyens, tant les choix pour un vigneron solidaire et en difficultés doivent être Cornéliens.

MAJ —————du—————30 juin 2012

Un peu de temps pour avancer sur le palissage.

Les piquets de métal sont mis, il est temps de passer aux piquets de tête.

Il faut d’abord les commander puis les recevoir, ce qui n’est pas le plus simple, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Puis les transporter et les positionner au bout de chaque rang. On le voit, l’herbe a un peu repoussé depuis la dernière séance de pioche, mais c’est acceptable.piquetsmasfarine1.jpg

On commence les choses sérieuses avec un échauffement à la barre à mine, un des outils indispensables au vigneron depuis que le monde est monde.

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Comme on commence à avoir l’habitude, on a prévu un peu d’eau pour ramollir le sol, parfois, avant l’effort. Croyez moi, c’est efficace et appréciable quand on est au vingtième et que le soleil commence à peser…
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Puis arrive le moment crucial : monté sur une comporte, on retrouve les gestes simples : taper, fort et précis. Rien de plus, rien de moins, dans le bon angle pour garder l’inclinaison du piquet de tête en bois qui tendra et tiendra une grande partie du futur palissage.
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Entre nous, c’est le moment de choisir un partenaire avec qui on s’entend bien et à qui on fait confiance… Allez, haut les cœurs, plus qu’une vingtaine…
MAJ —————du—————9 juillet 2012
Dernier travaux avant les vacances… Il faut planter les amarres d’ancrage des poteaux de tête, qui, sans cela ne résisteraient ni à la charge, ni au vent, permanent ou presque dans ce secteur.
Parfois, ça passe à coup de masse, parfois, on est sur la roche mère.
Trou à la barre à mine et à la pioche, puis ciment rapide pour garantir la prise.
Edouard excelle dans ce genre de travail et, si c’est lui qui s’y colle, ça ne bougera pas 😉

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Pour cette année, un fil suffira.

Tendu au niveau du futur cordon, on pourra lui accrocher plus tard les tuteurs et garantir ainsi leur verticalité.

L’un déroule, l’autre cours, c’est assez simple mais toujours assez physique. Le déroulerr de fil est  un outil simple mais indispensable pour ne pas faire des scoubidous…

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Ouf, l’essentiel est fait.

La plantation a bien pris, seuls peut être cinquante plans sur 10 000 ne se sont pas implantés. Il seront remplacés l’année prochaine.

Tomek a fait un labour superficiel, avec des ailes et au tracteur à chenilles pour ne pas tasser, il manque juste un dernier passage à la pioche sur le rang et on pourra souffler. Ah, un arrosage, aussi, essentiel dans nos régions arides et peu fertiles.

L’essentiel est fait, la partie « taille de formation » peut commencer…

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