Vendanges 2014 – Jour J – Salutation au soleil


7h00. Le soleil se lève sur l’étang et la mer. La Chique ouvre le bal. J’hésite toujours pour savoir où mettre le jour J. A la chique ? Au Clos des Fées ? Allez, à la Chique.

4 hectares de Syrah à tomber, tout le monde est motivé.

Bon, faut que je vous dise, on a rentré un peu de blanc, la semaine dernière. Tout n’est pas tout à fait dans l’ordre, dans ce blog. Je fais ce que je peux. C’est pas scientifique, c’est émotionnel. Un truc dans le ventre. Le cerveau mésentérique, que ça s’appelle. Mais oui, vous savez, le mésentère. Mais enfin, tout le monde sait ça ! C’est ce bout du repli du péritoine qui relie le jéjunum et l’iléon à l’abdomen. Ah, que c’est bon de la ramener un peu, de temps en temps… Tiens je pense à François Mauss et son super blog, lui qui nous fait passer régulièrement pour des ploucs avec tes trucs de musique classique qu’on a honte de notre inculture parce qu’on a jamais écouté la BONNE version de je ne sais quelle cantate, citée en Allemand – bien sûr – (« Ihr Leben ließ die Kunst zu sterben », genre, quel programme… ;-), , par Bogdan Zvoristeanu, dans la chapelle de Plitvicka, en 1972, accompagné par le Tonhalle de Zurich sur le Guarneri d’Enescu  dit « la Cathédrale ». Sinon, tu as raté ta vie, c’est clair… Et oui, mon François, Jéjunum, au scrabble, ça c’est la classe AUSSI… Bon, bref, il parait qu’on a plus de sinapses dans le l’intestin que dans le cerveau d’un chien. Moi, ça doit être un labrador, ce qui expliquerait que j’ai toujours faim et que je supporte bien des choses sauf l’indifférence…

Bon, en forme, ce matin, le Bizeul. C’est la fatigue. 20 ares de Maccabeu précoce, donc, la semaine dernière, à rentrer vite parce que le Maccabeu, ça perd son acidité avant même qu’on pense à la mesurer. C’est pour ça que j’en ai pas beaucoup. Pas assez rapide, le Bizeul, sur le Maccabeu. On a pu essayer le pressoir, c’était une bonne idée. Fallait changer la pile qui allimente l’ordinateur de bord. Fallait la changer VITE, en fait, en moins de trois minutes, mais ça, on le savait pas. Alors le presssoir s’est mis en sécurité et tous les programmes ont été effacés. Rien de grave, ça remarche. Faut juste tout reprogrammer. Si tu as un Vaslin-Bucher et si tu savais pas, pour la pile, voilà, tu sais. C’est comme le Maccabeu, faut être un rapide…

L’égrappoir est rouge, donc les anthocyanes sont extractibles (on le savait, hein, ç’est pour ça qu’on a commencé par là…), l’acidité au top. Mûr ET frais. Parfait. Je commence à bien le sentir, ce millésime, dans le fond et dans la forme. Enfin si la météo se maintient. Jeudi soir, un petit «Rouchat», un orage vif et soudain, en Catalan, m’a surpris dans la vignes ou, encore et encore, j’errais. Pas facile à conguger, le verbe errer, hein. Tiens, par exemple, deuxième personne du pluriel au passé simple ? Les commentaires sont ouverts et on triche pas sinon c’est pas rigolo.

J’aime cet orage de septembre. Quand il n’arrive pas, il me manque. Les raisins sont lavés. Une nouvelle pruine va s’installer. Les raisins brillent sous le soleil couchant et prennent une couleur noire très particulière, un noir de jais, un noir qui dis «je suis prêt; coupe moi». Je vous ai fait une belle photo. Bon, elle pas prête, cette Syrah, mais je peux pas toujours TOUT vous dire tout ce le raisin me dit. C’est perso.

Le week end a été consacré à mettre sur un papier les données que mon petit cerveau avait enregistré tout au long de la semaine. 120 parcelles, 120 nuances de raisin. J’aimerai pas avoir 30 hectares de Merlot «autour du Château». Une couleur, un vin. Boring. Je préfère le gentil bordel coloré de ma «palette mentale», où une grande partie du potentiel du millésime est désormais bien en place, même si cela bien sûr cela va fluctuer, changer. Chaque jour influencera chaque cépage, chaque parcelle. A moi de décider, maintenant, quand couper, dans quelle cuve assembler, quel itinéraire de vinification suivre.

Tiens, la météo à neuf jours m’annonce du gris et du noir. Va falloir tout changer. Youpi ! Si c’était simple, ça serait pas amusant.

 

5 commentaires

  • Francis
    08/09/2014 at 10:20 am

    Vous errâtes.

    J’ai pô triché, mais j’ai vérifié 🙂

    Merci pour tout.

  • Vincent Pousson
    08/09/2014 at 1:12 pm

    Vous errâtes, of course. À l’indicatif? Parce qu’au subjonctif, j’ai un doute: « errassiez »?…

  • mauss
    09/09/2014 at 7:51 am

    C’est la cantate BWV 198.

    La version de Ton Koopman est pas mal du tout.

    « La paroi interne du jéjunum est constituée d’une muqueuse tapissée de nombreux replis, qui permettent une meilleure absorption des lipides, des glucides et des protides grâce à l’augmentation de la surface totale interne. Il est formé ensuite d’une musculeuse dont les fibres internes sont circulaires et les fibres externes longitudinales. »

    Tout ce dont j’ai besoin 🙂

    Merci de cette délicatesse soucieuse de notre bonne santé question lipides 🙂

  • Christian
    10/09/2014 at 3:22 pm

    « 120 nuances de raisin » ?
    Y’a p’t’être un coup littéraire à faire, là, non ?

  • Pascal
    13/09/2014 at 8:24 am

    1. Errâtes. Mais c’est comme errames, il faudrait être fou pour l’utiliser.
    2. Pour le jejunum : entendu dans un cours de gym pour femmes, la prof faisait travailler le périnée. Perdu au milieu, un homme, tout moulé dans sa tenue, répétait : oh oui, je le sens bien mon périnée, oh oui, je le sens.
    3. Chez Bach, je préfère la cantate BMW330 « Freude am Fahren ». Un tempo endiablé et une direction précise. Vous pouvez aussi écouter les radios libres des inconnus (le concerto pour 126 violons de Sigmund Plagewicz) ou les enseignants avec la prof de musique.

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