Vendanges 2014 – J+5 – La main dans le sac


Alors là, Alors LA, su-per pho-to les amis ! Et j’ai même trouvé par hasard sur iPhoto qu’on pouvait faire ce délicat effet brumeux sur le pourtour… il est pas beau ce Sémillon ? Mais pourquoi est il dans un sac en plastique, pensent déjà les plus rapides d’entre vous ? Ah Ah !

Ca s’appelle un prélèvement, cher non-vigneron qui me lit. On se baguenaude sur toute la parcelle et on prélève au hasard 100 grains au mininum. Je dis bien au hasard, c’est à dire sans regarder. Parce que sinon, le cerveau, à l’insu de son plein gré, et bien ce canaillou dirige votre main vers le raisin le plus mûr, le plus doré. C’est ainsi. Power of brain. Truc de mutant. J’ai fait l’expérience je ne sais combien de fois. Au hasard ou en choisissant soit disant sans choisir, et bien les résultats du prèlévement sont totalement différents. Au hasard, souvent un demi degré de moins. Impressionnant. Tout le monde peut se tromper. Mais là, il ne vaut mieux pas, parce quand le raisin est coupé, oups !

Ces raisins sont pressés à la main, grossièrement, le jus homogénéïsé, le degré mesuré et même l’acidité, quand on a le temps, avec notre kit du petit chimiste.

On goûte, on regoûte, on regoûte encore mais on va pas bêtement se passer d’une petite info que nous donne la science. Un coup de réfractomètre ou de densimètre et voilà une intuition confirmée ou une bonne idée rangée dans le placard des mauvaises…

Bon, le résultat, c’est qu’on est pas pressé pour les blancs. Et encore moins pour les noirs, je dirais. Je sais,  les conseillers de la chambre d’agriculture me disent deux fois par semaine que c’est trop tard, tandis que toutes les vignes de blanc sur Vingrau sont vendangées depuis une semaine. Si ça vous fait rien, et bien pour UNE fois, je vais pas faire comme tout le monde. Suivre le troupeau, ça a jamais été mon truc, sauf quand je suis d’accord avec le troupeau, ce qui est rare. Faut lire, au passage, «Psychologie des foules» de Gustave Lebon (homme de génie injustement oublié). Parce qu’aussi, cette année, les Grenache, sur la partie entre Opoul et Vingrau, dite «Génégals», c’est tout simplement de la bombe. Mon voisin Michel (et non le chat Michel, blog hilarant que je dois à Ophélie Neiman  ) ni le chat qui dit Michel, que des vignerons dressent pour flatter Michel Bettane (je rigole, Michel, je rigole), bref mon voisin Michel, 86 ans au compteur, me confirme qu’il ne se souvient pas d’avoir vu des Grenache comme ça. Tiens en voilà un. J’ai pas fini de la ramener et de vous les montrer cette année.

C’est samedi, je rentre d’une longue matinée à marcher dans mes plus vieilles vignes, dont beaucoup ont plus de cent ans et je suis bouleversé, il n’y a pas d’autre mot. Des vignes aussi vieilles, aussi mal foutues, qui m’ont fait élire risée du village quand je les ai achetées, et bien à force d’amour, d’attention, de soins, elle me donnent cette année des grappes qui semblent miraculeuses. Ah, la nature, quand elle est généreuse, elle se donne comme, comme, comme… (censure du bureau de vérification des blogs, désolé). Bref, elle donne tout… Et devant elle, on est pris d’une sorte joie primaire, une joie de paysan, une joie… Africaine. Primordiale. Du coup, me revoilà à écouter en chantonant Grand Kallé et l’African Jazz, rossignol de la rumba congolaise. Et une petite danse aussi ? Oui, une petite danse de joie. Une danse de chaman…

C’est bien parti, les amis, c’est bien parti. J’espère que vous sentez, vous aussi, de la où vous êtes.

Premiers ciels d’automne, gigantesques à Vingrau. En haut du cirque, le soleil enflame les Pyrénées dans un spectacle qui laisse sans voix.

Un commentaire

  • Philippe
    14/09/2014 at 6:07 am

    J’ai hâte de goûter le résultat ! Et un grand merci à vous de partager ce rendez-vous annuel avec la nature cette année encore, nous vous lisons tous avec grand plaisir.

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