Vendanges 2014 – J+11 – Jeter de l’argent dans les vignes


Et surtout, ne pas se plaindre.

La pluie menace et j’ai décidé d’attendre. Le beau temps revient derrière, enfin j’espère (ah, la météo à neuf jours, ma meilleure alliée…) et je suis sur que les vignes tiendront leur position.

On repasse donc dans les vignes, encore, sous les regards hallucinés de mes portugais. Vraiment, vous voulez qu’on repasse encore ? Pour une ou deux feuilles ? Pour une ou deux grappes, choquée par le vent, croquée par un oiseau, oubliée ? Oui mes amis, repassons.

j’ai reçu ce matin ma dernière folie, une petite édition d’un texte fondateur du grand géographe Roger Dion que nous offrirons au Grand Tasting à nos amis et clients. Au milieu de tant de vérité, Roger Dion m’amuse en affirmant que »longtemps, la viticulture fut qualifié de qualité uniquement lorsqu’elle était onéreuse». Rien n’a changé. Aujourd’hui comme avant, pour faire des grands vins (plus que quelques barriques, en tout cas), l’argent est indispensable. Pour faire ce qui doit être fait au moment ou il faut le faire. Pour pouvoir mobilier des moyens énormes sur un temps très court si le besoin s’en fait sentir. Pour prendre des risques, et surtout celui de ne pas réussir…

Pleuvra, pleura pas, pleuvra un peu, pleuvra beaucoup, nul ne le sait à l’heure où j’écris ces lignes, mais ce sont plusieurs milliers d’euros que, de bon matin, je sème à tout vent, sur mes terres, sous forme d’heures de travail uniquement destinées à améliorer la précision des vins, la puissance des tannins, le soyeux des matières, l’éclat du fruit. Un regret ? Aucun. Et surtout aucune complainte.

Mes vins sont vendus cher, justement pour me donner les moyens de cultiver comme je le veux, comme je le rêve. En les payant, vous accédez bien sûr, je l’espère, à la qualité, au plaisir, à l’émotion qui sait. Mais vous me donnez surtout les moyens de donner du travail à des hommes et à des femmes dans un but je l’espère commun : l’excellence.

Mais cela doit te couter une fortune ? Oui, certes. Mais n’exagérons rien, s’il vous plait. Ne nous mentons pas. Et allons au marché, ensemble, si vous le voulez bien. Regardez, je vous ai fait une photo. C’est du Chasselas de Moissac. Du raisin de table. Vendangé à la main. Ciselé à la main, pour que chaque grappe soit parfaite. Mis dans un papier de soie. Avec attention.

Et son prix ? Quelques centimes de plus que cet Alphonse Lavallée, dont j’ai saisi l’ardoise au vol.

Sachant qu’il faut entre 1,5 et 2 kg maximum de raisin pour faire un litre de vin, je n’ai AUCUNE excuse, vu le prix du Clos des Fées (ce sont les raisins qui restent encore sur mes vignes, à cette date, avec la petite Sibérie, bien sûr), pour ne pas mettre TOUT en œuvre pour qu’à l’entrée de la cave, les raisins soient parfaits.

Bon, n’allez pas penser qu’il n’y a que ce coût là, bien sûr. Le rendement, quatre ou cinq fois moindre, le prix du foncier, la transformation, la vente, le labour, les taxes tant d’autres choses. Mais, clairement, en regardant les raisins magnifiques qui arrivent sur nos marchés en ce moment, cela me motive plus que jamais et enlève tout frein à mes rêves.

Nous tiendrons.

Un commentaire

  • arelate
    01/10/2014 at 7:52 am

    Bonjour Hervé, je pense que tu as eu le nez creux en prenant ton temps, la météo sur Vingrau semble bien partie pour une belle quinzaine. Tu n’as plus d’excuses pour ne pas faire un excellent millésime!! 😉
    A bientôt,
    Roger

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