Tout se complique
En tout cas pour le marchand de Rolex en bas du Hilton… La boutique est prise d’assaut (j’exagère peut-être un peu mais bon, il y a une fréquentation à l’évidence anormale…).
Curieux, je me renseigne, mais j’ai bien une idée… Cette nuit, il va changer tous les prix. Plus 25 à 35 %. Les gens ont compris et viennent s’offrir une montre avant les augmentations. J’imagine que c’est pareil chez Patek et chez les autres. La banque centrale Suisse a laissé filer l’Euro vers son destin et, du coup, le Franc Suisse s’est envolé. Et donc, il est temps d’augmenter les montres… Et le gruyère, mais bon, à Singapour, c’est moins grave. Chacun ses problèmes. Sur Orchard, devant le Hilton, un gars en Maserati Quatroporte (gris-beige clair, super couleur, tiens…) vient de se faire piquer sa place par une Rolls bicolore magnifique. Je compatis…
Bon, trève de plaisanterie, vous connaissez le principe, si j’écris pas chaque jour, c’est frite, le billet disparait. Je fais tant de choses, le nez au vent, tentant de respirer le monde, que tout se carambole et ça fonctionne plus dans mon petit cerveau. « L’avantage de ne pas avoir de mémoire, c’est qu’on savoure plusieurs fois les choses pour la première fois ». J’adore ce gars… Nietzsche… Le même fond, mais tellement plus drôle que Spinoza… Sais pas si j’ai pas donné à Nietzsche une citation de Spinoza, tiens, au fait. Ca folle haut, hein ce blog, quand même. C’est pas une faute de frappe, Emmanuelle, c’est mon imitation blogesque (grotesque ?) de l’accent Allemand… Allo ? Folle au lieu de vole ? Bon, c’est rien laisse tomber.
Donc le blog de voyage, c’est al fresco ou rien. Je voulais dire quoi, au fait ? Ah, oui. Vous allez dire, le problème de Rolex, pourquoi ici ? Parce au même moment, sur Facebook (c’est fou le temps qu’on gagne quand on dort plus quand même), un pote journaliste, Michel Smith, lance un mini-débat sur la distribution du vin dans les grandes métropoles du monde en général et Londres en particulier. Enfin, c’est pas vraiment ça mais quand même. C’est ICI sur, sur son blog. Ce que devraient vendre les vignerons, ce que devraient connaitre les amateurs, ce que les cavistes devraient mettre en avant. Ben disons que dans ce métier, on fait surtout comme on peut. Pas ce qu’on veut. Et qu’un changement de taux de change peu tout ruiner. Par exemple, pour nous, un marché important enfin ouvert en Russie à l’automne sur toute la gamme (je refuse régulièrement les offres d’acheter TOUTE la production de petite Sibérie….). Mais bon, voilà, le rouble s’effondre et ça devient tout d’un coup presque impossible. Pour mes clients Suisse, en revanche, c’est une aubaine, cette semaine. Mais en revanche, pas de séjour pour nous, sans doute, cette année, dans les monts Helvètes… Aux USA, tiens, on me redemande des disponibilités et des prix (rencontré au fait des experts en monnaies qui m’ont assuré que l’Euro allait être à parité avec le dollar cet été: nous voilà bien). Une économie qui va bien, ou mal, un distributeur qui change, une mode qui va ou qui vient et voilà qu’un marché progresse alors qu’un autre s’endort. Qui pouvons nous ? Globalisation, macro-économie, guerre du pétrole, j’en passe et des meilleures, le vigneron n’y comprend rien et fait de son mieux en courbant le dos sous les embruns. Parce que vendre du vin, c’est vraiment spécial, c’est moi qui vous le dis. Je quitte Singapour demain, Aubert de Villaine arrive et la ville bruisse de savoir qui est invité et qui ne l’est pas à ce méga tasting DRC by Ficofi. Ruinart fait aussi un gros évènement, je crois, dans la foulée. Au mileu de dizaines d’autres. Bref, tout le monde est sur la brèche pour convaincre que son vin est le meilleur, même ceux qui, soit-disant n’ont rien à vendre. Et même les plus grands, vous pouvez me croire… Quand à l’éducation des foules, n’en parlons même pas. Ou plutôt, parlons en, mais plus loin. C’est décousu, ce billet non ? Faut dire qu’il est trois heures du matin…
Alors donc, et moi dans tout ça ? Ben on bosse, dans la soute, en troisième classe, d’amis en amis, de petits tasting en petits tasting, de rencontres inattendues en liens resserrés. Et c’est très bien comme ça. Gros diner Clos des Fées au Saint-Régis la semaine prochaine, complet ou presque – excellente nouvelle – au restaurant Chinois. Il est temps d’aller répéter un peu le pairing (c’est plus court qu’harmonie mets-vins). Première bouteille de Sorcières rosé bue à Singapour, et bien mon cochon, avec les Dim Sum, c’était parfait. J’y vois dans les couloirs ces jolies toiles et je me dis que ça va décorer le blog. Alors, décorons…
Bon, l’artiste est Chinois, mort. J’ai noté son nom quelque part, mais bon, je sais plus où… Ah voilà Chua Ek Kai. Qui connait ? C’est vraiment très beau en vrai. Paisible.
Master Class le soir, animé par Stéphanie, notre copine à tous désormais 😉 Thème, le Languedoc-Roussillon. C’est drôle, c’est vivant, c’est comme qui dirait « pour les nuls ». Tentons d’éduquer les foules, pour faire plaisir à notre ami bloggeur. Le problème c’est que c’est tout simplement sacrément difficile de connaitre tout ça ! Michel Smith, toujours lui, s’en prenait dans son billet aux consommateurs qui sont parait-il, désormais, ignares, ne veulent plus rien savoir ni rien apprendre. Là, 30 personnes en rêvent, d’apprendre et de savoir. Mais entre les noms de régions, les départements, le système des AOP et des IGP, les règles d’une complexité démentielle, une bonne quinzaine de cépages purs (IGP) ou pas (AOP), les noms des appellations (aucune n’a les mêmes règles de production) et bien sûr des domaines, je vous fais le topo : on voudrait que des Chinois, ou d’autres, aient PLUS de connaissance que N’IMPORTE quel sommelier français sauf s’’il se prépare à un concours dans le mois qui suit. On rêve. Notre système est bien trop compliqué. Il n’y a que nous pour ne pas le voir. En même temps, j’ai pas de solution miracle. Le cours se termine, on a passé un bon moment, on retiendra qu’il faut boire du Clos des Fées. C’est déjà ça. Et c’est l’avenir, quoiqu’on en dise. Un avenir de marques, souhaitable ou pas, qu’on le veuille ou non. Et les AOP qui restent seront celles qui auront su être gérées comme des marques.
Place au tasting. 7 vins, dont cinq des miens, à l’aveugle, en rang d’oignons. Ouuuuuh mais dit, donc, ça fait un bail que tes vins ne s’étaient par retrouver dans un guet-apens comme ça, non ? Euuuh, oui. Je fais décidément plus que jamais des vins pour manger with et là, les voir un peu nus, un peu hors contexte, ça me fait tout drôle. En plus, lors des dîners, on s’en occupe bien avec Alex, on ouvre avant, on teste plusieurs verres, on regarde les températures, on ajuste l’aération, bref, on les bichonnes. Là, brut de pomme. Avec un peu de patience et quelques accommodations, ça se passe plutôt bien. Mais définitivement, je préfère à table…
On termine la leçon en picolant gentiment autour de la piscine. Pas mal de Français, d’expat, ici depuis 5 à dix ans voire plus, ou bien plus jeunes, faisant partie de la nouvelle génération qui ne voit pas son avenir en France. Comment les contredire… En Français, c’est toujours mieux pour moi pour expliquer le vin, et on aborde les vraies questions, les trucs bizarres, l’épi-génétique appliquée au terroir, la dégustation non linéaire, des trucs comme ça. On irait pas manger un truc. Chicken Rice ? Chicken Rice. Soyons fous. Soyons jeunes.
il est tard, pas trop de choix. Celui ci, pendu dans la vitrine, n’est pas ce qu’on pourrait qualifier de sexy. C’est un peu comme si je me mettais à faire du pole dancing nu, non ? Dommage, j’ai encore dans l’esprit un Chicken Rice d’anthologie avec mon ancien importateur Franck, parti en Australie, qui était le meilleur sourceur de street food du monde… Là, c’est banal, alors que ça peut être un grand plat… J’en parlais pas plus tard que ce matin par mail avec ma pote Frédérique GH. qui me vantait le mode de cuisson très particulier, le Cristal Bowling, où le poulet est cuit à la vapeur ou poché, j’ai pas tout compris, sur un tatami de bambou, puis immergé brutalement dans un bain-marie glacé. On sert ça avec la peau, c’est très blanc, avec du riz délicieux, parfumé avec des feuilles d’un poireau local, très particulier, pandan, je crois. Yes, Pandan Leaves. Une recette de l’ile de Hainan. C’est bon quand même surtout parce qu’on a faim, faut dire. Faudrait du rosé. Mais à partir d’une certaine heure, interdit de servir de l’alcool ici. Faut dire que j’ai honte de vous dire l’heure… Bon c’était bon et surtout très sympa. Pour les adresses, il a ce blog.
Bon, la soirée se termine. Pour vous. Moi, je vais danser un peu. Me dandiner, plutôt, ça va me faire du bien. Je vous raconte ? Non, bien sûr, je vous raconte pas. Ici, c’est le blog des journées, pas le blog des nuits. Pour ça, il y a le Dark Blog, caché au cœur du Dark Net. Mais il faut l’adresse iP. Et le password. Et payer son abonnement annuel en Bitcoins pour avoir son login. Et c’est pas le genre de truc qu’on laisse trainer ici. Faut le mériter. Et puis, cher lecteur, t’a même pas de bitcoins si ça se trouve…
De toute façon, tous les vignerons qui voyagent connaissent la règle n°1 : tout ce qui se passe dans une ville, reste dans cette ville.
A demain, si je retrouve la route de l’hôtel…