Beau temps


Bon, je m’en doute un peu, mes allusions sur la dance disco ont éveillé votre intérêt, j’en ai peur. C’est ça, le blog, faut avoir le courage de se dévoiler, laisser les autres entrer dans votre intimité, les laisser voir le Travolta qui sommeille en vous (« profondément, alors » a sans doute envie de rajouter Claudine en corrigeant ces lignes avant publication…). Ah, la dance disco… Mon initiation en 1979, dans une minuscule boite de nuit de Garmisch-Partenkirchen… Quelle belle période, celle des chemises ouvertes « retour de Yougoslavie » sur des torses suants, des concours de dance joyeux et bordéliques (regardez celui ci – a voir absolument – si vous voulez avoir la pêche, c’est pour toi Marc D. !), les blousons de couleur vive brillants et les pantalons moule-bîte (pour toi, Vincent P, que de souvenirs, j’en suis sûr…). Dix belles années ou qu’est que on a dansé, mais qu’est ce qu’on a dansé… Et le slow… Voilà un truc qu’on a vraiment perdu…

Bon, il est temps que je rentre, ça c’est clair. Me voilà à Singapore, en train d’écrire en écoutant Jimmy Somerville… Alors, hier c’était surtout avion, pour rentrer de H.K. vers Singapore. Troisième entrée en une semaine, à la douane, on va bientôt m’appeler par mon prénom. Alex s’est gouré sur l’heure du vol, nous voilà à poireauter (j’adore ce mot, poireauter, c’est tellement parlant, je me demande comment on dit la même chose en anglais…) à l’aéroport en regardant une fourmilière de Chinois s’empiffrer de nouilles à 9 heures de matin. L’odeur de certains trucs est vraiment bizarre, d’autres me font plutôt envie. Faudra que j’essaye, un matin mais pas aujourd’hui. Un peu largué, je traine dans le duty où, encore et toujours, on me propose une Rolex, un costume Ermegildo, un sac Hermes, etc, etc… Je trouve un très intelligent cable USB d’un côté, de l’autre une hydre avec un micro-usb, un lightning et un 30 broches. Super pour la voiture. Et un cable batterie de chez Native Union, très bien pensé, juste ce qu’il me fallait, histoire de tenir deux heures de plus en voyage. Vous n’avez rien compris ? Ce n’est pas grave. Pendant que vous dormiez, Apple a vendu lors du dernier trimestre 9,5 Iphone chaque seconde, 24 h sur 24 h, dans le monde. Drôle de monde.

Bon après sa calotte virile pour s’être trompé, Alex est en forme et il me fait aller jusqu’à la place 60 dans l’avion avant de se rentre compte qu’on est en 35… Ca vous est déjà arrivé ? Moi, non, et ça ne m’arrivera plus, je vous le promets : 20 minutes à tenter de remonter le flot de passagers excédés, on les comprend, regard méprisants de l’hôtesse, on se met dans un coin, on attend. Du coup, à force de recevoir des coups, Alex s’est réveillé et on évoque notre jeunesse à Aix, lui bien après moi quand même, le Mistral, le Rétro et bien sur le Krypton, avec James Brown à l’inauguration. Ah, pas le Krypton ? On y passait « j’aime regarder les filles », à l’époque presque scandaleux. Bon, c’est sans doute cette séance souvenirs qui m’a donné envie de parler disco.

Le transfert est prévu, vous vous souvenez ? Mais où est ma Bentley ? Une vulgaire Mercedes m’attend. C’est fou comme on s’habitue vite, quand même. Douche, chemise propre, écriture (je ne fais que ça, en fait, quand j’ai du temps libre, est ce bien raisonnable ?) et c’est parti pour « le dîner chinois » du voyage. 60 personnes, tous purs Chinois de souche, ceux qui connaissent comprendront.

Singapore Day9-Chinois restauTout le monde est de bonne humeur, en famille, content d’être là, le chef s’est démené et propose un menu « à la Française » (j’adore cette expression, « à la Française », pas vous ?) où au lieu d’être partagé entre tout le monde et servi presque en même temps sur un plateau central tournant, chaque plat suit l’autre accompagné d’un vin. Délicieux Dim Sum de crevettes (dans le Dim Sum, c’est vraiment la qualité de la crevette et sa taille qui fait la différence) dans un bouillon clair au gingembre et surtout un super Whole Crispy Suckling Pig with Glutinous Rice (Suckking pig, tiens, il devient quoi James, au fait ?), qui enchante un Clos des Fées 2011, noir d’encre, soyeux et parfumé. Le porc est moelleux, la peau suprêmement craquante et laquée, le riz cuisiné dans un bouillon parfumé, un peu comme un risotto, mais plus sec, bien gluant, ce qui fait une liaison parfaite avec le vin. Je passe de table en table, on se marre, on parle pas trop technique, trop occupé à entrechoquer nos verres et leur apprendre le « à la vôtre ». C’est ça, aussi, le vin, non ? Merci au chef du Yan Tin, le restaurant du Saint-Régis, qui a vraiment mouillé le maillot. Je m’en veux ne pas avoir fait une photo avec lui et Sally, la restaurant manager. Merci, les amis.

A l’entrée du restaurant, une vitrine avec plein de sucreries et de gâteaux en vue du Nouvel an Chinois, le 19 février, je crois, dont il est clair que je ne mérite pas encore tous les codes. La boîte était belle, chaque gourmandise a un sens, si j’ai tout compris, avec beaucoup de voeux de prospérité…

Singapore Day9-Nouvel an

Que dire encore ? Ah, oui, en revanche, le Muscat fait un bide, je vois pas d’autres mots… et le premier surpris c’est moi car c’est bien la première fois. Ca parle fort, j’ai de plus en plus de mal à comprendre les questions, je crois que je réponds à côté à la moitié d’entres elles. Espérons quand même, désormais, que quelques personnes sauront où est le Roussillon, c’est à dire 200 kilomètres au Nord de Barcelone, seule façon que j’ai trouvé pour qu’ils visualisent un tant soit peu la situation. En même temps, en géographie de la Chine, vous vous y connaissez vous ? Par exemple Bengdu, hein, charmante ville de 500 000 habitants, vous la mettez où par rapport à Wuhu ? Plus haut, plus bas, sur le même fleuve, dans la même province ou à 5 000 kilomètres ? Et en thé vert, c’est quoi votre niveau de compétence ? Alors camembert, hein, et arrêtons de nous croire plus civilisés que le reste du monde. Ils sont venus, ils aiment le vin, on a bien rigolé et ce seront peut-être les meilleurs clients du voyage car aimer boire un bon coup, voire s’enivrer volontiers, voilà bien qui nous rapproche des Chinois.

Bon, plus qu’un évènement, demain, dans une petite banque privée (enfin, si on veut…). Et, devant moi, une vraie nuit de sommeil. Me permettez vous d’en profiter ? De vous laisser jusqu’au retour, à moins que, bien sûr, l’envie d’un dernier billet me saisisse, avant de rentrer ? Mon organisme, après dix jours, est désormais parfaitement calé sur le fuseau horaire asiatique et il est donc, bien sûr, temps de rentrer pour se remettre l’horloge biologique en vrac.

Et comme, dans le village gaulois, tout finit par des chansons, un peu de Gloria Gaynor qui, encore et toujours, a les bonnes vibes pour se dire au revoir ! Tous sur la piste ! Et on claque des doigts !

P.S. : il y a vraiment de belles peintures dans cet hôtel…

Singapore Day8-Painting

4 commentaires

  • Charlesp
    31/01/2015 at 4:50 pm

    tu ne confonds pas avec le service à la Russe ? C’est le service « a la chinoise » ou « a la française » quand tout est servi à table en même temps

  • Christian
    02/02/2015 at 7:24 am

    Salut mon cher Hervé.
    Quelle prose réaliste et enthousiasmante. Tu as vraiment cet art de nous faire vivre tes journées de voyage comme pas un. C’est instructif, plein d’anecdotes, humain et tellement drôle souvent.
    Un grand MERCI.
    Dommage que tu n’aies pas plus de commentaires ou alors on est tous des dégustateurs muets.
    Au fait ! tu n’aurais pas inscrit quelque part le nom des peintres, celui-ci en particulier.
    Salut mon ami, reposes-toi.

  • Guillaume Gondinet
    02/02/2015 at 9:43 am

    Christian: « The Golden Landscape » par Chen Ke Zhan
    Source: https://twitter.com/stregissg/status/541759079736430592

  • Christian
    02/02/2015 at 1:23 pm

    Merci guillaume
    Je vois que ce blog est suivi dès potron-minet.
    Bonne fin de journée.

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