Ce matin, c’est proverbe Africain


Aphorismes, dictons, proverbes, j’ai toujours été fasciné par la capacité de certaines phrases à vous faire, en un instant, voir la vie ou les choses d’une autre façon.

Le dernier en date, je le dois au directeur de la cave de Buzet, brillant, lors d’un très bel exposé sur leur engagement RSE, un truc dont on n’a pas fini de parler, la fameuse «Responsabilité Sociale et Environnementale ». Je pensais à lui, lundi, à Vinexpo, en regardant mes amis vignerons tous réunis au Saint-James, à Bouliac, dans un cadre magnifique, pour un petit «Off» simple et élégant, sans message cosmique ni combat social, juste le plaisir d’être ensemble et de partager notre passion, ce qui nous réunit et aussi ce qui nous rend unique, sans chapelle ni leçon de vie ni de morale.

« Seul, on va plus vite. A plusieurs, on va plus loin.» (Proverbe Africain)

Au moment de l’apéritif, après une journée intense et un débriefing vigoureux, une flûte d’un merveilleux champagne Jacquesson «Dégorgement Tardif», une grosse crevette en tempura à la main, je l’avoue, j’étais content de moi, ce qui m’arrive rarement. Arriver à réunir ensemble quatorze domaines du Roussillon et sept vignerons amis, dans un lieu magnifique, pour une journée efficace et joyeuse, cela m’a rempli de joie. Le jardin m’a paru plus beau, ma vie plus intense, plus brillante.

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Donner une bonne image de ma région, de mon appellation, défendre ensemble une marque collective, le Roussillon, voilà qui me donne l’impression d’être meilleur. Après le hold-up des producteurs de vins médiocres sur le système des AOC et le nivellement par le bas qui est à l’œuvre dans le vin comme ailleurs, il nous faut revenir aux fondamentaux, nous dire que l’appellation est notre bien le plus précieux, mettre les chariots en rond et se préparer à l’attaque des peaux-rouges – les marques mondiales et les faux signes de qualité et d’origine – s’entraider, montrer un seul visage sans céder aux sirènes du dieu multiface (c’est pour ceux qui regardent la saison 5 de Games of Thrones, qui a démarré mollement mais là, ouahhh..). Et surtout nous demander ce que nous pouvons faire pour le groupe, pour l’AOP et non ce qu’elle peut faire pour nous…

Nous étions donc 14 du Roussillon et 7 d’un peu partout, groupe de saltimbanques heureux à la Charles Trénet, soit liés par un terroir, soit liés par une passion et une éthique. Dans l’écrin proposé par Jean Nouvel, formidable mémoire d’une époque qui assumait les partis pris et les choix esthétiques tranchés, je crois que nous étions bien et que cela se sentait.

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Le troisième «Roussillon and Friends» réunissait cette année :

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Avec en plus le merveilleux, l’unique Patrick Beaudoin dont le Coteaux du Layon «Maria Juby» 1997 a, tard dans la nuit, terminé merveilleusement cette belle journée. Aparté : Quand on pense ce que certains journalistes ont dit comme conneries sur ce vin, on se dit qu’il y a des baffes qui se perdent… Fin de l’aparté.

Merci à tous ceux qui me suivent dans ces rêves et permettent d’en faire des réalités. Et à bientôt pour de nouvelles aventures !

3 commentaires

  • Libaud
    18/06/2015 at 1:37 pm

    Merci pour ces évocations sensibles et tout particulièrement celle du RD, bonheur tardif et intense qui porte sa respiration dans l’éclat de sa robe pour mieux nous combler dans l’instant partagé.
    Et comme le suggérait Alexandre Vialatte dans ses proverbes bantous : « à case vide, point d’habitant ».
    Patrick Beaudoin, ce sont des vins mais aussi des idées qui donnent la mesure de ses affinités avec la substance du terroir, comme sa distance avec le goût de la typicité.
    D’un millésime à l’autre, sans raison, se refait le goût du terroir. Qu’en est-il de ce terroir qui, aujourd’hui, perd de sa substance au bénéfice de l’appellation. Qu’en est-il de cette construction culturelle qui étouffe dans la « guerre » du goût ?
    Le métissage du terroir ne peut se faire dans la seule cuisine réglementaire, mais bien mieux dans le partage des expériences et ses traductions successives, d’un millésime à l’autre. Pour que le goût du terroir gagne en substance. Encore et toujours, dans l’échange et le partage.

    Sinon, en partage, Let it shine de Brian Wilson. C’est ici :
    https://www.youtube.com/watch?v=yUDyXGA2FvA

  • Pascal
    20/06/2015 at 7:23 am

    Bonjour,

    Je vois que vous citez le domaine de la Voie Blanche. Je suivais leur blog, fort intéressant, du travail d’un vigneron en perpétuelle recherche, aux expériences multiples. Je ne retrouve plus leur blog, savez-vous s’il existe encore ? Je n’ai jamais eu de réponse de leur part à ce sujet.

    • Hervé Bizeul
      20/06/2015 at 8:20 am

      Entre le domaine et la composition, je crains que Marc Dalbabie n’est pas beaucoup de temps pour écrire. Ce n’est pas faute de lui dire que sont blog était super, pourtant. Je recommence en lui transmettant votre message.

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