L’eau, la vie, le vin


Vers la mi-juillet, mon ami Bertrand est passé me saluer. Au détour d’une conversation, la question de la météo arrive fatalement sur le tapis. Quel temps a t’il fait ? Quel temps va t’il faire ? Sur le temps qu’il fait, avouons que pour l’instant, tout est parfait. Nous avions échappé à la période de canicule qui a frappé la France. Beau, ensoleillé, sec, en même temps, voilà un terrain de prédilection pour l’oïduim. Mais ça, on sait le gérer. Pas comme le mildiou, rare ici. Dans le nord, c’est le contraire et beaucoup de vignerons semblent avoir été surpris par la virulence du champignon, inhabituel au Nord. Le beau temps est pour eux synonyme d’accalmie sur le terrain du mildiou, du black-rot, du botrytis, toutes ces horribles choses que la vie et la plante des pieds détestent. Dans ce métier, rien n’est jamais acquis.

Or donc, le Bertrand, il consulte je ne sais quelle application sur son Iphone et me dit : «il pleuvra le 31 juillet.» Je souris et ne dis rien, tant je sais que la météo à quinze jours qui vient d’internet ne peut pas être fiable.

Le temps passe, un petit orage (à ne pas confondre avec «horrage», type d’orage avec de la grêle qui est horrible…), mais toujours fort sec. En milieu de véraison, le vigneron du Sud ne pense qu’à ça : la pluie. Bienfaisante. Symbole d’équilibre de sa plante chérie, souvent bloquée dans son évolution par le manque d’eau, qui a vite fait d’évolluer vers un stress hydrique. Vers le 29, je vois des entrées maritimes et je me dis «ça serait quand même fort de café que…». Vendredi, scrutant le ciel, je vois l’orage passer sur l’Aude, me disant qu’il allait, malheureusement, nous éviter. Deux heures après, poum, le déluge. Court, intense, violent, froid, teinté de quelques petits grêlons sans conséquence. Bizarre, ces hommes qui sourient à l’orage, quand même. On était le 31 juillet… Au moins 30 mm et, le lendemain matin, 10° au lever du soleil. Faire du froid, c’est prendre de la chaleur, on apprend ça en physique. Et quand l’eau s’évapore, elle prend un paquet de chaleur, ce qui est parfait pour les sols.

Samedi, on s’enfonçait un peu partout, j’ai piqueté (avec ma piquette…) un terroir ou deux pour voir si cela avait bien pénétré. Sur tous nos sols labourés de frais, légers et prêts à recevoir la manne, l’eau avait profondément pénétré.

pluie pioche

Bon, depuis, je tente de savoir sur quel site il avait chopé ça, mais il ne s’en souvient plus, le bougre !

J’ai cherché de mon côté. ICI, on m’annonce le fameux orage du 15 août (bon, le 17…) que la tradition populaire vingraunaise cite comme le messie. Bon pour la vigne, parfait de plus pour les truffes, soit dit en passant. Rendez vous le 17 pour voir si ça marche…

Dimanche, des deux mains, sans forcer, voilà que j’arrachai tel Superman des unules visqueuses aux racines pivot impressionnantes… Excellent…

pluie oulibarde

Cette pluie fut une bénédiction, suivie hier par un nouvel orage, entre 15 et 20 mm, idéal d’autant qu’il a lieu le week-end et qu’il ne retarde pas ainsi les travaux dans la vigne ni ne les perturbe (et oui, ça compte aussi…). Ce millésime s’annonce vraiment sous les meilleurs augures. Bon, en même temps, n’oublions pas que tant que le raisin n’est pas dans la cave…

En parlant météo, vu mercredi ou jeudi dernier une grosse vague de chaleur sur la Bourgogne, jusqu’à 39 degrés. C’est vraiment le monde à l’envers… Une année où il aura fallu bien gérer les effeuillages…

 

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