Vendanges 2016 – Jour J+16 – Alerte orange
Pas vraiment le temps de lire…
Mais abonné au blog si attachant de Nicolas Lesaint, je vois avec surprise qu’il tente le vin orange. C’est une technique, mais vous le savez, qui consiste à vinifier le blanc comme le rouge, c’est à dire à faire macérer les peaux avec le jus pour extraire des flavones en pagaille (c’est l’équivalent des anthocyanes dans le rouge) avant de pressurer. Ca s’élève en milieu oxydatif, souvent, pour accentuer la différence. Pourquoi pas. Il en faut pour tous les goûts. Qui sait si un jour je ne serai pas tenté, après tout. Mais ce n’est pas le sujet. Mon alerte orange, c’est une alerte météo. On m’annonce 200 mm dans la journée du lendemain. Même Allianz m’envoie des mails qui clignotent en me conseillant de rentrer mon barbecue. 2 mois de précipitations en un jour, l’Agly qui déborde, à entendre le ton des bulletins météo, faut que je construise une arche fissa… Mais voilà, j’ai du raisin dehors, j’ai d’autres priorités…
Bon, trente jours de vendanges, un jour de mauvais temps, alors qu’il ne nous reste que 5 à 10 % des raisins à rentrer. Mais alerte orange, quand même, avec risque d’inondations ça fait réfléchir…
Bon, de toute façon, quand il faut y aller, faut y aller. Au petit matin, le ciel est dégagé, les nuages arrivent, cependant, de la mer, lentement mais sûrement… Ca fait une belle lumière, certes, mais bon c’est clair, on va y avoir droit. Reste à savoir droit à quoi…
On attaque par une de nos vignes les plus dures. Pour les porteurs, c’est entre 100 et 150 mètres de pente, sèche, rude, caillouteuse, avec 60 kg sur le dos. Ca parle peu. Le marin se lève, humide, glacial. La journée va être longue et dure.
On est à la Cresse, nous devions de toute façon rentrer les Mourvèdre, somptueux, ne changeons pas une équipe qui gagne. Depuis que je fais du vin, ceux qui le font à la main ont tout mon respect, même si le vin est moyen. Que de sueurs, que de peines, que de joies, aussi, bientôt. Mais bon, aujourd’hui c’est marche ou crève, c’est clair.
Les Mourvèdre sont rentrés, il est 11 heures. Encore un effort, quelques Carignan superbes et un autre petit Mourvèdre qui ne gagnerait rien à se faire rincer et on aura tout à l’abri. Toujours pas de pluie, le ciel se couvre, le plafond baisse de minute en minute. On fera la pause dans les fourgons, il faut bouger. Le bac, sublime.
Stop ou encore ? Encore, on va tenter la passe de quatre. Nos routes se séparent, je rentre à la cave encuver tout ça. La journée avance, nous aussi, au pas de course. Quelques averses, éparses, mais l’équipe tient, au mental. 16 h, tout est rentré, 18 heures, des trombes d’eau annoncées pour le matin arrivent sur Vingrau. On est loin des 200 mm mais il pleut fort quand même. Quand on y pense, ce sera top pour détendre un peu les sols secs de presque 50 jours de sécheresse. Cette pluie arrive à point nommé. Il ne reste que deux jours, un pour la Chique, un pour Walden, étrangement, on ne peut s’empêcher, déjà, de penser à ce qu’on va devoir faire pour…l’année prochaine.