Asia tour 2015 – Day 4 diner – Au Ryuzu, le destin te frappera


10 mn de marche dans les rues «chaudes» de Roppongi, sorte de pigalle Tokyoite pour simplifier parce que c’est bien plus complexe que ça, bien sûr. Dans la rue, de (très) jeunes filles. Prostituées ? Pas toujours. Hôtesses, plutôt, que l’on peut «louer» pour ne pas être seul, une heure, parler, leur prendre la main. Du sexe après, tarifé ? Peut-être, mais ni toujours, ni souvent. Ce n’est pas la demande tant le Japonais a peur de ne pas être à la hauteur sur ce plan là… Étrange monde. Bon, je suis pressé et un peu paumé. Ah, c’est là, au bas de quelques marches en granit gris, pas très larges, comme le sont souvent les escaliers japonais faits pour des petits pieds. Super casse-gueule quand on a pas saisi le truc. Manquerait plus que je me casse la jambe à Roppongi…

Le restaurant est encore vide, je salue le chef, Ryuta Lizuka, une star ici, avec qui j’ai diné la veille et qui, je sais, a beaucoup bossé sur l’harmonie mets/vins du repas Clos des fées. Ce n’est pas tout à fait complet, avouons-le, je ne suis pas Alain Vauthier, qui était là parait il n’y pas longtemps. Tiens ! Et il ne me l’aurait pas dit, ce cachotier ? Je me demande comment c’est, un «wine-maker diner Ausone» ? Vivement que les premiers crus fassent des blogs… Au boulot les gars !

Avec Yves, on ouvre, on goûte, on décide des double décantations et/ou des carafages. Ca se présente très très bien. A ma table, sept charmantes dames, toutes passionnées de vin. Ceux qui me lisent depuis longtemps, savent qu’au Japon, beaucoup de femmes se passionnent pour le vin. Ce soir, là, je confirme.

Capture d’écran 2015-11-04 à 16.59.35Superbe diner. J’essaie de présenter ma vie, mon œuvre, mes doutes, surtout. Mon anglais s’est certes bien amélioré mais il y a encore un monde entre ce que je peux dire dans une langue et ce que je rêve de dire dans l’autre… Lily traduit et, tout un coup, une charmante française… Save my life. Elles est interprète de conférence donc peut parler tout en attendant, à la volée, en temps réel. Ouah ! Je reviens au Français, elle traduit à l’oreille de Lily qui raconte «ma» vie dans un Japonais plus que parfait, car elle connait en même temps tout du Domaine, de moi et sait de plus ce que les japonais veulent entendre. C’est normal, elle est Chinoise… J’ai bu ? Non, j’ai rien bu. C’est Hyper simple, quand même !

Une petite soupe de Chou-fleur ? Allez, pourquoi pas, hein. Un truc de ouf, à faire aimer le chou fleur au plus capricieux des enfants…

Capture d’écran 2015-11-04 à 17.00.31L’entrée est tout simplement géniale et Ryata mérite pleinemen ses deux *. C’est un tartare de coquille saint jacques au couteau (les carrés sont parfaits), citronné, avec en haut et en bas deux hosties de navet marinés. Avec les Sorcières blanc, c’est tooopp ! Le vert, c’est du coulis de… feuilles de chrysanthème. Normal, c’est la Toussaint. Bon, je sors…

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On arrive aux choses sérieuses. Un sublime homard bleu poché et sa raviole, à tomber, surmonté d’une géniale écume de citronnelle qui permet un mariage parfait avec le Grenache Blanc. Il commence à y avoir des huuuummmmm typiquement japonais. Faut faire gaffe, quand on imite, parce qu’il y a vraiment une version femme et une version homme et qu’on peut vite se faire avoir si on fait pas attention et, comment dire, laisser penser des choses. Une erreur est si vite arrivée…

Capture d’écran 2015-11-04 à 17.02.58La raie meunière et son paprika farci de légumes du jardin est top avec le Faune, fallait le trouver. Le piment fait la liaison, faisant ressortir le végétal mür du cépage. Excellent, et puis j’aime le beurre meunière, qu’on ne voit plus en France.
Capture d’écran 2015-11-04 à 17.05.46 Belle viande, plus classique, fondante, parmentier de queue de bœuf sublime, c’est parfait tant en goût qu’en texture pour accompagner deux millésimes de Clos des Fées, 2005 et 2012. Le 2005 n’a pas pris une ride, il a juste gagné en maturité et fait l’unanimité. Incroyable de penser que ce vin a dix ans. Vive les calcaires de Vingrau et leur incroyable capacité à faire de grands vins de garde ! On est tous aux anges.Capture d’écran 2015-11-04 à 17.05.55

Magnifique dessert à la Poire, d’une légèreté incroyable, presque pas sucré, je râle un peu de ne plus avoir de Muscat, heureusement qu’on a réussi à en faire un peu plus en 2015. Là, cela aurait été parfait. Les Japonais adorent les desserts mais il les aiment très peu sucrés. Moi aussi. Si les chef Français s’en espérait, on retrouverai le plaisir du dessert au restaurant, c’est sûr.Capture d’écran 2015-11-04 à 17.06.02

Tour des tables. Tout le monde est bien. Séance de questions. En anglais, j’y arrive mieux en close-up qu’en public. Lily, traduit, toujours. On dirait une chanson. Merci Lily, à qui je n’en veux pas, mais vraiment pas, d’améliorer ainsi mon discours…

Tiens, les deux gars qui étaient avec les deux filles s’en vont. Ah, ils n’étaient pas en couple ? Rien compris, vraiment, le Bizeul. On reste un peu, j’invite les derniers clients à se réunir pour partager un dernier verre. On discute. Tu fais quoi toi ? Ah. Sympa. Et toi. Ah, incroyable. Tiens, si on devenait amis sur Facebook ? OK, allons. Keiko a une boite de bijoux. Elle me tend son iphone. Oui, oui, on est déjà ami, sur FB. Et on le savait ni l’un ni l’autre ? Ah. Non, impossible. Oui, oui, regarde. Ami d’ami, la connection date d’une époque où j’acceptais un peu toutes les demandes. Incroyable signe du destin, quand on pense au peu de probabilités que cela arrive dans une ville de 30 millions d’habitants… J’ai UNE amie que je ne connais pas sur FB au Japon et, par hasard, je la retrouve dans un dîner, sans que ni moi, ni elle ne l’ayons prédestiné. Les synchronicités, quand même. Faut qu’on fasse une photo, c’est sûr. Voilà. Tiens, me voilà encore entre deux charmantes filles. Etrange, quand même.

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Je traverse Roppongi, pensif, sans grande envie de rentrer, étonné par la rencontre et jetlagué, toujours. Le monde est petit, bien étrange. L’après midi, au Lyon, sur la vitrine, une question importante restait sans réponse, elle aussi.

 

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