Transit


En transit, j’y suis. Enfin j’y étais quand j’ai écrit ce billet. Et depuis, je cours, sans un moment de calme pour le relire, y coller les photos, le publier. Chienne de vie de vigneron… Que faire ? Le détruire, l’oublier ? Mais non ! Allons y, faisons comme si la fondue chinoise « un peu piquant », c’était hier…

Deux nuits à Shanghai, c’est peu, je sais, mais je suis attendu en Suisse demain. A peine le salon bouclé, direction l’aéroport où le vol AF112 va me ramener à Paris, puis direction Zurich.

Vol sans histoire, changement à Roissy, je reprends l’avion pour Zurich après une nuit dans l’avion. Fou ? Oui, fou, mais pas tant que ça. Pour faire Perpignan-Zurich, c’est pratiquement une journée de perdue, quoi que l’on tente. Là, je l’ai gagnée. Mais, comment vous dire, à l’arrivée, gros coup de pompe quand même. Heureusement,  l’hôtel m’autorise un « early check-in », une douche me nettoie de mes scories et me redonne une odeur convenable. Une heure à planer, moitié dormant, moitié évanoui et me revoilà en route pour une nouvelle dégustation.

Guidé par mon téléphone, j’arpente la Banhoffstrasse, la rue chic du centre de Zurich. J’ai un peu le temps de flâner et je regarde les vitrines, essentiellement horlogères, tradition oblige. Zurich est parait il la troisième ville la plus chère du monde, après Singapour et Hong-Kong. J’y vivrais bien un moment, mais, bon, voilà, à regarder les boutiques et le prix des «choses», il va falloir que je vende beaucoup, mais beaucoup de vin ou que j’augmente significativement mes prix… Le change n’arrange rien et je vais bien me garder d’acheter quoi que ce soit ici. En revanche, pour vendre, c’est le bon moment car cela faisait longtemps que je n’avais pas eu autant de compliments sur le bon rapport qualité-prix de mes vins…

Je regarde les vitrines, qui me donnent le choix entre :

Suisse Sexy

et

Suisse famous

Dans la prochaine vie, peut-être… Tiens, des montures de lunettes Maybach… 1800 Francs Suisse, amusant.

Suisse Maybach

Déjeuner léger, je retrouve toute l’équipe de mes importateurs, Christian et Michel. Les voyages, ça forge des liens entre vignerons de toute la France, liens qui, sans cela, n’existeraient sans doute pas. On se raconte quoi ? Des histoires de vignerons, bien sûr, de matériel, de vendanges, des problèmes et des solutions, des choses qu’on a réussies ou ratées. C’est sympa. Mais bon, c’est pas tout ça, nous voici à pied d’œuvre, à nouveau, dans la belle salle du Métropole. Il y a moins de vingt heures, je faisais la même chose à Shanghai. Étrange. La salle est superbe, particulièrement bien insonorisée. Vous rigolez, mais ça compte énormément, l’acoustique, dans ce genre d’évènement…

Suisse Salle vide

Enfin, la même chose, ça se discute. D’abord, en Français ou en Anglais, on peut ici communiquer avec les clients, ce qui reste difficile en Chine. Et puis, en face du vigneron, le public n’est pas du tout le même. Plus « mature » comme disent les spécialistes, plus amoureux, je dirais, comme moi, du repas gastronomique français, comprenant de plus tout ce que le temps peut apporter au vin.

Suisse bouchons

On débouche, ici, Sophie, du Domaine de Marcoux, là Thomas, du domaine de l’Horizon. Ils étaient pas loin, ils sont sur la photo !

Suisse Sophie Suisse Thomas

Au milieu de la salle, chaque vigneron propose un vin plus ancien. Après avoir aimé le Clos des Fées 2013, il est tout à fait édifiant d’aller gouter un 2005, qui entame sa période de maturité, dix ans après. On comprend combien cette cuvée s’étoffe en vieillissant, prend de l’ampleur, de la complexité, donne sa pleine mesure. Ca fait plaisir. Je suis en forme, étrangement, malgré la fatigue et la tension, et je raconte avec plaisir mes espoirs et mes doutes, six heures durant. Etre vigneron, c’est aussi ça, ce qui n’est pas facile pour certains, je le sais. C’est un jour « avec » (oui, il y a des jours « sans »…) et cela se passe bien, pour les deux parties, enfin, je pense.

Diner entre vignerons et clients, sympa, avec des « tapas » dont certaines rendraient honteux certains bistrots catalan. La Suisse, ça a son charme, il n’y a pas à dire, cet amour du travail bien fait, c’est top. 22h, désolé, mais je commence à planer, ne m’en voulez pas les amis, mais il faut que j’aille dormir.

Dring, c’est le matin. Déjà ? Oui, déjà. La télé me propose un truc bizarre… Cochon ? J’ai peur que non, juste incompréhensible pour les gens de ma génération qui refusent obstinément le DNLA streaming… Si quelqu’un pouvait me dire de quoi il s’agit, je mourrai moins bête ce soir…

Suisse dnla

De bon matin, surprise, il neige… C’est beau. Je sais, c’est banal. Mais c’est l’avantage de la neige pour les mecs du sud.

Suisse Neigne

Pas question de se relâcher, dans quelques heures nous serons à Lausanne, le World Tour continue. Route pénible et longue entre Zurich et Lausanne. Un convoi exceptionnel bloque tout et les policiers qui l’escortent ne font rien pour fluidifier le trafic. La consigne, c’est la consigne. C’est la Suisse (avec l’accent traînant, c’est plus affectueux…). Il nous faudra presque quatre heures, au final, pour faire Zurich/Lausanne. Arrivée au Beau Rivage, où aura lieu la dégustation et, bien sûr, devant le lac, on oublie tout. C’est beau, un lac, le jour.

Suisse lac

Vous vous souvenez que tout ça, c’était il y a bientôt vingt jours, si vous suivez. Et qu’au moment où je relis ces lignes et mets les photos, nous sommes Lundi de Pâques… On pense ce qu’on veut mais le blog, c’est comme la peinture « al fresco », faut le faire vite et à l’instinct, sinon, on perd de la fraîcheur, de l’anecdote, du vécu. C’est comme ça, le blog, du moins sur la partie voyage, parce qu’on peut bien sûr faire aussi des articles très construits.

D’aujourd’hui, la dégustation du mardi semble si loin… Bien sûr, c’était sympa, moins de professionnels qu’à Zurich, salon de l’Auto oblige, beaucoup se sont faits porter pâle et on les comprend, vu la tension du moment. Mais plus de particuliers certains fidèles depuis des années, contents eux aussi de gouter un 2005 que, pour certains, ils ont encore dans la cave. En fait, le monde, c’est simple, il y a ceux qui ont une cave ou qui rêvent d’en avoir une et rusent en attendant et les autres, plus dans l’instant présent. J’aime faire des vins pour les deux.

Suisse Salle lausanne

Dégustation, donc, je commence à fatiguer, mais je fais de mon mieux. Diner entre vignerons, très bon, nuit de sommeil réparatrice, il est temps de rentrer. Je vous passe le voyage du lendemain, le plus pénible du périple, train, puis avion puis bus, puis avion, puis voiture, avec toujours, au milieu, une petite part du personnel Air France qui gâche la fête par son manque d’implication, d’empathie ou son arrogance. Là, 8 personnes au service bagages de Roissy, en train de papoter comme des poules, entre eux, sans un regard pour les passagers du Genève-Paris qui attendent 40mn leurs bagages (11 valises en tout, j’ai compté…) en se foutant, mais alors royalement, qu’ils aient des correspondance ou non. J’aimerais qu’on m’explique pourquoi avec une low-coast on les a en 5 mn. Ah, et les chauffeurs de bus AF, toujours au téléphone, qui te font profiter de leur vie privée et se prennent pour des chauffeurs de rallye, ça fout les jetons.

Bien rentré, merci, mais laissé en route les anecdotes et les bons mots, oubliés, perdus. Lamentable, je sais. Mais je retourne au Japon, en Novembre, j’essaierai de faire mieux…

En attendant, la vigne pousse, faudrait peut être que j’en parle un peu…

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