JLSS made my day

Dans le questionnement sur le «pourquoi écrire ? », qui relance ce blog en panne (d’inspiration ? De courage ? De nouveautés ?), je dois une fière chandelle à Jean-Louis Servant Schreiber. Je suis tombé sur son dernier livre, en allant en Suisse, il y a quelques jours et, au milieu des grèves, un peu de lucidité fait du bien…

D’ailleurs, c’est le titre du livre.

Avec la « Puissance de la Joie » de Frédéric Lenoir, ce sont les deux livres à lire cette année, d’après moi, si on se pose quelques questions sur soi même.

Trente petits textes, brillants, d’un auteur à la vie riche, qui s’employa ensuite, comme il se doit des sages, à enlever tout ce qui l’encombrait pour tenter d’y retrouver l’essentiel, l’os, la quintessence, allant vers le Zen japonais sans jamais le citer. Un livre plein d’humour, cet humour si particulier des gens désespérés, illustré par des dessins à la fois hilarants et interpelants, ou le non sens est roi, s’amusant de nos paradoxes à travers les pingouins de Xavier Gorce.

Je lui laisse la parole : « Être désespéré, c’est la moindre des choses quand on se veut lucide. Le monde est compliqué, plus que je ne peux le comprendre. Les autres sont surtout indifférents, parfois hostiles. Ma vie est insignifiante, et si brève. Je n’y peux rien, c’est le réel. Et pourtant je suis plutôt content de vivre. »
Être lucide sur les réalités de l’existence, sur soi-même et continuer à aimer la vie est le défi quotidien de Jean-Louis Servan-Schreiber. Pourtant, il n’est pas vigneron 😉 Mais je vous assure que ce mélange de lucidité et de sagesse, le vigneron, il en a besoin, sans doute plus que les autres. Surtout quand il pleut sans discontinuer, comme dans certaines régions cette année, pluie qui arrive dans d’autres où tout est détruit par le gel ou la grêle. Ou les deux.

Le chapitre 12 est celui « où l’on se demande à quoi sert d’écrire ». Il m’a touché, comme beaucoup d’autres.

Il cite Rilke et son injonction radicale « n’écrivez que si vous ne pouvez pas ne pas écrire ». Bon, ça, c’est dit. Un peu plus loin, il parle d’une sorte de « démangeaison », ce qui me parle.  En revanche, son désir d’écriture pour « lutter contre la fuite éperdue des secondes, minutes, jours et années » ne me touche pas. Pour ça, le vigneron a sa vigne, ancré dans le temps long, il sait qu’elle lui survivra, à ses enfants, même, peut-être. Le temps, dans le vin, est notre allié le plus précieux et le ennemi le plus redoutable. De là vient la difficulté mais aussi le plaisir. Il n’est pas de grand vigneron qui ne soit un peu philosophe.

La promesse était forte : «en résultent trente petits chapitres ciselés où chacun pourra trouver en écho ses questionnements intimes ». Elle est tenue. Ce livre est formidable, je vous le conseille, c’est à lui que vous devez, un peu aussi, de me revoir en ligne. Je me devais de le remercier, sans trop me forcer, car j’aime sa proposition « d’approcher l’essentiel avec le sourire.».

Bon, voilà, après, on reparle vin !