Vendanges 2016 – Jour J plus 17 – Terminer en douceur
Une semaine déjà que les derniers Carignan sont rentrés. Impossible d’écrire en «temps réel» ce blog. Impossible bien sûr d’y raconter chaque jour, chaque minute, je ne devrais faire que ça. Mais nous sommes finalement très proches de la réalité, quelques jours en moins, quelques dates sans dessus dessous.
Il ne reste que les Mouvèdre de la Cresse. Les vieux et les jeunes. Parcelle historique du domaine. On voit au loin les syrah vendangées (et racontées…) en début de vendanges. Le feuillage est étonnamment, vert, toujours. Cela n’a plus d’importance pour les raisins, mais pour la plante, oui. Les réserves d’amidon seront plus grandes, la plante plus forte l’année prochaine. Et, qui sait, un peu plus généreuse pour compenser l’année. La plante ne gère pas son énergie sur un cycle, un an, mais au moins deux, voire trois. Bien malin qui la comprend…
Rarement j’aurai vu ici de si beaux Mouvèdre… La semaine dernière, en me promenant, j’ai été tenté d’y aller, de ramasser, d’en finir. Les deux parcelles me parraissaient mûres. Un peu d’araignée rouge, sur l’une d’entre elle, me laissait à penser qu’il n’y aurait rien à gagner à attendre. En marchant au cœur de la troisième, plus précoce, la vérité me frappa : celle là était mûre. Les autres, pas encore. Décision fut prise alors d’attendre encore quelques jours.
Le climat a changé. Enfin celui des nuits, où l’on descend désormais vers 14, voire 12°. On va bientôt ressortir la couette, on est là au moment «couverture», même si ce début d’automne est resplendissant. Au niveau maturité, là, c’est sûr, on y est. Les grains ressemblent à de petits bonbons, les pépins commencent à aoûter, à devenir marron, à prendre ce bon goût de grillé quand on les broie sur les molaires. Leurs tanins sont plus doux. Le moment parfait. D’autant qu’une averse menace en fin de semaine. Il est temps d’agir.
En travaillant doucement en cave, on devrait faire de grandes choses avec ce raisin,et, qui sait, mettre ce Mourvèdre dans le Clos des Fées, ce qui n’arrive pas chaque année.
Les vendanges sont finies, ce journal de vendange aussi, ce blog continue mais sans doute pas sur le même rythme, tellement prenant…
Une dernière photo de raisin ? Alors se sera le dernier seau…
Otsukare sama deshita !, pour cette vendange, et pour les posts afférents.
On a hâte de goûter.
Salutations tokyoites.
Merci Hervé de nous avoir raconté ces vendanges. Quelle belle leçon pour moi. Ça me donne envie de vendanger avec vous et votre équipe !
Tes descriptions de la vie vigneronne, de « ta » vie, sont telles que l’on a envie que tu puisses trouver la force de continuer, d’aller jusqu’au bout de ce millésime, de t’arrêter là où tu estimes que le vin est prêt à la mise. Ce n’est en rien une supplique, mais une demande : vas jusqu’au bout du millésime, régales nous, c’est tellement passionnant !
Bonjour et merci pour ce carnet in vivo (IRL pour les plus numérisés), sans pentimento, je le trouve si « sonore » et graphique, une belle plongée quotidienne et souvent l’envie d’en reprendre comme une gorgée, énergisante, à en faire claquer la langue.
De cette nouvelle recension de campagne, de votre geste en Roussillon m’est venue cette réflexion que je vous livre, en partage.
Le vin est à la charnière du temps, il articule, à rebours, le cours des saisons et les souvenirs, précédé de l’attente.
Le vin est biographique, historique. Le vin naît, n’est plus, n’est pas encore. Le vin est invention, le vin est découverte.
A qui appartient-il ?