Dans le delta de la rivière des perles


Bon je sais, silence radio. Ne me demandez pas pourquoi je n’écris plus je l’ignore.

Un « après-vendange » compliqué, du travail par dessus la tête, des papiers qui s’empilent, des choses à organiser, une vie privée quand même, les primaires de la droite (n’importe quoi…), les raisons, on pourrait en trouver des tonnes, aucune ne serait la bonne. L’envie n’était pas là, tout simplement, peut-être aussi l’impression d’avoir tout dit, en dix ans, de tourner un peu en rond.

Les sujets ne manquaient pas, pourtant. La fin des vendanges, les écoulages, les pré assemblages, la déclaration de récolte, les nouvelles DRM dématérialisées, l’assaut permanent d’une administration qui cherche, plus que jamais, à nous faire trébucher au lieu de nous aider tout en se protégeant désormais de tout contact physique avec les êtres humains à l’aide de « portails » divers et variés, un voyage au Japon, le deuxième rendez vous des vins matures,  à Paris lundi, ou mon chat que j’ai failli faire piquer trois fois depuis les vendanges et qui revit miraculeusement, j’aurais pu écrire sur tout ça et bien d’autres choses qui me sont passées dans la tête. Et bien non. Na. C’est comme ça. L’inspiration, le désir, on aurait pu en parler aussi, du coup, histoire de remplir. Le blog, c’est vraiment spécial.

Pourquoi recommencer alors ? Tout aussi mystérieux. Perché au sommet d’un building, à Canton, arrivé hier, dans une chambre sublime du Park Haytt (merci Georges, j’apprécie…), en regardant les lumières de la grande ville si différente de ma cahute de Vingrau, je me dis qu’il faut le partager, ce voyage, retrouver le rythme, un peu comme on refait du sport après une période d’inactivité. Doucement.

hyatt

Qu’est ce que je fais ici ? Je me le demande.Surtout après un voyage un peu décevant à Tokyo il a y a deux semaines. Les voyages ne forment plus la jeunesse, dans mon cas, celle ci étant loin, mais ils aiguisent la réflexion. Pris dans un cycle saisonnier, luttant avec le temps comme le marin le fait avec le vent, le vigneron a peu de temps pour prendre de la hauteur, s’interroger sur son métier, sur l’évolution du monde, sur l’interaction entre les deux. Pensif, devant une ville dont je ne verrai presque rien aujourd’hui, car arrivé de nuit et repartant de nuit dans quelques heures (il est quatre heures du matin et je suis, bien sûr, jetlagué…), je m’interroge sur ce métier étrange qui me fait cultiver la terre, planter et prendre soin de plantes, en récolter les fruits, les transformer, les élever, décider de leur nom et de leur habillage, communiquer autour puis les vendre en allant, bien souvent, à la table même du consommateur et en partageant une bouteille avec lui, parfois à l’autre bout du monde, assumant ainsi toute la chaîne. Unique. Epuisant. Galvanisant. Jusqu’à quand ?

Car le monde change et, hier soir, en discutant sur whechat avec mon amie Michelle, à Shanghai, donc enfin sur le même fuseau horaire que moi, je me demandais si ces voyages étaient encore utiles, si nous ne maintenions pas des traditions anciennes (pas tant que ça, en fait..), dans un monde lancé comme un marteau tourbillonnant, où, très vite, la communication digitale va tout décider. J’en reparlerai.

Bon, il faut que je file, je démarrerai le récit proprement dit demain, j’écrirai dans l’avion qui m’emmène de Guangzhou à Shanthou. Si j’en ai la force.

A bientôt soixante ans, me voilà enfin dans le delta de la rivière des perles.

 

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