Vendanges 2017 – Day 3 – Activer Time machine, chercher les signes…


Hop, miracle du blog, nous voici fin août…

Je pensais, en écrivant ces lignes, à la partie géniale de l’OS de mon mac, qui me permet de retrouver un fichier quel qu’il soit, dans l’état dans lequel il se trouvait un jour précis, à une heure précise : La fonction Time Machine… Un clic et on remonte le temps… Ah si on pouvait l’activer dans son cerveau et revivre certaines journées de son passé. La nostalgie, cette année, me tenaille. Je me demande si elle ne va pas être le fil directeur de ce blog de vendanges, ma vingtième, tant des souvenirs remontent dans ma mémoire au fil des terroirs….

Bon, bref, on a passé le 20 août, il est temps de commencer les longues, longues balades, à la recherche, encore et toujours, de «l’esprit» du millésime et de la «juste» maturité. J’ai un peu l’impression de me répéter, mais, au final, vu que ça fait plus de dix ans que j’écris, un jour ou l’autre, ce sont les enfants de mes premiers lecteurs qui vont me lire 😉 Qui sait, à la fin, peut-être j’aurai écrit ma « Recherche du temps perdu» à moi; pour mes «mémoires d’outre tombe», c’est raté…

Les vignes sont belles, vertes, les quelques petites pluies, bien modestes mais bien placées, nous évitent cette année les habituels stress hydriques de l’été. Normalement, à Vingrau, aller voir ses vignes en août est un supplice. Cette année, une joie.

Alors, ce millésime, en avance vraiment, comme les médias le serinent depuis fin juillet ? Oui, en avance, c’est certain et, pour la première fois, nous allons vendanger, et pas qu’un peu, en août. Enfin ça dépend, en fait. Dans la plaine, super en avance. A Vingrau, gap énorme, un peu en avance, sans plus. Mais tout va très vite et, si on ne bouge pas, il va y avoir le feu au lac…

cresse

Inutile de le cacher, cette précocité génère une pagaille monstrueuse dans la vie du Domaine. Rien n’est vraiment prêt, tout le monde ou presque est en vacances, les vendangeurs sont rares. Mais comment se plaindre quand je pense à tous les vignerons grêlés, gelés, échaudés cette année ? Le Roussillon est décidément une région bénie des Dieux, où l’on ne fait sans doute pas des rendements faramineux, mais chaque année du bon vin en quantité régulière.

Je marche longuement, pendant des heures, de parcelle en parcelle, sentant le fond de l’air, les odeurs, regardant les feuilles, les touchant, jaugeant la texture du sol où j’aimerai parfois marcher pieds nus pour avoir des sensations différentes, d’autres informations. Je goûte, beaucoup – je vous en parlerai, pour le plaisir, bien sûr (le raisin de cuve n’est jamais meilleur que lorsqu’il n’est pas tout à fait mûr, il garde de l’acidité et n’est pas trop sucré) mais surtout pour extraire des informations. Le millésime sera bon, sans doute très bon, mais aura t-il une «personnalité» attachante, ce qui m’importe avant tout ? Impossible, à ce stade, de le dire.

En dehors des vignes, mon radar personnel regarde autour. Oliviers, figuiers, mûriers, tous indiquent une année précoce. Belle année de figues, sucrées et juteuses, qui commencent à craqueler.

figues

Étonnante année de mûres, aussi, la plus belle observée ici depuis longtemps. Clairement il y a eu et il y a encore un peu d’eau dans les sols et pour une fois, les mûres n’ont pas séchées, sont abondantes et suivent le cours normal de leur maturité, d’habitude compromis et qui font s’envoler tout rêve de confiture ou de gelée. Mais j’ai fait de la mirabelle en confiture cette année… Faudrait que je mette la recette, il est encore temps.

figue

D’autres informations sans vraiment de liens (qui sait ? ) se promènent dans ma petite tête :  melons abondants, pêches un peu décevantes, abricots hyper précoces; le fenouil, quand le jour se lève, est particulièrement odorant. La tramontane s’est faite discrète, cette année, peu de casse et belle récolte sur les cépages sensibles au vent, comme le Cinsault ou la Roussanne. Tout cela a t’il un lien ? Comment le décoder ?

Vous dire si ces informations me sont d’une quelconque utilité me semble difficile. Disons que je m’en nourris, qu’elles m’imprègnent, qu’elles me donnent la sensation, un peu ridicule quand on y pense, de comprendre, d’espérer maitriser, même un tout petit peu, le millésime. Alors qu’en fait, si je suis honnête, je suis une bouteille à la mer à la veille de la tempête. Et heureux de l’être.

Je vous passe les autres détails de préparation : réviser les véhicules, réparer ce qui est cassé, nettoyer, maintenir préventivement un foultitude de trucs bizarres comme une membrane de pressoir, changer des pneus, des essuies-glaces, des pièces d’usure, des mandrins, des cylindres, des rouleaux, des joints ou je ne sais quoi, mieux aménager un ou deux logements, retrouver les boitiers 4G pour que les cueilleurs d’olives aient internet, vérifier les assurances, commander du café, de la carboglace et un peu de SO2, la seule chose encore cette année que nous mettrons dans les vins, n’en déplaise aux grincheux. Vive Amazon…

Vite, finir tout cela et retourner mettre mon museau au vent, dans les vignes.

2 commentaires

  • Philippe
    26/08/2017 at 6:58 am

    > « belle récolte sur les cépages sensibles au vin, comme le Cinsault ou la Roussanne. Tout cela a t’il un lien ? »
    Sensibles au vin, on peut l’espérer ! – mais le correcteur automatique vous a sans doute empêché d’écrire : AU VENT.
    Et pendant que j’y suis : A-T-IL. Surtout pas d’apostrophe, le T n’est pas un pronom élidé mais simplement une lettre à fonction euphonique. Des détails par rapport à vos préoccupations du moment…
    Je vous souhaite de belles vendanges. Et bon VIN !

    • Hervé Bizeul
      26/08/2017 at 7:31 pm

      Je corrige, merci…

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