Une année grise…


Je ne sais depuis quand je n’ai vu le soleil.

Si je vous le dis… l’année dernière, vous allez penser que je me moque de vous.

Pourtant, je pense qu’on est pas loin. On a bien eu un jour ou deux de soleil au printemps, mais pas plus et, ces deux jours là, pas de chance, j’étais je ne sais où, mais sous la pluie, je m’en souviens. Et puis il y a eu mercredi dernier, oui mercredi, je crois. Le matin. Parce que l’après midi, il a plu. Un matin merveilleux, bleu d’azur, qui m’a trouvé en train de former l’équipe d’ébourgeonnage.

Sinon, c’est gris. Pas cinquante. Des centaines de nuances de gris. Des milliers de nuances de gris.

Plus de soleil depuis janvier autant à Cherbourg qu’à Perpignan. On a cru qu’un « oranger dans le sol Irlandais, jamais on ne le verrait », comme le chantait Bourvil, mais je commence à douter, ça va peut-être le faire. Il parait que le Gulfstream commence à bouger, ce qui nous donnerai une nouvelle période de glaciation en Europe. Pas mal pour le Roussillon et ses vins, qui sait. Moins pour Bordeaux. On verra.

En attendant, comme tout le monde ici, JE N’EN PEUX PLUS DU GRIS, des nuages, de la pluie, des entrées maritimes !

Sauf peut-être pour la lumière. Formidable lumière qui transcende la beauté des paysages. Le soleil brûlant de juin tente avec énergie de nous inonder, mais, comme dans une chanson de Charles Trénet, un filtre de nuages le lui interdit. Du coup, les couleurs sont plus froides, on peut tout photographier, même en plein jour, chose d’habitude impossible ici. La plupart du temps, la lumière n’est belle que le matin ou le soir. Et encore, elle nous oblige à choisir soigneusement «l’angle» de prise de vue. Et le «bon» est souvent impossible.

Nous voilà cette année dans «l’ombre», cette zone pudique, si «japonaise» chère à Tanizaki. Très tôt, ce matin là, je pensais à ce livre formidable «Éloge de l’Ombre», alors qu’apparaissaient sous mes yeux des choses d’habitude invisibles. Ou, peut-être, au contraire, si évidente que je les regardais plus. Ce matin, comme dans une chanson de Richard Anthony, me revoilà amoureux de ma vallée (je sais, au niveau référence, c’est assez éclectique…).

Il faut dire que la nature n’a jamais été aussi belle.

Verte, dans toutes ses nuances, là encore, le moindre recoin empli de fleurs champêtres, de feuillages, d’herbes, de romarins avec des pousses de 20 cm, des paysages d’une beauté à couper le souffle avec, au milieu, comme au centre d’un écrin, des vignes aux verts somptueux, vert anglais, vert turquoise, vert maquis, vert vénitien, émeraude, que sais-je – parfois même, étrangement, vert fluo – des couleurs jusque là inconnues chez nous. L’eau, elle aussi, si rare, ruisselle, elle est partout, sort entre deux plaques de schiste qui pourtant semblaient soudées, imbibe les calcaires comme le rhum le fait d’un baba. Des sources taries, coulent à nouveau, d’autres,  inconnues se dévoilent, les ruisseaux chantent et dévalent sans donner l’impression de vouloir s’arrêter, les oiseaux s’enivrent de ce printemps humide.

Ce matin, là même si l’ennemi invisible rôde, à l’affut, je vous en parlerai, je me suis émerveillé de la beauté du Roussillon, cette année.

Et des photos qu’il m’a offertes ce matin là.

beau1

beau2

beau3

beau5

beau6

beau7

beau8

beau9

3 commentaires

  • Jean Orliac
    06/06/2018 at 7:57 am

    L’autre jour, je disais à mon fils Martin qui s’émerveillait avec moi des lumières et des ciels que nous avons cette année en ces mois de mai et juin pluvieux mais magnifiques, en forme de boutade  » profitons en bien ce sera peut être notre seul salaire » . Mais si j’ai bien compris c’est le sujet de la prochaine chronique. Il reste malgré le danger la joie intime de partager avec la vigne et toute la nature environnante ce bonheur qu’apporte l’eau du ciel.

  • Marie-Claude Fondanaux
    09/06/2018 at 7:29 pm

    Il faudrait vérifier que la fée Carabosse ne s’est pas introduite clandestinement dans le Clos pour exercer ses maléfices…

    • Hervé Bizeul
      09/06/2018 at 7:33 pm

      Pas d’inquiétude : c’est partout au Sud. Pire à Bordeaux. Le Nord va mieux. Le monde à l’envers…

Laisser un commentaire

ABONNEMENT

Recevez les billets du blog dès leur publication. Et rien d'autre.

Archives