Vendanges 2018•Préparation – Bricolage et récurage


Bon, voilà, on y arrive, aux vendanges. On a bossé comme des damnés tout 2018. Pour ça. On ne devrait pas être surpris. Et pourtant, quelque part, ça angoisse. Même vingt ans après la première, comme, je pense, un premier rendez vous fait battre le cœur à tout âge, que l’on ait eu qu’un seul amour ou tant et tant qu’on ne peut plus les compter.

Rien n’est joué, on a réussi les éliminatoires, la culture, reste la finale, les vendanges, et c’est là qu’on saura, enfin, si on a réussi son année, voire gagné l’épreuve.

En attendant, il faut bien ouvrir ce journal de vendanges, sans se presser, en s’échauffant doucement.

C’est un rendez vous que je vais honorer, ce millésime encore, bien que chaque année je m’angoisse à l’idée de me répéter, de lasser, de refaire inlassablement les même billets, même si je le sais chaque année est différente, comme si l’habitude heureusement, dans ce métier, ne peut jamais s’installer, tant le climat est différent, tant le domaine a évolué, tant je suis aussi moi même, année après année, différent. Plus fou ? Plus sage ? Je sais pas. Mais, à cette époque, tout aussi fébrile, un peu boulimique, insomniaque, avec des envies étranges de me gratter, certains soirs, que je sais purement psychosomatiques. C’est ma vie. Vous vous en foutez. Mais c’est ma vie.

L’année dernière, à cette époque, on avait déjà rentré un bon tiers de la vendange. Là, on se prépare doucement. Bon, ceux qui me lisent fidèlement – quelques centaines de personnes, ne me pensez pas populaire, le vin intéresse peu – savent que je n’écris parfois pas tout à fait «en temps réel» et si je tente de coller au plus près à la réalité de ce que je vis, j’ai parfois quelques jours de décalage, en plus ou en moins.

J’ai collé, je l’avoue, cette photo en juillet dans ce billet, celle d’après date d’une semaine et j’aurais dû publier ce billet la semaine dernière. Mais j’ai tournicoté autour de mon clavier sans trouver le courage de démarrer, alors, on a pris du retard.

Entre autres joyeusetés, changement de rehausse dans le pressoir, de moteur sur la pompe à marc, etc…

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Comme ces vendanges vont être TRES longues, on aura le temps de rattraper et de coller au plus près au vrai timing.

Maintenance préventive, graissage, test en conditions réelles, réparations, améliorations permanentes,  peinture et même un peu de carrelage pour rattraper des malfaçons, on a été bien occupé en cette fin du mois d’août. Toujours du mal à prendre désormais des stagiaires au delà du bac +2, tant le décalage entre la pratique et la théorie est désormais grande dans l’enseignement supérieur agronomique et œnologique. Non content de ne rien savoir faire de leurs deux mains, les futurs cadres semblent regarder tout cela comme une poule regarderai une brosse à dent, ce qui est ennuyeux. Ils n’ont même pas bricolé leur mobylettes, n’ont aucune notion d’électricité, d’hydraulique, de froid, de mécanique et des notions d’hygiène très relatives. C’est ainsi. Pourtant, ce métier est essentiellement pratique, dans son essence. La théorie ne peut pas faire du vin sans deux mains fortes et deux bras solides. On semble ne jamais leur avoir appris ce qu’était «l’huile de coude». C’est bien dommage.

Je lisais dans le Point un remarquable interview de Nicolas Taleb, dont les livres m’ont marqué, et qui parlait justement de la pratique. Je cite : « A l’université, on pense que la pratique découle de la théorie. Nous, dans le monde, nous pensons que les idées viennent de la pratique, et surtout que la pratique vient de la pratique. Mais comme les praticiens n’écrivent pas de livres et que les universitaires en écrivent, on  forme cette fausse impression que les grandes découvertes viennent des seconds, non des premiers. En fait, les universitaires et les théoriciens veulent apprendre aux oiseaux à voler. » Combien d’oenologues et autres ingénieurs agro méprisent la pratique ? Et mériteraient la goudron et les plumes ? On en reparlera, je pense, souvent dans ce journal de vendanges.

En ce qui me concerne, l’école hôtelière, ma formation de base, m’aide bien. J’ai tellement nettoyé de toilettes de restaurant et d’hôtel dans ma vie, que nettoyer ma cave et la voir briller est un plaisir. Et de voir tous ces raccords, coudes et bouchons luisants m’ont mis de bonne humeur, m’ont donné le courage de commencer à écrire.

Merci les raccords !

 

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2 commentaires

  • Patrice BONNET
    28/08/2018 at 8:02 am

    J’apprécie beaucoup le fait que vous nous racontiez la période des vendanges avec vos mots, vos émotions.
    Continuez à me faire rêver, j’ai fait les vendanges lorsque j’étais étudiant, un très bon souvenir.

  • Pascal
    08/09/2018 at 8:27 am

    NOUS apprécions beaucoup. +1 ! 🙂

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