Vendanges 2018 – Jour 9 – Ne pas oublier les olives


Oui, ne pas oublier les olives… Si je n’avais que les vendanges, ma vie serait assez simple, finalement. J’y pense, souvent d’ailleurs. Et puis je vais me promener, là bas. Je prends une allée et je marche, presque hypnotisé, me disant que cette Oliveraie ne doit pas disparaitre…

Chaque allée a environ 300 arbres, le tout en courbe de niveaux. Quarante deux kilomètres d’allées que nous allons arpenter en long et en large pendant deux mois. Lucques d’abord, Picholines ensuite. Si on y arrive. Chaque année, à la même époque, je me dis qu’on est cinglé. Et puis je me fais une raison : oui, on est cinglé…

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On démarre la récolte. Quarante personnes, des besaces en bandoulière, la petite caisse au pied, les yeux dans les nuages, les mains occupées à cueillir ou plutôt à «dégrafer» les olives de leur branche. On a fait un effort de taille colossal cet hiver, les oliviers sont resplendissants, la floraison s’est bien passée, il y a quelques fruits qui devraient, au fil des jours, atteindre de beaux calibres.

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Entre Perpignan et Nîmes, les oliviers ont beaucoup souffert cette année du gel et je suis sans doute un des seuls à avoir de telles grappes de Lucques dans le coin. Une pluie leur ferait du bien, mais on devrait, vu la situation, tirer notre épingle du jeu.
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On les cueille comme des cerises, aussi délicatement, en faisant bien attention de ne pas les rayer, des dégrafant plutôt que les cueillant.

Direction Bize Minervois, l’Oulibo, qui saura les transformer et en faire une des meilleurs olives de table du monde. C’est parti pour huit semaines. Si tout va bien. Je ne vous dis pas le boulot…

 

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Les figues sont mûres. J’en pique quelques une en descendant de la Chique. Et je vous fais une photo. Cadeau.

 

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On a tous un chasseur/cueilleur qui sommeille au fond de nous, peut-être dans notre cerveau reptilien. Moins profondément en moi, sans doute, car je suis prompt à glaner. Ce que l’on ramasse soi même dans la nature a toujours un goût particulier, une saveur particulière, une autre «valeur».

Avec l’âge, j’ai appris à mieux choisir les figues. Bon, dans d’autres domaines, je n’ai pas évolué et je fais j’en ai peur toujours les mêmes erreurs… Les figues, rien qu’en les regardant, avec parfois l’aide d’une palpation délicate du bout des doigts ou de la paume de la main, je peux désormais, à l’avance, à travers la peau, connaitre je pense leur exacte maturité, savoir si le sucre va me manquer ou m’écœurer. Quand on sait qu’on ne vous les volera pas, chose rare désormais dans nos campagnes, on peut trouver le courage d’attendre, celui de résister à l’appel de certains fruits qui seront, c’est certain, meilleurs le lendemain.

En croquant à pleine bouche dans ma récolte, parfois avec la peau, parfois sans, je regarde la lumière d’automne tomber sur la prairie. Je crois qu’on fait dans les vieilleries depuis le début de ce journal de vendanges, non ? Alors, on ne pouvait pas faire sans Jean Ferrat

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