Vendanges 2018 – Jour 10 – Jour Gris
On démarre les Grenache gris.
Le ciel est «biblique». On pourrait le voir comme un ciel de catastrophe éminente. Voire de fin du monde. Ou d’introduction pour une apparition de Zeus sur terre. Ou simplement comme le début d’une merveilleuse journée. J’interroge le Chaman en moi. Il reste silencieux. A douter que je sois «connecté», comme tant de mes confrères semblent l’être… C’est juste terriblement beau. On peut comprendre que, longtemps, l’homme ait pensé que des divinités supérieures organisaient tout cela. Beaucoup le croient encore, d’ailleurs et évoquent moultes pseudo sciences, ne pouvant simplement accepter notre impuissance devant tant de force et de beauté. Rien de grave. Il faut de tout pour faire un monde…
Le ciel change, s’enflamme, noircit puis s’éclaire. Fascinant.
Retour brutal dans le monde réel. Les cochons sont entrés…
Avant de m’énerver sur le responsable des clôtures électriques, on fait le tour de la parcelle avec Serge, tel des pisteurs sioux dans Fenimore Cooper, évaluant la fraîcheur des crottes d’un coup de pointe de chaussure… Vieille; de quelques jours; d’hier… Tout d’un coup, je vois le chien de Serge de l’autre côté du grillage, en train de lever un lièvre. Si il est passé, ils ont pu le faire aussi ! On cherche, sans y croire. Ces petits salopiaux de sangliers, affamés, ont creusé SOUS le grillage, malgré le barbelé et sont passés à… cinq endroits. C’est un carnage dans le blanc encore sur les vignes, en train de mûrir. Dire qu’on a posé plus de 25 postes/batteries cette année, des kilomètres de clôtures et qu’une personne a passé un mois plein sur l’été à les contrôler. Jamais je n’aurais pensé qu’ils passeraient.
Me voilà parti à acheter des cornières, Martin a sa disqueuse, on répare comme on peut, en provisoire, car on est encore à plus d’une semaine de vendanges des blancs, est on est bien sur les derniers dans le secteur. On sait qu’il faudra donc désormais aussi contrôler les clôtures fixes… Je vous passe les gros mots.
Les gris sont magnifiques. Du coup, sous le coup de l’émotion, pas trop le temps de faire des photos. On redresse patiemment une vigne moribonde, dont le vigneron attendait justement que les puissances magiques bossent à sa place. C’est pas encore ce qu’on veut, mais on progresse. L’année est belle pour le Grenache, les bois sont bien aoûtés bien que très abimés par le vent, la vigne en convalescence. On travaille dans le temps long.
Ah, quand même, juste le temps de vous faire une photo de cette étrange vigne, blanche en bas, gris en haut. Ca arrive, c’est une «chimère» génétique, une des choses que partagent (entre autre…) le Pinot noir et le Grenache. J’aurais voulu développer, mais, bien sûr, les vendanges accélèrent, le temps se contracte et je vois le moment où je ne pourrais plus tenir le rythme. Alors, pour les fans, je vous mets le lien vers l’article, passionnant. ICI.
Les jus sont magnifiques, 13,5 degrés, 3,30 de pH, on y va doucement car le gris, c’est drôlement tannique.
Superbe ces pieds de vigne, on comprend pourquoi le raisin est si beau, et le vin si bon quand on sait le faire ! Merci pour ces belles photos.