Vendanges 2018 – Jour 23 – Poussés par le vent


Le jour se lève. Le vent aussi. Un peu comme Félicie.

Le ciel s’enflamme. En attendant qu’on y voit un peu plus clair, on «savoure» le changement de temps et le fameux «facteur vent» cher aux Québécois : 9° mais… 2 ° ressentis. Un premier octobre ? Alors qu’on pouvait se baigner quelques jours avant ? C’est ça, le Roussillon….

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Les mains sont gelées, les sarments sont ballottés dans tous les sens. La journée va être épuisante. Mais l’équipe est rodée, courageuse, organisée. Plus rien ne lui fait peur. Le soleil commence à nous caresser le dos, ça fait du bien. On sait que les jours de vendanges qui restent se comptent sur les doigts d’une main. Un pouce en plus, éventuellement. Nulle honte, ça aide.

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On est toujours dans les Grenache. Des vignes de soixante ou soixante dix ans, magnifiques, sur un des plus beaux terroirs du domaine. L’équilibre agronomique est parfait, il n’y aura eu ici aucun retrait, ni de feuille, ni de grappes, pas de vendanges vertes, pas d’effeuillage, pas de rognage, pas d’entrecœur. La nature à l’état pur.  Toutes les feuilles sont encore vertes, c’est étonnant. Peut-être le cuivre, utilisé un peu plus que d’habitude cette année et qui favorise, on le sait, le phénomène.

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En arpentant ces vignes, fouettées par le vent, je me dis que les raisins vont arriver à 10 ° à la cave. Une macération pré-fermentaire naturelle. Finalement, quand j’y pense, ma philosophie de vinification, c’est uniquement tenter de refaire chaque année ce que la nature ferait d’elle même une année parfaite : des raisins sains (saints ? ;-), pas de maladies, parfaitement mûrs mais pas trop, rentrés froids, quelques jours de repos à macérer dans leur jus et puis la magie de la fermentation.

Pas de levures chez nous sur les rouges, je n’ai jamais été convaincu par mes essais que j’ai fait mais je ne comprends toujours pas pourquoi certains s’en gargarisent en diabolisant ceux qui en utilisent. Drôle de monde, le vin, où il faut être toujours plus «clivant» pour tenter d’exister commercialement, mettant désormais en avant, en exergue, l’itinéraire technique avant le vin lui même : «regarde, je fais comme çela, donc, c’est bon… Regarde, je suis une belle personne, en adéquation avec le discours ambiant, donc, tu DOIS aimer mon vin». L’importance de la simple «intention» du vigneron  sur l’opinion que l’on devrait avoir sur son vin, en niant tout libre arbitre à la dégustation, reste pour moi difficilement compréhensible.

On aura deux cuves par terroir, plutôt que par cépage, on va pouvoir apprendre des choses. Des vignes en massale de 70 ans, des vignes aussi en sélection massale mais que nous avons plantées, il y a quinze ans. Le tout proche de la perfection…

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Encore trop tôt, toujours, pour se gargariser d’un millésime du siècle. Mais, honnêtement, les Syrah et les Grenache sont cette année somptueux. Pas sûr que l’on ait beaucoup de Carignan en revanche, pour comparer. Alors que l’année dernière, c’était leur année.

On les attaque demain….

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