Vendanges 2019 * Jour J * Que la force soit avec nous


«Jayer… Le Jedi… Le maître de ces forces insaisissables qui seules révèlent le terroir… Son secret, c’est d’avoir su comprendre le terroir, le maitriser d’abord dans son esprit…».

Oui, chers amis..  Initié par un chaman inuit qui m’a appris à convoquer l’ours, mon animal totem, à coups de lents et hypnotiques coups de tambourin, c’est bel et bien l’esprit du «Dieu du Bourgogne» qui fut invoqué ce matin, à la sortie de la traditionnelle hutte de sudation Dakota, alors que comme possédé, je lançais le ban des vendanges de pinot noir au moment même où les planètes s’alignaient (j’ai gardé le portable de Maria Thun qui met régulièrement à jour son calendrier sur sa messagerie…). Hier était un jour «Pinot». Il ne manquait plus qu’une éclipse comme dans la scène inoubliable de Tintin dans le Temple du Soleil… Mais bon, on est dans le Roussillon, pas en Côtes de Nuit, et parfois, les budgets manquent…

Ne riez pas, c’est ainsi que désormais papy Jayer – qui était loin d’être un saint, croyez moi – est désormais ainsi «déifié» sur le web quand il n’est pas, carrément, comparé à Maître Yoda. Et encore, je me suis retenu, parce qu’Henri, vraiment, j’adorais m’enfiler une quille d’un de ses vins au déjeuner chez Taillevent, à l’époque où Jean-Claude Vrinat (mon Jean-Claude, si tu me lis…), qui aimait le vin bien plus que l’argent, les facturait 350 sur table. 350 francs, hein, pas euros… Les reps ont bien changé et comptez une dizaine de milliers d’euros pour une bouteille douteuse, épaule basse… 50 000 pour un magnum qui va bien. Dieu me préserve de voir mes vins un jour ainsi sanctuarisés juste parce qu’ils sont… chers. Bon, je sais, tous ceux qui me détestent (oui, oui, il y en a, je vous assure, j’énerve beaucoup…) sont en train de hurler, se demandant comment je peux croire que mes vins, un jour, laisseront une quelconque trace dans l’histoire ! Ca tombe bien, c’est pas le sujet. Le sujet, c’est de faire bon. Le reste, si vous voyez, j’aimerais avoir le talent d’Audiard pour vous signifier combien ça m’importe, comment vous dire, assez peu…

Bon, redevenons un peu sérieux, on est pas là (que) pour rigoler.

On y est. «Chaque longue vendange commence par une minuscule parcelle», comme aurait dit Confucius s’il avait picolé, et donc, comme prévu, c’est le Pinot qui ouvre le bal.

La lumière se lève sur la vallée et j’aime cette image de Pinot noir et, dans le fond, de pins. Envie d’écouter Bourvil, comment s’appelait cette chanson ? Ca faisait «un oranger, sur le sol irlandais, jamais on ne le verra, la, la, la…». la balade irlandaise. Voilà, . Il y a de tout sur ce blog. Les vieux «nostalgiqueront » un peu, les jeunes découvriront Bourvil. C’est bien. J’essaierai de glisser «salade de fruits» ou à «à dada», mais je crains que ça soit compliqué…

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C’est bien qu’on vendange. C’est mûr. Frais. Le pinot est très sensible à l’araignée rouge. La bestiole avance bien dans son grignotage des feuilles. On passera un engrais foliaire et un peu de cuivre la semaine prochaine si on a deux minutes.

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Bon, on va pas épiloguer, les vendanges seront cette année encore très européennes et pas très françaises. C’est la globalisation. Tout le monde est arrivé, plutôt joyeux. Il fait frais, on démarre. Ca ne va pas durer, c’est un boulot de chien, le dos va tirer une bonne semaine, les jambes aussi et la journée s’annonce caniculaire.

On ne pense jamais assez aux vendangeurs… Respect, reconnaissance.

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On a juste enlevé les entre-cœurs et les grapillons, la vigne a cessé toute seule de pousser, comme il se doit en grand millésime, elle défeuille gentiment et naturellement sur la première feuille du sarment, provoquant un éfeuillage naturel. Henri aurait apprécié, je n’en doute pas un instant… de toute façon, maintenant, à Henri, on peut, ce qu’on veut, tout lui faire dire. Comme Yoda. Quelqu’un ira bien un jour mettre quelque coups de pelles dans le jardin de son ancienne maison des fois qu’il y reste une valise. Il avait, sur la fin, une façon de vendre du vin un peu particulière…  Oups, j’ai parlé d’argent. Désolé…

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Alors, ces raisins, ils sont comment. Ma foi, vu qu’on est pas difficile vu qu’on a jamais vendangé un grand cru Bourguignon, je sais pas trop quoi dire. Mais ça me semble pas mal… On devrait y arriver..

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A la pose, quelques mûres vous tenteraient elles ? Allez, elles sont à point. Etrange comme la vigne est belle, les mûres excellentes cette année vu qu’il n’a pas plu depuis deux mois et pas vraiment beaucoup avant. Le mystère reste entier.

Le premier adjectif qualificatif qui me vient à l’esprit, en ce début de vendange, c’est «étrange». Dans le bon sens du terme. On verra…

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Au passage, sur les deux premiers rangs, nos amis les merles ont pris un acompte. On ne leur en veut pas. Cinquante pieds de perdu, soigneusement mangés, grain par grain, méthodiquement, c’est le prix à payer pour tous les insectes dont ils nous débarrassent tout au long de l’année.
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Et voilà, Aimer, Rêver, Prier, se Taire 2019 est en cuve…

 

4 commentaires

  • Toad nemo
    31/08/2019 at 2:24 pm

    C’est parti, et semble t’il plutôt bien. En courant ce matin pour mon running matinal, j’ai trouvé les raisins assez petits mais probablement concentrés, nous verrons bien ce que cela va donner. Probablement pas la quantité ;-)) mais certainement de la grande qualité

  • Pascal
    31/08/2019 at 5:49 pm

    Bonjour Monsieur Bizeul,
    J’aurais deux questions :
    – Egrappez-vous les pinots noirs ?
    – Qui vous dit que Confucius ne picolait pas ? Bouda t-il l’alcool, ou ne le bouda t-il pas ?
    Merci d’avance pour vos réponses,
    Bien cordialement,

    • Hervé Bizeul
      01/09/2019 at 5:47 pm

      Oui cher Pascal, j’egrappe les pinot noir. Et merci pour le trait d’humour, apprécié 😉

  • Isabelle Courbet
    01/09/2019 at 9:55 am

    Vu que tu nous fais si bien partager ces moments et ces réflexions, on a envie de te souhaiter de bonnes vendanges !

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