Vendanges 2022 – Jour J-1 – Décider du Jour J


Dimanche, dans les vignes. Comme tous les jours de la semaine, hein. Mais c’est quand même dimanche.

En roulant vers Tautavel, je suis pris d’une étrange et délicieuse sensation d’allégresse. Le matin, frais, un souffle de vent, la chaleur qui s’annonce, la musique, peut-être, ne voilà pas que mes poils de bras se hérissent. Bon signe chez moi. Photo ? Photo ? Mince, ils sont redescendus. Photo quand même, elle est chouette pour un truc pris en conduisant…

A la fraîche, on commence le tour du plantier avec Serge et ses chiens, qui décident de tester à nouveau pour nous la clôture électrique, ont la flegme de sauter un peu haut et s’en vont en couinant avec un «Kai, Kai, Kai» digne de Rantanplan.

Ils sont pourtant avertis, mais, par flemme, ils tentent parfois le truc. Après, le plus fascinant, c’est que l’une d’entre elles fait semblant d’avoir mal : elle cavale partout, joyeuse de traverser la vallée en flèche et, quand elle s’approche de nous, elle lève la patte et fait semblant de boiter.

Fascinant.

Comme le plantier, resplendissant de joie de s’enraciner dans le calcaire et l’argile. On reviendra arroser quelques pieds, le reste est parfait, le seul sarment qu’on a laissé monte parfois à plus d’un mètre.

Pinot or not Pinot ?

Ah, la cave est prête au fait. Lejeune et fille nous ont livré les quatre garde vins qu’il nous manquait pour être confort, Alban et Thierry les ont connectés (non sans mal) et j’ai désormais dans mes contacts un gars qui fait marcher les électrovannes en html5. Eh oui, de quoi se la péter un peu. Merci Jaume, vraiment.

Je me souviens en souriant de Patrick Lejeune, il y a vingt ans, sur un salon, se demandant si j’allais arriver à payer les trois petits «Ovni» sur mesure dont je rêvais pour notre garage. Chez Lejeune, je dois être « platinum », je crois, maintenant, et une chose est sûre, je n’ai jamais regretté UN EURO que j’ai dépensé chez eux.

Allez, c’est parti pour la traversée d’un grand terroir. «C’est quoi un Grand Terroir, Monsieur Bizeul ?». Ah, oui, on m’appelle Monsieur Bizeul, maintenant. Imaginez si les Christ-Steve, ça avait marché… Un grand terroir, jeune padawan, c’est assez simple. C’est quand il y a une sécheresse sévèrement burnée, et bien les mûres, au dix août, elle ressemblent à ça :

Le pinot ne manque de rien : euillage magnifique, d’un beau vert, pas une feuille en souffrance, grappes parfaites, un seul rognage mais ça pousserait bien encore un peu si on avait un orage, alors que les vignes n’ont même pas dix ans et manquent sans doute encore un peu d’enracinement. On regarde, on soupèse avec toute la délicatesse qu’un homme peut mettre à soupeser des… fruits mûrs, et on commence, justement, à avoir la banane…

Pinot noir de compétition, rafle qui commence à aoûter, pas une maladie, que du soufre poudre, ça sent bon, tout ça. Les tâches blanches ce sont nos pulvérisations de Kaolin, pour protéger les feuilles de la sécheresse et diminuer si possible la photosynthèse et donc le sucre et donc l’alcool. Ca semble avoir particulièrement bien fonctionné… Ca sent très bon tout ça…

Vendangera ? Vendangera pas ?

Vendangera : avec le zoom du GX7, on voit bien que quelques grains sont en train de ramollir. Je vous ai fait un gros plan, pour ceux qui ont envie de comprendre, à gauche, le raisin qui commence à ramollir et si on peut en accepter un certain nombre, voire un nombre certain, il ne faut pas qu’ils soient majoritaires.

Conférence téléphonique avec Vosne-Romanée (je me demande si un jour Vingrau s’appellera Vingrau-Clos des Fées ? Je rigole, je rigole, hein 😉

Jean-Yves est OK avec nous (enfin, c’est plutôt nous qui sommes d’accord avec lui, hein, parce qu’en Pinot, on est Padawan). Ca va passer du fruit frais ou fruit mûr, puis au fruit cuit et, ça, on en veut pas.

On a le temps, mais le lendemain, on va y aller doucement et encuver «100 Phrases pour éventail » en laissant peut-être deux ou trois jours de plus pour «Aimer, rêver, prier, se taire».

Ca s’annonce plus que bien ! Alléluia ! Qui l’aurait cru !

A nous 1959 ! 1949 ! Bordeaux annonce déjà le millésime du siècle, on va pas se priver d’évoquer tous ces grands millésimes où la côte Ouest a eu un climat typiquement méditerranéen, au degré près, stress hydrique de l’été et véraison après l’arrêt de végétation, ce qu’on a tous les ans, en fait…

Le graal est là, saisissons le mes frères ! Étrange, cette année, comme Dieu semble prendre une place dans ce blog. Ces vendanges 2022 seront religieuses ou ne seront pas !

Ce que j’écoute, au jour le jour, pendant les vendanges. Mais pas tous les jours.

Un commentaire

  • Philippe vdb
    10/08/2022 at 10:14 am

    J’adore ce blog et ces quelques phrases profondes comme un sillon de poesie se trace dans les vignes
    J’ai envie de boire du Clos des fees

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