Qu’est-ce qu’un vin de qualité en 2005 ?


Au salon des grands vins, à paris, passionnante rencontre impromptue entre journalistes français et italiens à l’initiative de Bernadette Vizioz, l’une des attachées de presse les plus créatives que je connaisse. Hop, vite fait, on me demande de prendre une bouteille de vin, et de venir rencontrer d’ex–confrères. On s’assied, les verres sont devant nous, le débat est lancé : chacun a apporté un vin illustrant à son avis le concept de « qualité » en 2005. Les verres sont remplis, la dégustation rythmée, puis les micros sont ouverts. Très vite, un journaliste italien se lève, furibond, et déclare avec violence et à la surprise générale : « tous ces vins sauf le mien et le n°XY sont nuls, ce choix est honteux, cette dégustation ridicule ».

Trois options :

  • il détient la science infuse et tous les autres sont des cons;
  • il déguste comme un manche;
  • son « goût » n’est plus du tout en phase avec celui des consommateurs de 2005.

Après quelques minutes de débat, à la satisfaction générale, il s’en va et le débat continue.

Très justement, Karine Valentin fait remarquer qu’il n’y a qu’un blanc sec et un liquoreux. Donc, en 2005, la qualité serait « rouge ». Intéressant. Difficile de tout relater, mais les échanges sont intenses et pertinents : tous les vins sont issus à l’évidence de raisins mûrs et élaborés avec des rendements raisonnables, sans doute entre 40 et 60 hl/ha. À noter que seul un des vins fait moins de 14°. Peu sont boisés ou d’un boisé de qualité, issu à l’évidence de barriques neuves. Un seul est conforme à une vision « anglo-saxonne » de la chose, c’est-à-dire sur-mûri, très concentré et très boisé mais tout cela excellemment réalisé. Il plait à certains, pas à d’autres, tout le monde le trouve néanmoins techniquement irréprochable. Un autre vin italien ne fait pas l’unanimité : après explication (cépage, type d’élevage, tradition gastronomique), sa côte remonte auprès de ceux qui l’avaient mal noté, d’autant que 30 minutes d’aération lui ont fait le plus grand bien.

On découvre les étiquettes et là, pas mal de bonnes surprises : aucun vin sauf un ne dépasse 20 euros, la grande moyenne est entre 10 et 15. Merci à Eric Riewer pour un somptueux Sauvignon de Saint-Bris (G. et J.H. Goisot, tél. : 03 86 53 35 15, j’en ai acheté…), droit dans ses bottes. Mon préféré ? Un Cahors, Prince Probus 2000, dense et soyeux, et un italien, un Montepulciano d’Abruzzo, mûr, remarquablement vinifié et élevé, produit à 200 000 bouteilles et vendu 12 euros ! Quand au Gamay Viniféra d’Henri Marionnet, il en a réconcilié plus d’un, ce jour là, avec le cépage. Reignac défendait fort bien le style moderne et seul un Tokay liquoreux ne m’a pas convaincu.

Donc, pour les journalistes, en 2005, la qualité c’est en résumé, du raisin rouge et mûr, une vinification moderne privilégiant le fruit, des vins concentrés mais sans excès, un degré alcoolique un peu élevé (mais personne se sait comment faire autrement), peu de bois ou alors de très bonne qualité et, enfin, un prix entre 10 et 15 euros.

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