L’Aïki-do, le meilleur des œnologues ?


Relue sur le net une page trouvée il y a quelques mois, par hasard, mais dont le contenu m’interpelle.

http://perso.wanadoo.fr/tansen/bioethics/seitai/tsuda-interview.htm Je ne sais pas ce qu’est le mouvement « Seïtaï » mais plusieurs choses dans ce texte m’ont semblé être proche de notre façon de faire du vin, en particulier la recherche du Ki et la tentative d’explorer des solutions non-cartésiennes. Je me suis permis de reprendre une partie du texte en l’adaptant au monde du vin. Le résultat est amusant :

« Le cartésianisme est en France, que l’on en soit conscient ou non, à la base de notre société, que cela soit dans son aspect scientifique, politique ou administratif. Le cartésianisme est une philosophie de la connaissance selon laquelle tout problème est conçu dans un espace délimité et immobile. Pour être étudié ou tenté d’être résolu, tout problème est soigneusement divisé en parties biens disctintes, les parties étant parfois autorisées à interagir ensemble mais restant le plus soumises à leur propres règles. L’être humain, par exemple, est en général divisé en deux, le mental et le physique. Chacun de ses espaces à son tour est divisé autant de fois qu’on veut. Le vin subit le même sort. L’espace production, par exemple, bien distinct de l’espace œnologie, de l’espace commerce ou de l’espace dégustation est lui-même divisé en une multitude d’espaces d’étude : sols, cépages, culture, mécanisation, etc… »

La philosophie du Ki est, en ce sens, entièrement différente, car toute chose y est considéré dans son ensemble: le vin est à la fois quelque chose de physique, de particulièrement concret, car il est bien sûr et avant tout un verre que l’on porte à sa bouche, une gorgée qui coule dans sa gorge. Mais il est aussi et simultanément quelque chose de mental, empli de symboles, d’imaginaire, de rêve, de gratification mentale, d’histoire, de souvenirs, d’expériences.

Pour le vigneron, cette perception globale s’enrichit encore. Le vin, le sien bien sûr et avant tout, mais aussi celui d’autres vignerons qui l’ont influencé, est inscrit dans une multitude de cycles, certains à l’échelle de quelques jours, d’autres de quelques mois, d’autre encore d’une année, certain à l’échelle de sa vie voire de plusieurs générations. Mais il est aussi inscrit dans son vécu personnel, dans les risques qu’il accepte de prendre, dans des soucis quotidiens, ses joies, ses peines, ses épreuves et celles des gens qu’il aime.

« Il est à la fois pensée et action, à la fois boisson et environnement. »

Que de similitudes étonnantes entre certains concepts japonais comme celui du Ki, doctrine de non résistance et de fusion, que nous tentons finalement sans toujours en être conscient d’appliquer au quotidien ou celui du Kokyu, « le tour de main », le « truc » qui, invisible et mystérieux, fait pourtant qu’un vin, un jour, provoquera une émotion inattendue. Alors, si je respirai mieux, mon vin serait-il meilleur ? Est-ce en « inspirant » que je vais trouver « l’inspiration » ? Est-ce en renonçant à vouloir faire le meilleur vin du monde que l’on a le plus de chance de le produire un jour ? En tout cas, une chose est sûre : travailler de ces mains laisse le temps de réfléchir.

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