Carrefour met le paquet !


Attention, que les choses soient claires : je n’ai rien contre la grande distribution en général et contre Carrefour en particulier. Un, j’y fais mes courses chaque semaine. Deux, pour tout vous dire, j’ai même écrit, pendant quelques années, les textes des catalogues « Foire aux Vins ». Mais c’était l’époque où les responsables de l’enseigne aimaient le vin (Christophe, Franck, si vous me lisez …), croyaient que leurs clients l’aimaient aussi et travaillaient en conséquence, c’est à dire avec passion. C’est une autre histoire, je vous la raconterai un jour ou l’autre.

Mais ce matin, gros coup de colère : dans mon journal TV, un encart publicitaire de 24 pages (imaginez combien ça peut coûter !) me vante l’opération de la rentrée pompeusement intitulé « 3 pour 2 ».

Je me dis, alléché, voyons donc ce qu’il y a comme vins… parce que je ne sais pas si vous savez, mais Carrefour, je crois que ca doit être le premier acheteur de vin en France. C’est une équipe de fou. Avec des cadres partout, aux achats, au marketing, à la pub, payés à des salaires que vous n’imaginez même pas. Des agences conseils externalisées. Des consultants indépendants. Des acheteurs dans chaque région. Des usines d’embouteillages. Des filiales de négoce. Un gros bousin, quoi. Et puis, puisqu’on parle franc, un pouvoir d’achat énorme, devant lequel presque tout le monde courbe l’échine.

Et là, je vous le donne en mille, comme « Leçon de Séduction n° 1 » de la rentrée, qu’ont-ils trouvés ?

Ça :

– Un vin de pays, sans doute acheté en vrac et embouteillé par leurs soins et sur lequel, même à 1,40 euro, ils ne doivent pas vraiment perdre de l’argent

– Un bordeaux de marque : ça c’est une découverte, un achat de terrain, un truc nouveau …

– Un Minervois rosé, histoire de fêter la rentrée en grignotant un plat chinois ou une tomate-mozarella.

Ça donne vraiment envie… À une époque où des centaines de vignerons (et pas que des mauvais, soyons clairs) sont prêts à faire des efforts pour vendre, où les habillages se modernisent, où les revues sont pleines de nouveaux vins frais et sexy (voir le dernier Terre de Vins, par exemple), ne me dites pas qu’ils n’auraient pas pu trouver un truc un peu plus excitant.

Moi, ça me fait un peu peur et ça explique beaucoup de chose, en particulier que la paresse, l’absence de compétence et le manque de créativité, c’est dans toute la filière, même dans les bureaux les plus douillets, et pas que dans la production.

M.A.J. : dimanche, 21h25. En relisant ces mots, j’ai une pensée compatissante pour les pauvres chefs de rayon, souvent passionnés, qui vont passer leur matinée à mettre ces vins en rayon. Haut-les-cœurs, les amis, on s’en sortira !

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