Stop… ou encore ?


Année décidément très complexe que ce millésime 2005. Drôles de raisins, tout d’abord, qui semblent à peine mûrs tant l’acidité est encore présente, et qui pourtant, après deux ou trois jours de macération, donnent des vins noirs comme de l’encre, au touché de bouche sensuel et gourmand. Quid des tannins cependant ? C’est pour nous l’essentiel, la clé du futur équilibre de nos vins, ce qui fera la différence. Et de ce côté là, rien n’est encore certain.

Mardi, après des heures et des heures à arpenter les parcelles, à goûter les raisins, les peaux et les pépins, je décide d’attendre : les peaux, très épaisses, ne sont pas, à mon avis, encore prêtes à donner tout ce qu’elles ont. De plus, les Grenache sont encore un peu amers. Difficile de prendre de la hauteur au moment où certains, ici, ont déjà terminé les vendanges et où d’autres, pressés d’aller à la chasse, ont déjà décuvé… Même les nouvelles des autres régions, données par quelques amis ou glanées sur internet m’influencent ; Bordeaux crie au millésime du siècle, évoque 1947 et vendange à toutes berzingues (95 % de Pomerol est vendangé) ; le Priorat a terminé tandis qu’en Bourgogne, même les meilleurs s’empressent de tout rentrer, annonçant déjà un millésime d’anthologie… Nous verrons.

Les années chaudes ne sont jamais faciles mais, en Roussillon, j’ai la faiblesse de croire que nous sommes mieux armés pour les négocier avec intelligence, ne serait ce que parce qu’elles nous sont habituelles. Il n’y a qu’à goûter le nombre de 2003 ratés, ici et ailleurs, pour être convaincus que si les millésimes de sècheresse sont sans aucun doute les plus faciles à faire, ils sont aussi les plus difficiles à réussir… Nous allons donc nous hâter…lentement.

Pas de vendanges aujourd’hui, vous l’avez compris, mais pas pour autant le calme. Fabien est déjà sur le tracteur et laboure les parcelles de landes, semées de blé, de seigle, d’orge, de vesce et de moutarde. Une partie de l’équipe effeuille notre vieux Lladonner Pellut, loin d’être mûr. Edouard et Mietec débroussaillent notre plus belle parcelle de Carignan. D’autres, enfin, font tomber les grapillons sur notre parcelle la plus tardive, à 450 mètres d’altitude, que nous ne rentrons jamais avant le 10 octobre. Tout le monde s’active sous l’œil implacable de Serge, le chef de culture, moi en premier : après une journée de papiers, de compta, de contrats vendanges, de signatures de chèques, et j’en passe, à 21h30, je viens de finir d’installer les raccords rapides sur les drapeaux destinés aux 4 premiers demi-muids de Syrah destinés au « Clos des Fées 2005 ». Il me manque à vérifier le groupe de froid et à lui rajouter un peu d’eau dans les circuits. Je le laisse tourner une petite demie-heure. En attendant, je tape ces quelques lignes. Une douche, vite, mon lit (enfin…) car demain, levé à 6 heures…

Bonsoir à tous…

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