Carrément méchant, jamais content


Au milieu d’une avalanche de mails et de coups de téléphones positifs, quelques personnes, que je plains tant je les imagine malheureuses, crachent leur venin sur le projet WALDEN. Je m’y attendais, bien sûr, mais la violence et le parti pris de certains propos me stupéfient. Un exemple ? Un mail, anonyme, bien sûr, où se croyant tel, utilise la feuille contact du site Walden pour se déchaîner. Cela donne ça :

Mr l\’escroc Bizeul se donne bonne conscience\ Ravi de voir qu\’un homme qui crache sur le grand public et qui vend ses cuvées à des prix prohibitifs (200• pour faire \ »comme les bordelais\ » sic) se donne bonne conscience en faisant de l\’équitable à coté de celà.

Ailleurs, toujours anonymement mais avec plus d’arguments « Guillaume » critique la grande distribution qui, pour lui, ne prend pas assez de marges (un comble, d’habitude, c’est le contraire) en distribuant Walden et m’accuse à mot couvert d’être responsable ou du moins de participer activement à la disparition du petit commerce de centre ville. Recopier sa diatribe ne me tente guère, vous pouvez la lire ici, ou , ou peut-être ailleurs s’il s’est évertué à déverser sa bile un peu partout. Vous pouvez aussi l’éviter, tant de lieux communs et de sophismes risquent de vous déprimer.

Répondre ? A quoi bon ?. Ce n’est pas un débat, il n’y a pas de discussion possible, ce n’est qu’un cocktail molotov de haine et de jalousie. À qui, de toute façon, puisque « Guillaume » est bien au chaud derrière son douillet anonymat ? Quelle que soit ma réponse, de toute façon, certains trouveront matière à critique : je fais des vins chers, je suis nul. J’en fais des bon marché, c’est encore plus nul. Je fais des marges, je suis un profiteur. Je n’en fais pas, cela sens l’arnaque. Je ne fais pas goûter la petite Sibérie, je suis un radin. Je la fais goûter, je suis un faiseur. Je fais des vins concentrés, ils le sont trop. Je cherche la finesse, certains n’en ont pas pour leur argent. Je fais des vins du sud, ils manquent de fraîcheur. Si j’augmente ladite fraîcheur, je ne suis plus alors « représentatif de mon terroir ». J’aide mes copains,mes collègues, c’est pour me faire mousser. Je ne les aide pas, je suis un horrible profiteur… C’est sans fin.

Au lieu de passer tant de temps à critiquer, que font ces « amateurs » pour aider les autres à boire mieux ? Le plus souvent, rien, tout occupés à s’entre-déchirer sur les quelques forums en activité, tels des animaux sauvages se disputant un cadavre, pervertissant en permanence l’image du vin en général et celle du vin français en particulier. En revanche, pour critiquer mon initiative, sans même, bien sûr, avoir simplement GOUTÉ Walden, ils se surpassent. Si vous aimez ce genre de tir au canard, n’hésitez pas à lire un extrait sur iacchos, ICI. Je crois qu’il n’y a qu’en France où l’on voit ce genre de comportement. C’est pour moi une grande tristesse, mais cela ne m’empêchera pas de continuer. Au fait, tous les viticulteurs ne rêvent pas de faire du vin, tous les éleveurs ne s’imaginent pas bouchers, tous les céréaliers, boulangers.

Au milieu d’un article de LIRE sur le dernier livre d’Amélie Nothomb, une citation m’avait interpellé. Ouf, je ne l’avais pas jeté : «Au fond, la Création accomplie, quelle était la tâche de Dieu? Sans doute celle d’un écrivain quand son livre est édité: aimer publiquement son texte, recevoir pour lui les compliments, les quolibets, l’indifférence. Affronter certains lecteurs qui dénoncent les défauts de l’œuvre alors que, même s’ils avaient raison, on serait impuissant à la changer. L’aimer jusqu’au bout. »

Je vous laisse changer « écrivain » par « vigneron ».

Et tiens, je signe !

Hervé Bizeul

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