Responsable mais pas coupable


En signant de son nom, ce en quoi il gagne mon estime…, un dénommé Lionel Lamadon, se fout de ma gueule sur Iacchos. Je le cite :

« Personnellement, ce qui me fait également rire dans l’histoire c’est la référence bien pompeuse à Thoreau (à vous d’apprécier la comparaison et le parallèle entre sa vie et la situation en Roussillon); pour mémoire, en plus des magnifiques citations présentes sur le site, Thoreau a également écrit ça dans son Journal :

 »Il y a deux sortes d’auteurs : les uns écrivent l’histoire de leur temps, les autres leur biographie. »

Je ne sais dans quelle catégorie l’ego de Bizeul lui fait imaginer qu’il est, mais pas sûr que ce soit la bonne … :-o) »

Et bien mon cher Lionel, merci pour cette belle citation que je ne connaissais pas. Je vais m’empresser de la rajouter sur le site Walden, car je la trouve magnifique.

En passant, permettez moi de vous dire que je trouve qu’il faut vraiment être d’une mauvaise foi incroyable pour sous-entendre que je me prends pour Thoreau. De plus, cette citation s’applique, si je ne m’abuse, aux auteurs, aux écrivains, et, à moins de considérer le seul ouvrage que j’ai écrit –et dont je suis très fier d’ailleurs–, comme une « œuvre », je ne vois pas en quoi elle me concerne. Pour ceux qui ne le sauraient pas, ce livre, essentiel :))) avait pour titre « Irremplaçable Moulin à Légumes »… Jacques Glénat, si tu me lis, merci encore de l’avoir édité.

J’ai, en vérité, peu d’admiration pour Thoreau en lui même. L’homme était petit mangeur et abstinent au niveau du vin, très individualiste et solitaire dans sa vie personnelle. Mais sa force de conviction était immense, ses idées aussi, ou du moins l’interprétation que l’on en fait aujourd’hui.

Ce qui m’a plu, dans Thoreau (que tout le monde fait semblant de connaître et d’avoir lu, rions ensemble s’il vous plait :)), c’est cet amour infini pour la nature. Et sa confiance absolue, presque stupéfiante, dans le fait que l’homme, s’il le voulait, pouvait changer, seul ou, mieux encore, ensemble, son destin et sa vie.

Lionel, en ce moment, je n’ai pas l’impression de l’écrire, ma vie, mais bien de la vivre pleinement et en toute conscience. À travers le projet Walden, je crois essayer de vivre avec mon temps, mais aussi, à mon niveau, à ma faible mesure, d’essayer de changer un tout petit peu le monde, mon monde, car je ne me sens vraiment concerné que par les quelques kilomètres de terre qui m’entourent. Et ce petit monde là, j’ai l’espoir de le faire aller dans une direction conforme à mes idées et à mes valeurs.

Enfin, cher Lionel, je pense aussi que si tous les vignerons se serraient un peu plus les coudes, si les amateurs de vins réfléchissaient aussi, à leur niveau, à des solutions qui permettent à tous de boire mieux (et +, peut-être, et je reste persuadé que c’est directement lié…), et bien le monde du vin irait mieux.

Une phrase de Thoreau est restée célèbre. Alors qu’il s’est refusé à payer ses impôts, car il ne voulait pas que cet argent serve pour une guerre à laquelle il était opposé, il est emprisonné. Emerson vient le voir dans sa cellule, et lui demande : « Que faites vous là-dedans, mon ami ?» Et Thoreau lui répond : « Et vous, que faites-vous dehors ? »

Internet est pour moi un univers extraordinaire dont nous ne mesurons pas vraiment encore la taille et la richesse. Je pensais, comme beaucoup, que des amateurs se réuniraient pour créer, pour proposer, pour échanger, librement, sans contraintes commerciales et à peu de frais. Qu’ils construiraient quelque chose de nouveau. Qu’ils aideraient de nouveaux buveurs à ne pas commettre les erreurs qu’ils avaient commises. Qu’ils dépasseraient les jugements à l’emporte pièce et feraient la différence, dans leurs écrits, entre le « je n’aime pas » et le « c’est pas bon »… Qu’ils enrichiraient, de leur travail et de leur expérience, une encyclopédie comme Wikipédia. Que peut-être, même, certains feraient, peu à peu, de leur passion leur métier et que c’est de là que viendraient les grands journalistes de demain. Je suis décidément un rêveur.

Ils ne se réunissent aujourd’hui que pour critiquer. Tout y passe : les vignerons, les appellations, les journalistes, les vins, toujours « trop ceci » ou « pas assez cela ». Et quand ils n’ont plus rien à démolir, c’est entre-eux qu’ils se déchirent, parfois publiquement. Dans la crise actuelle du système, au moins une chose est claire : vous – les amateurs – porterez aussi une part de responsabilité, non pour y avoir participé, mais pour n’avoir rien fait pour l’adoucir.

Laisser un commentaire

ABONNEMENT

Recevez les billets du blog dès leur publication. Et rien d'autre.

Archives