La bonne heure


La bonne heure, pour gribouiller sur son blog, c’est dimanche soir, vers 19 heures. Pas de coup de fil, pas de mails, un moment de grand calme avant la tempête de la semaine qui s’annonce bien remplie, après une autre si animée que je n’ai pas eu vraiment le temps d’alimenter ce blog. Dommage car j’ai eu envie de réagir à quelques nouvelles et, finalement, n’en ait pas eu le temps. En reparlerai-je un jour ? Mystère. Parfois, une idée me passe par la tête, un texte s’ébauche, se construit, et puis… rien. L’histoire de la littérature n’en sera pas bouleversée pour autant :), et, en vérité, je ne suis pas là pour faire du remplissage. Certains textes ne seront donc jamais écrits, ou écrits et jamais mis en ligne car et je n’ai ni l’envie, ni la vocation de réagir sur tout ou surtout de me révolter sur tout. Car cela reviendrait surtout à se révolter sur n’importe quoi…

Allez, on se met le dernier et génial album de Madeleine Peyroux (ici, si vous avez itunes et si vous ne connaissez pas), et on gribouille en cherchant le « swing »…

Bon, commençons par la nouvelle de la semaine : Robert Parker a échappé à la mort… Si, si, il le raconte lui même ICI.

Si vous n’avez pas le temps de lire son billet et surtout si comme moi votre anglais est approximatif, je vous en résume l’essentiel, en plus drôle :

1/sa femme est tombée, s’est gravement blessée mais va bien maintenant. Elle a une minerve, très spectaculaire. Bob, si tu me lis, on ne se connait pas, mais je compatis, sincèrement. On lui souhaite, en tous cas, un prompt rétablissement. Maiiiis on garde notre sens de l’humour et de la dérision, oui, oui, et comme on est entre gens de bonne compagnie, on se permet, malgré tout et puisqu’elle va bien, la chère Pat, de faire un peu d’humour. Ils devaient passer 6 jours de « honeymoon» à Paris et il y a donc sans doute eu une table de libre chez « l’Ami Louis » :)) Le malheur des uns… On souhaite surtout que que les bouledogues péteurs de Mondovino la reconnaissent, ainsi déguisée, et ne lui sautent pas dessus. Il manquerait plus que ça … :)). Bon, c’est triste, mais rire, c’est commencer à guérir !

2/Il est allé à Bordeaux. Il a goûté des 2003 qui le déçoivent un peu (il n’est pas le seul…) mais il ne peut pas vraiment le dire parce qu’il les a vraiment très très bien noté avant (dommage qu’il n’y ait pas un journaliste français suffisamment « burné » et qui ait les moyens de l’écrire…). Il adore toujours Pavie, mais ça, je crois que le monde entier le sait :)).

Il a goûté des 2004 qui l’ont étonné par leur qualité et qui pourraient bien s’avérer bien meilleurs que prévu (je le crie sur les toits depuis plus d’un an mais, dans mon village, personne ne m’écoute 🙂 ; mais bon, il ne peut pas trop l’écrire non plus, parce qu’il a été vraiment radin sur les notes des primeurs. C’est « Le » millésime qu’il fallait sans doute acheter, et dommage qu’il n’y ait pas un journaliste français sévèrement burné… vous connaissez la suite… :))). Comme il l’a assez chichement noté, cet excellent et fort classique millésime 2004, les vins n’ont de toute façon pas augmenté et il sera toujours temps de changer d’avis.

Il annonce que 2005 est un millésime incroyable, super-concentré donc logiquement super-noté et donc super-demandé et sans doute super-cher. Enfin, il ne le dit pas comme ça, mais tout le monde comprend. Un lecteur annonce même son intention de s’endetter pour acheter… Noter, bien noter, mal noter, mieux noter, re-noter, la vie de gourou n’est pas si facile que certains voudraient le faire croire…:))

3/Bon, après, il se lamente de subir une sorte de « cabale » enfantine de la part de quelques journalistes anglais qui accusent les grands châteaux bordelais de vendre leur âme au diable (le « devil », pour les anglais, c’est Bob :) en augmentant les degrés d’alcool de leurs vins – degrés qui vont en 2005 atteindre des sommets, juste pour avoir une grosse note.

Alors, là, je rigole. Bon, j’ai pas suivi le débat. Mais voilà quelques journalistes qui, sauf exception et erreur de ma part, n’étaient pas là pendant les vendanges, n’ont pas vu les raisins, passent leur temps dans des dégustations soigneusement « organisées » et ne vont jamais dans les propriétés, ni, à fortiori dans les vignes (aucun n’a d’ailleurs de bottes dans sa voiture, vous pouvez regarder :)). eh bien, ces « experts » là, ils pensent que l’on peut sur sa simple volonté, pour faire plaisir à Bob, à sa mère ou au bon Dieu, augmenter d’un claquement des doigts les degrés alcooliques.

Dans les années 1970, on produisait couramment 60 à 80 hl/ha dans les plus grands châteaux. Le mot maturité phénolique n’avait pas été inventé. Les raisins étaient verts, dilués et la chaptalisation d’un 1/2, voire d’un degré, la norme. Aujourd’hui, les meilleurs font 40 hl/ha les bonnes années, la chaptalisation est bannie de tous les chais où l’on travaille bien, on se paye un millésime où sur la moitié des vins produits en France, le degré est hors norme, suite à un cycle végétatif très particulier, et ça serait la faute à Bob ? On croit rêver. Il mérite certes d’être accusé de quelques maux (comme de noter si souvent le Priorat et jamais le Roussillon :)), mais de pas de celui-là. Messieurs les Anglais, un peu de retenue, fichtre ! Mais avouons que cette querelle d’experts va rendre la campagne primeur, début avril, tout à fait délicieuse…

4/Bon l’autre nouvelle, c’est qu’il a failli mourir (à Pomerol, quand même, quel destin !) dans un accident de voiture avec un « young punk » qui a brûlé un stop et « détruit » sa Volvo de location (ah, dans l’adversité, rien ne vaut une bonne voiture suédoise…). L’avantage de ne pas être noté par Bob (et de vendre quand même ses vins), c’est que, d’une part on peut se moquer gentiment de lui dans son blog et, d’autre part, on dort la nuit quand il échappe à la mort. (Et heureusement pour lui).

Parce que si on réfléchit un peu, y a des bordelais qu’ont dû avoir quelques sueurs froides ce soir là… Pas de Bob, pas de millésime du siècle en 2005… Pas ou prou de campagne primeur… Pas de remplaçant prêt à reprendre le flambeau avant plusieurs années… Un marché totalement déstabilisé sur le court terme, le temps que la nature, qui comme on le sait, a horreur du vide, favorise la naissance d’un nouvel « homme d’influence ». Tout pareil pour les chateaunevois (habitants de châteauneuf du pape, oh ignorant) ou … les habitants du Priorat (que je sais pas comment on les appelle :))

Bon, c’est sûr que je ne cracherais pas sur un 92/94. Et qu’un petit 94/96 userait toute une ramette de papier de mon fax qui « dégueulerait » sans doute de demandes de tarifs, comme me l’a poétiquement raconté un vigneron il y a quelques années. Et qu’un 98 ou même un beau 100 tout rond, allez soyons fou!, me permettraient de faire l’intéressant et de me pavaner comme un paon :)) (Patrick, si tu me lis, t’en qu’à avoir des plumes dans le c.., autant en avoir des belles :)). Mais bon, tout cela serait fort nocif pour mon ego. Et puis cela déclancherait sans doute chez moi des crises d’angoisse violente car, comme le dit le Tao (je crois…): « soit tu souffres de ne pas avoir quelque chose, soit tu souffres parce que tu as peur de le perdre »… Le dimanche soir, rien ne vaut un peu de philosophie… à demain.

En espérant que Bob ait le sens de l’humour…

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