Un milliard de petits…
Internautes, et moi, et moi et moi…
« Croyez vous à l’avenir d’Internet ? » Voilà une question que l’on me pose très souvent. Parfois, je me demande si mon interlocuteur ne se moque pas un peu de moi. Nous en sommes sans doute à plus d’un milliard de personnes aujourd’hui connectées sur la toile. Et comme cela s’est fait en moins de 10 ans, le web est la technologie qui s’est le plus rapidement développée dans l’histoire de l’humanité. Quand on voit de plus que le haut débit est largement majoritaire dans pratiquement tous les pays, on se demande quelle sera l’importance de cette technologie dans 20 ans. Les jeunes sont nés avec une souris dans la main. Quand aux trentenaires, qui commencent à s’intéresser au vin et à avoir les moyens d’en boire, le web est très souvent au cœur de leur vie professionnelle. Ne pas prendre ce paramètre en compte serait, pour les vignerons, suicidaire. Pourtant, beaucoup d’entres eux, encore, se demandent s’il est bien utile d’avoir un site internet. Un tracteur à 40 000 euros, c’est un investissement plutôt raisonnable…quand on peut. Mais 1000 euros dans un petit site, faut voir…
Bon, tout ca pour dire que je trouve ce matin deux choses sur le web qui me font bien rire :
– le blog d’un jeune sommelier, aussi sûr de lui et arrogant que je devais sans doute l’être à son age -:)) mais aussi bien ignorant quand il explique à ses lecteurs l’origine des tanins dans le vin : « Le vent permet la distribution de poussières, d’éléments naturels, qui vont se déposer sur la peau du raisin. Voici, la 1ère source tannique. » Et oui, après les « perles » des écoliers, voici les perles des sommeliers. Il y a en a d’autres, mais je vous laisse les découvrir tout seul. Au moins, il est passsionné et prend le temps d’expliquer les choses à qui veut bien le lire. Sur la toile, combien sont-ils à s’y coller ? Les articles sur la crise du vin fleurissent, mais les sites de vulgarisation bien faits n’existent toujours pas. Est-ce bien normal ?
– un débat sur l’excellent site dégustateurs.com sur les « odeurs animales ». J’y découvre, atterré, qu’aucun des intervenants, à l’évidence sincères dans leurs propositions et leurs sensations, n’a jamais entendu parlé des « Brettanomyces » et de leurs conséquences terribles dans le vin, en particulier la production de phénols volatils à l’odeur animale très caractéristique.C’est sensé être un défaut…les odeurs viennent d’une bactérie, pas du terroir! Pour en savoir plus, un coup de Google ou, si vous avez la flegme, une page assez bien faite mais assez technique, ICI. Je vous rassure, il y en a autant dans les Bourgogne qu’ailleurs, du Bordelais à la Vallée du Rhône en passant bien sûr par le Languedoc-Roussillon.
Bon tout ca pour dire que le plus étonnant dans ces deux histoires, c’est qu’aucun œnologue n’intervient sur les forums. Où sont ils, tous ces jeunes hommes et femmes fringuants, de Beaune, de Montpellier ou de Bordeaux, tous ces BTS viti-œno, tous ces ingénieurs agro fraichement diplomés qui, bien souvent sans avoir la moindre expérience de terrain et sans posséder la moindre bouteile dans leur cave, s’en vont sur les routes orienter nos beaux vins français ? Pourquoi sont-ils si absents ? Si silencieux ? Pourquoi n’expliquent-t’il pas le vin et l’œnologie aux internautes ? Pourquoi n’apportent t’ils pas un peu de leur savoir, même vulgarisé, aux milliers de passionnés qui confondent toujours déviation aromatique et « goût de terroir ». Allez, nom de Dieu, réveillez vous, prenez enfin quelques initiatives, mettez vous, oh, miracle, parfois en danger et montrez nous que le vin est pour vous aussi une véritable passion et pas le gagne pain d’un bachoteur ayant réussi la enième sélection par les maths d’un système scolaire totalement déconnecté des réalités de la vie.
Ouf. Je suis en forme ce matin. La semaine commence bien…