Toucher le fond


C’est l’impression que j’ai eu hier en passant dire bonjour à un vieil ami, devenu par passion courtier en vin. Et oui, il y a des destins auxquels on ne pense pas…

Embrassades, vœux tardifs, café de rigueur, nouvelles de nos familles respectives puis, bien sûr, comment faire autrement, la question qui tue : « et le marché, au fait, il en est où ? ».

Bon, le marché du vin en vrac, on le sait, il a été salement touché. Les organes vitaux ont été atteints. Il est à terre. Déjà même aux urgences. En réanimation. Encéphalogramme plat, mais comme on le maintient en vie par des moyens artificiels, on attend le miracle…

Les raisons, on les connaît. On ne va pas y revenir. Si vous avez raté un épisode, il faut aller sur le Blog de Berthomeau. Il a tout dit dans son rapport, aussitôt publié, aussitôt enterré. Bon, j’en reviens à mon copain courtier. J’essaie de comprendre. Il m’explique : « De toutes façons, les quelques demandes que j’ai, je ne trouve pas les vins pour les satisfaire ». Ah bon, m’exclamais-je ! Mais comment ? Mais pourquoi ? « Sur les « tables » (ça veut dire les vins de table, mais on est entre « pro » :)), j’ai des demandes pour des vins ultra-buvables, entre 10 et 11° maxi. Mais en face, on ne me propose que des vins à 13 ou à 14°. Donc, pas de transactions possibles ».

Voilà donc un marché en crise, dont les producteurs les plus touchés par la surproduction mondiale ne prennent même pas la peine, avant les vendanges, d’appeler le courtier, souvent leur seul débouché, pour savoir ce qu’il sait du marché, où se situe la demande, quelle est la direction qu’ils doivent donner à leur vin. Vous le croyez, ça ? Et bien c’est la vérité. Chaque année, avant les vendanges, le syndicat des courtiers se fend même d’une synthèse de leur vision du marché. Mon copain, il savait où se situerait la demande avant même les vendanges. Et bien aucun producteur de vin en vrac ou presque, ici, ne se préoccupe des tendances et se donne la peine de « coller » un tant soit peu au marché. Ici, même sur les vins de table en vrac, on se refuse à faire ce qu’on appelle d’un ton méprisant « du marketing ». Pincez moi, je rêve…

Laisser un commentaire

ABONNEMENT

Recevez les billets du blog dès leur publication. Et rien d'autre.

Archives