Au cœur du luxe


Ecrire dans les aéroports pourrait bien devenir une constante de ce blog. Du moins en certaines saisons.

Me voilà donc à Mulhouse/Bâle, dans le grand hall de l’aéroport, qui, soit-dit en passant, ferait un très joli chai… Un peu moderne, peut-être, mais vraiment joli. A l’époque où j’étais restaurateur, je pensais souvent que certains appartements avaient le potentiel de devenir de magnifiques restaurants. Ou vice versa, comme la Tour d’Argent, par exemple… -:)). Finalement, je me dis qu’il n’y qu’un pas de la passion à l’obsession, et que quand on commence à voir des chais partout, il est peut-etre temps de se trouver une deuxième passion :-)

L’un de mes autres centres d’intérêt justement, c’est les montres. Et depuis hier, j’ai l’immense chance d’avoir été enfin admis dans le saint des saints, le salon internationnal de l’horlogerie et de la bijouterie de Bâle, Basel World.

C’est, pour faire simple et que vous compreniez en un instant, une sorte de Vinexpo des montres et des bijoux. Pourquoi dialble suis je ici, vous demandez vous sans doute ? Mais bon sens, mais c‘est bien sûr : pour une dégustation de Clos des Fées. Mais cette fois ci, ne n’est ni chez un caviste ou un client, mais… chez Chopard, s’il vous plait, une des plus anciennes manufactures de montres et l’un des plus prestigieux joailler du monde.

Et oui, hier après midi, pour un petit nombre de journalistes spécialisés, nous faisions déguster, au milieu de la jet set, le Clos des Fées et la petite Sibérie. Incroyable. Vraiment incroyable. La qualité d’un vin suffit-elle, finalement, à faire partie de l’élite ? Je vais finir par y croire, au modèle de l’ascenceur social républicain ;-) A côté de moi, Gérard Gauby, encore plus étonné que moi, je crois, d’être ici… ;-). Au diner, nous évoquons le chemin parcouru, en vingt ans pour lui, en bientôt dix pour moi (et oui, ca passe vite, j’ai fait ma huitème vendange…) et nous nous laissons aller à rêver d’un jour où, peut-être, le Roussillon sera considéré comme l’une des meilleures régions de production du monde. Comme dit l’autre, «il ne sert à rien d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer». Je l’aime bien, celle là. Elle m’accompagne depuis des années, en amour comme en affaires ;-)) L’autre, en substance, c’est Victor Hugo.

En attendant, avouons que pour l‘instant, notre «performance» à Bâle relève plutôt de la marche solitaire dans la jungle que du long fleuve tranquille : armé de notre seul courage et d’une solide machette, nous avancons cm par cm, au prix d’efforts démesurés et de larges moulinets des bras… D’abord étonné (il y a de quoi, avouons le…) le gratin mondial des journalistes horlogers (je ne sais pas, à vrai dire, comment les qualifier) s’avance vers nos deux minuscules tables. Personne ne sait où est le Roussillon. Personne ou presque, je dois l’avouer, ne sait même ce qu’est le Grenache. Un petit pas pour nous, un… petit pas aussi pour le Roussillon, ne rêvons pas. Mais, d’une bouteille à l‘autre, les langues se délient, les compliments fusent, on y revient même, pour certains, charmés par la qualité de tannin et le fruit intense de la petite Sibérie. On est au cœur du luxe, ici, le prix ne provoque même pas le moindre haussement de sourcils : c’est meilleur que ce qu’ils n’ont jamais bu, c’est fait en quantité ultra limitée et non reproductible, donc, le prix coule de source.

Un succès modeste par la taille, donc, mais un succès quand même. Et, pour moi, je l’avoue, une forme de reconnaissance. Il me reste à visiter le salon. Ce sera pour demain.

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