Mon avis à moi


Bon, on passe tout de suite dans le vif du sujet, sinon, on y arrivera jamais, à ces foutues notes :

2005 : millésime assez facile à gôuter, contrairement à mes premières craintes. Certes, les vins sont puissants et tanniques, mais les acidités, fortes, ne les rendent pas fatiguants. Les lèvres sont noires, les dents n’en parlons pas, mais il n’y a pas de lassitude, comme pour 1990, par exemple, qui m’avait écœuré. On notera que les pH sont très bas au point que certains vins semblent n’avoir pas fait les malos. Celles ci ont été souvent tardives, entraînant aussi des sulfitages tardifs, parfois encore sensibles. Je n’ai goûté qu’environ 200 vins, aucun premier cru 1855, au lieu de 1500 à la belle époque. Ces notes n’ont donc en fait aucune valeur réelle mais reflètent simplement mon regard à moi sur quelques vins du millésime. Voici les vins que j’ai préféré et que j’achèterai si j’en avais les moyens :

Saint-Emilion Grand Cru & GC Classés

Château La Fleur : dense, droit, long, riche, élégant. La surprise.

Faugères : moderne, mur, suave, généreux, accueillant.

Rol Valentin : joyeux, précis, fruité, plus concentré qu’il n’en a l’air. Unique.

Larcis-ducasse : enfin réveillé, solaire, tannique, droit dans ses bottes.

Couvent des Jacobins : crémeux, solaire, complet, texture parfaite.

Dassault : riche, très serré, satiné, particulièrement long.

Grand Mayne : mur, classique, ambitieux, élégant.

Tertre d’Augay : en plein renouveau, puissant et souverain, fera date.

Angélus : tient son rang. Riche, dense, distingué.

Ausone : le plus aromatique des vins dégustés. On ne peut pas retirer son nez du verre. Danseuse étoile. Pas pour les vers de terre que nous sommes… Seule chance : le loto ;-)

Valandraud : Fera date. Force époustouflante. Pour le mariage d’un enfant né en 2005.

Pomerol

Certains n’ont à l’évidence pas su gérer le millésime. Beaucoup de vins secs, sans charme, manquant de couleur et de texture côtoient des vins merveilleux, complets, pleins et raffinés. Ce sont les plus célèbres, ce seront les plus chers.

Rouget : élégant, encore en formation, aromatique, personnel

Feytit Clinet : riche, noir, dense, fumé.

Franc-Maillet : très concentré, crémeux, profond, truffera. Coup de cœur.

Haut médoc

Cambon la pelouse : élégant, raffiné, modeste, fruit, longueur, délicieux

Brillette : riche, très complet, tannins fins, beaucoup d’esprit. Une révélation.

Haut-Condissas : riche, nerveux, puissant, arrogant dirons certains. Mais lui, il peut se le permettre…

Margaux

Brane-Cantenac : Pour un fois, j’aime : épicé, long, droit, élégant.

Rauzan-Ségla : bien mûr, riche, long, marquera l’histoire du château. Me fait penser à Sean Connery ???

Saint-Julien

Léoville Barton : équilibré, mûr, beaucoup de tenue

Ducru-Beaucaillou : une des trois stars du millésime. Sera encensé par la critique, c’est inévitable. Au niveau d’un premier cru. Il faudra se positionner tôt, les prix vont flamber. Sans doute le « montrose 2003 » du milllésime 2005.

Pauillac Pontet-Canet : poursuit son étonnante progression. Une des trois réussites indiscutables du millésime. Va entrer dans la légende. Je salue le travail de toute l’équipe du château, qui, sur ce millésime, passe au rang de « super-second »

Saint-Estèphe

Le Boscq : beaucoup de goût, tanique, prometteur

Cos Labory : excellente surprise, riche, mûr, belle charpente

Haut-Marbuzet : fruit juste, intense, équibré, serein

Phélan-Ségur : moderne, très mûr, extrait, longue garde

Cos d’Estournel : mérite à nouveau son surnom de « maharadjah de Saint-Estèphe ». Un des 10 vins du millésime. Il y aura ceux qui en ont dans leur cave et ceux qui n’en auront pas. Les avis seront néanmoins sans doute partagés. Du moins à mon avis ;-)

Pessac-Léognan

C’est une appellation que je n’apprécie guère depuis quelques années. Là, le niveau moyen m’a stupéfié et j’ai adoré presque tous les vins. Haut-Brion pourrait bien être la meilleure note de Bob, si je suis pas trop bête et bien que je ne l’ai pas goûté.

Haut-Bailly: ferme et fermé, classique, à attendre

La Garde ; tannins très fermes, vin opaque, énorme potentiel

Malartic : éclatant, tannins énormes, équilibre parfait, longueur stupéfiante. Incontournable.

Pape-Clément : très ambitieux, impressionnant de puissance, un vrai style de grand cru. Taillé pour la garde, il faudra attendre.

Je n’ai pas accroché sur les sauternes. Je n’ai pas trouvé le Botrytis ni la fraîcheur à laquelle je m’attendais. Mais peut-être qu’à force de boire de grands liquoreux d’Alsace, je n’aime plus le Sauternes. Certains, au goût que je respecte, les ont trouvé remarquables. Comme quoi…

Bon, il faut bien s’arrêter. Voilà quelques notes prises à la volée sur des vins que j’ai aimé. Il faut que je vous dise qu’il y a en a beaucoup que je n’ai pas aimé, mais ce n’est pas mon rôle d’en parler ici. Certains sont des caricatures d’extraction. D’autres ont été vendangé franchement vert, ce qui, en 2005, ne pardonnait pas. Les pH bas et les degrés très élevés faussent de toute façon tous les pronostics. Les vins en bouteilles seront très surprenants, sans doute uniques. Mais il y aura beaucoup de possibilités de tout foutre en l’air pendant les élevages qu’il faudra à mon avis raccourcir pour conserver le fruit. Mais mon avis, que vaut-il, quand on y pense ? Celui de Bob, en revanche, fera comme d’habitude le marché. Allez, une dernière prévision et je m’arrête. Mon marc de café me dit qu’il n’y aura pas autant de bonne notes que certains l’on prédit ou s’y attendent. Le millésime a fait des grands crus atypiques, d’exception certes, mais pour très peu d’entre eux. Allez, j’ai encore pas fait dans le court et j’ai pas encore parlé des petits bordeaux… A demain.

P.S. : une photo, juste pour illustrer…

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