Le Goût Juste – Episode 5


Arriverai je à terminer un jour cette saga du Goût Juste ? Si ça continue comme ça, un éditeur va finir par me proposer d’écrire un livre sur la question ;-)

Bon, au vu de tout ce que j’ai raconté sur le goût, vous l’avez tous compris, le goût est un cheminement. Un mouvement. Quant à moi, je le vois comme une courbe…

Disons que, pour me comprendre, visualiser une sorte de graphique, simple, avec abscisse et ordonnée, où intervient d’un côté la vie, de la naissance à la mort, et de l’autre le nombre d’expériences conscientes que vous avez réalisées sur l’harmonie des mets et des vins. Et sur cette courbe, vous pouvez vous positionner à 20 ans, à 25, à 38 ou à 66. Car l’harmonie des mets et des vins n’est pas un art, c’est un sport (comme la dégustation ayant pour but la reconnaissance des vins à l’aveugle, au passage) et, s’il faut réfléchir, qu’il vaut mieux avoir un brin de talent, un peu de chance, de curiosité et de créativité, l’atout numéro 1 pour être un bon « marieur » de mets de de vins, c’est indiscutablement la pratique. Et j’ajouterai : la pratique collective…

Et oui. On l’a vu, les neurones du goût sont assez bien répartis chez chacun d’entre nous à la naissance. Mais après, au niveau des expériences, quelle inégalité ! Un couple de parents gastronomes, une grand-mère cuisinière, une enfance à visiter les artisans des métiers de bouche, des banquets avec les amis, une bande d’amis étudiants amoureux des bonnes choses, même s’il n’y a que des pâtes, une grande histoire d’amour qui fait une large place aux restaurants, un ami d’enfance chef, ou charcutier, ou gastronome impénitent, une femme ou un mari qui partage sa passion (et les kilos en trop ;-), vous voila en train d’avoir une courbe régulière, qui monte vite, fort et vous pétri d’expériences. Mais il n’est jamais trop tard pour commencer et certains des plus fins gastronomes de mon entourage ont commencé tard mais sont allés très vite, évitant, souvent grâce à d’importants moyens financiers, les mauvaises expériences pour se concentrer sur les « essentielles » ;-). En résumé, il peut y avoir de grands gastronomes jeunes mais aussi des vieux qui n’y comprennent rien. Ne nous laissons pas influencer, ni par les uns, ni par les autres…

Car de toute façon, un accord qui fonctionne ne fait jamais l’unanimité. Certains arrivent à convaincre 8, voire 9 personnes sur 10. Ils sont si rares… Disons que ce que le « Goût Juste », chez Alain Senderens, m’a appris, c’est que souvent, sur un groupe d’une dizaine de personnes attentives, il avait souvent deux groupes qui se dégageaient, genre 3/4 et 2/3, puis des électrons libres qui, sur un mariage précis, préféraient autre chose de souvent un peu… bizarre. Après discussion, nous arrivions en général à les rallier à une cause ou à une autre et, très souvent, il sortait donc deux mariages à conseiller, ce qui était bien, surtout quand les commentaires permettaient de vous situer vers l’un ou vers l’autre.

L’harmonie des mets et des vins, il faut bien comprendre que c’est un peu comme une relation sexuelle. Vous avez dû, comme moi, lire un jour ou l’autre l’une de ces études qui tend à démontrer qu’au bout de quelques minutes à peine, une femme classe, parait-il, les hommes en deux catégories bien distinctes : ceux avec qui ce « serait » possible. Ceux avec qui cela ne se fera jamais (note 1). Bon,on le sait tous, il peut y avoir des exceptions, mais elles sont rares (mais intéressantes lorsqu’elles se produisent :-). Donc, un mariage mets/vins, c’est d’abord, presque instantanément : j’accepte ou je refuse. Après, si on a accepté, on se demande si c’est un peu bon ou beaucoup bon ou carrément inoubliable et à marquer dans son journal intime. Mais avant tout, il faut comprendre qu’il y a un très enfantin bon/pas bon à la base de tout.

Bon, désolé, il y aura donc un épisode 6 parce qu’il faut que j’aille acheter le sapin de Noël.

Note 1 : pour les hommes, ça ne fonctionne pas du tout comme ça ;-)))))

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