Encore une truffe que Standard & Poor’s n’aura pas ! (Oeufs au plat à la truffe)


Bon, c’est clair, la perte du AAA, fallait fêter ça.

Noël est passé, l’homme de goût s’autorise à manger du Mont d’Or, enfin parfaitement affiné, et des truffes, dont le prix revient après les fêtes à des cours plus abordables (voilà un des cours que l’on aime à voir chuter contrairement à celui de la bourse…), ce qui les met à la portée de la mienne. De Bourse…

La saison de la Mélano reprend et je me demande bien de quelles recettes non encore dévoilées je vais cette année vous tenter…

Ce soir, se sera de simples œufs, au plat, à la truffe.

Dois je vraiment donner la recette ?

Bon. D’accord. Il y a trois choses importantes pour comprendre qu’il en faut vraiment peu pour être heureux, parfois : de bons œufs, un plat de cuisson en fonte, du pain de qualité…

De bons œufs, ce sont des œufs qui viennent d’une poule qu’on appelle par son prénom, si vous voyez ce que je veux dire… La coquille est solide, le jaune d’or, le goût incomparable.

Le plat, rien ne vaut un de ces petits plats en fonte, que votre grand-mère vous a peut-être légué et qui dort au fond d’un tiroir. Je sais, ça coûte un bras… Mais vous le laisserez à vos petits enfants, c’est ça le vrai durable, pas celui pour épater la galerie. Ca ressemble à ça et il y en a de temps en temps sur les ventes privée Staub. C’est là que je les ai achetés, je crois, à un prix d’ami… Ce genre de plat, ça cuit doucement, ça permet de continuer doucement à réchauffer le jaune quand le blanc est pris, ça permet de manger lentement, en prenant son temps, en esthète, parce que ça garde vraiment au chaud. Au final, chaque fois qu’on l’utilise, on se dit qu’on a bien fait de l’acheter…

J’ai trouvé cette image sur le web, au hasard. Elle a un côté surréaliste, tant elle fait la promotion du caca d’oie…

Le pain, c’est désolant, mais c’est peut-être ce qui demande le plus d’effort. Surtout en campagne, où il faut faire désormais des kilomètres pour trouver un vrai boulanger, le métier s’étant perdu… On ne saura jamais si on mange moins de pain parce qu’il est infect ou si c’est parce qu’on en mange moins qu’il est baclé, mais j’ai ma petite idée là dessus. En trois mots : campagne, tranché, toasté.

Bon, après, c’est un truc niveau cuisine pour les juniors… Le plat sur le feu. On casse les œufs, deux par personne, dans une tasse. On met une noisette de beurre dans le plat, quand il grésille, on fait glisser les œufs de la tasse vers le plat, d’un élégant mouvement du poignet. On cuit ce qu’il faut, en prenant en compte le fait qu’il y a une petite inertie dans le plat par la suite. Fleur de sel, poivre du moulin. Au coupe-truffe, deux ou trois truffes différentes (toujours mélanger les truffes…), on recouvre les œufs de fines lamelles de mélano.

Le pain grille pendant ce temps. Si c’est au feu de bois, c’est mieux, mais à l’impossible, nul n’est tenu. On peut y mettre un soupçon de beurre, pour donner un effet mouillette, toujours apprécié…

C’est un plat qui n’est pas très collectif. On se le fait pour soi même, c’est terrible à dire, mais c’est le mieux… Un truc de vieux garçon, qui se soigne. Il ne faut pas être dérangé, en vérité, pour vraiment l’apprécier. Il demande de la concentration, pour bien arriver à profiter de tous les goûts, du blanc, du jaune, de la truffe, du pain. En fait, la « manière » de le manger transforme le plat. Entre deux vieux amis, qui s’estiment mutuellement sur un plan gastronomique, c’est un de mes plats préférés.

C’est bon aussi en couple, parce qu’il faut une certaine complicité. Un plat de Saint-Valentin ? Peut-être. Mais pour un couple qui a passé du temps ensemble, qui a une relation aussi sur le plan culinaire…. Bref, ça ne se sert pas pour 6 ou 8, à mon avis. De toute façon, c’est complexe à réaliser pour un grand nombre.

Le mien, l’autre soir, il ressemblait à ça. Il m’a donné envie de réécrire, après un long vide.
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