Premier jour au Japon – Préparer le futur


Voyage sans histoires, avec Air France, cette fois.

Le terminal 2E est décidément fort beau. Totalement immergé dans ma passion du vin, je me dis que ça ferait un sacré beau chai de vinification ;-). Le personnel est aimable tout au long de l’expérience, c’est assez rare pour être souligné. Ca en paraîtrait presque bizarre. On se plaint volontiers. Ayons le courage de le signaler… Seul, peut-être, le chauffeur du car Air France entre Orly et Roissy honore ses passagers d’un match de foot hurlant. On préférerait de la musique douce. Il pense à lui plus qu’à nous et il n’y a personne pour lui signaler. Passons.

Départ 23h30, arrivée 19h15 le lendemain avec dans les pattes 12 h de vol. Ca va pas être simple à gérer dans ce sens là, j’ai l’impression, au niveau du Jet Lag.

Effectivement, c’est costaud. Mais bon, je vais arrêter de râler et de vous raconter mes péripéties dans les aéroports et les trains japonais, tout le monde connait ça, j’en suis sûr.

Venons en tout de suite au premier jour. Le voyage proprement dit n’a pas encore commencé et cette première journée est consacrée à un projet un peu spécial, préparé depuis de long mois en secret, mais dont la réalisation ne tient désormais plus qu’à quelques semaines. Alors, je pense qu’on peut en parler.

Mon contact Japonais vient me prendre tôt, car nous avons de la route à faire, le centre de recherche, étant à plus de deux heures de Tokyo. Dans l’immense mercedes noire, je ne peux m’empêcher de penser à des films de Yakusa… Le chauffeur a les traditionnels gants blancs, bien sûr. Ni lui, ni la traductrice, 50 ans, revêche, n’ont apparement envie de parler. Ca me va, je somnole… Dès l’arrivée, après deux contrôles de sécurité, je me retrouve dans un univers aseptisé, ultra blanc. J’enfile rapidement une combinaison blanche, des sur-chaussures, un masque, un calot où ne dépassent que mes yeux. L’habit fait le moine, parait il, là ça vous met tout de suite dans l’ambiance et je n’en mêne pas large…

Je n’ai pas accès au centre de recherche proprement dit, je ne saurai donc rien du process de fabrication de l’objet que je viens ce jour là finaliser. Il s’agit aujourd’hui de voir le dernier prototype avant fabrication et de pratiquer les derniers « moulages », bien sûr.

Car c’est un peu dans l’aire du Web 4.0 que le Clos des Fées va bientôt rentrer…

Arrivé devant le caisson de modélisation 3D, il est temps de me changer et d’enfiler ma tenue de sommelier, spécialement réalisée pour l’occasion (et le marché japonais, ce qui explique le pantalon à pois) et d’entrer dans la machine. Rien de vraiment spécial. Je suis juste balayé pendant environ 3 mn par des rayons d’abord verts, puis rouges, puis enfin rose, le tout en provenance d’une tête rotative extrêmement rapide. J’en appelle à toute ma volonté pour restrer totalement immobile, comme on me l’a demandé. Deuxième essai, au cas où. C’est dans la boîte.

Il est temps de vous dire à quoi cela va servir : avant l’été, cinq restaurants au Japon seront équipés d’un sommelier virtuel robotisé. Vu que j’ai les trois casquettes, sommelier, vigneron, journaliste, c’est moi qui ait été choisi comme premier « sommelier-moulé ». Le terme exact en japonais est エイプリルフール

Ainsi donc, grâce à votre iphone, simple client de ces restaurants pilotes, le sommelier-moulé (il faudra quand même, je pense, trouver une meilleure traduction en français) arrivera à votre table. Bien sûr, il (moi ?) n’est pas capable d’ouvrir une bouteille de vin ni de la servir. On est au pays des pokemon, mais il y a des limites, vous l’imaginez. Mais en revanche, il est capable de tenir une conversation et de vous raconter tout ce que vous voulez savoir sur le vin que vous êtes en train de boire, à condition bien sûr que cela soit un Clos des Fées.

Si vous le souhaitez (car le sommelier moulé est à votre service…), il peut aussi vous diffuser des vidéo sur le domaine, en 3 D passive. Son ventre s’entrouvre (non sans délicatesse, je dois l’avouer) et apparait alors un écran 4K 3D, tactile, qui vous permet de choisir votre visite virtuelle du vignoble. C’est pour abriter toute cette technologie que j’ai, je pense, été choisi, un sommelier trop maigre n’aurait pu, en l’état actuel de la puissance des micro-processeurs, faire l’affaire, m’explique le directeur du projet. De plus, ma morphologie, comment dire  – la traductrice semble hésiter un peu et choisit finalement le mot « épanoui » qui me parle – évoque pour toute l’asie le fameux « dieu chinois des cuisiniers », symbole de prospérité et de joie. Ca me fait quand même quelque chose de penser que caresser mon ventre va devenir une sorte de porte-bonheur. Je n’aurai pas fait tout ça en vain.

Nous nous réjouissons tous de l’aboutissement de ce projet, qui m’occupe quand même en secret depuis plus de trois ans. Nous grignotons quelques yakitori, que l’ingénieur en chef tient à faire préparer par son prototype de cuisinier robotisé. Honnêtement, il est loin d’être au point… J’ai apporté trois bouteilles de Clos des Fées et le repas prend une tournure joyeuse, malgré tout, chacun se lachant un peu, soulagé de voir ce projet proche de sa finalisation.

Bêtement, j’ai pris une partie des photos avec mon Canon, et j’ai oublié mon cable de liaison mini-USB. Heureusement, il me reste une photo volée d’une autre prototype, apparemment destiné à la troisième trilogie Star Wars. Cela montre, je pense, le niveau de réalité que réalisera le sommelier-moulé. Et qu’on est pas n’importe où, c’est clair…

Jedai.jpeg

Le soir, crevé, je m’endors, le devoir accompli, le sourire aux lèvres, pensant, bien sûr, à la phrase qui m’a trottée dans la tête au moment de rentrer dans la machine : un petit pas pour moi, un grand pas pour le sommelier moulé…

Les dès sont jetés…

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