Vendanges 2021 – Jour 10 – Rêver, c’est l’heure


Un jour, lointain, les fermiers de Saint-Sever m’ont offert un bain de Kaolin.

Ca commence bien, ce billet, je sens que ça va être du lourd, du pâteux, de l’épais… Faut dire que quand je me mets au clavier, je ne sais jamais vraiment de quoi je vais parler. C’est le concept du journal quotidien, de l’écrit qui permet d’évacuer ou d’intégrer.

C’était dans le sud-ouest, aux confins du Gers et des Landes, c’était très sympathique. J’ai été fasciné, je m’en souviens comme si c’était hier, par la connerie des poulets. On imagine pas la connerie des poulets. Ils sont vraiment en liberté et, le soir, la fermière fait un petit cri et ils se ramènent en courant pour dormir au chaud. Pas un poulet pour s’affranchir de sa condition, pas un qui ait lu «Jonathan Livingstone le Goéland», pas un qui décide «d’être» (Jonathan Livinsgtone le poulet…) au lieu de «faire», qui tente la migration vers le pôle, décide de vivre en terrier, aspire à créer une nouvelle espèce, je sais pas, moi… Les fermiers de Saint-Sever en profitent, faut être clair… Moi aussi, car un bon poulet de Saint-Sever, hein, quand on y pense, avec quelques patates autour, y’a pas mieux.

Les fermiers de Saint-Server vont être contents que 30 après, il y ai encore des retombées de leur voyage de presse. Enfin je l’espère !

Pendant le même voyage de presse – à l’époque où il y avait une presse…–, on est allé retrouver nos poulets qui rôtissaient doucement chez Michel Guérard, dans la partie ferme qui imitait avec bonheur mais sans l’égaler la Tupina, l’auberge de campagne du bon Xiradakis, désormais en retraite sur une île grecque et que je salue. En attendant, après un coup de Pacherenc bien frais, les fermiers m’ont offert un bain de Kaolin. Je donnerais cher, je l’avoue, pour, au milieu des vendanges, pouvoir me plonger à nouveau dans cette argile blanche micronisée, d’une pureté surnaturelle, à température du corps, dont la masse et la viscosité vous soutiennent, comme en apesanteur.

Je ne sais pas pourquoi, fiévreux, transpirant, migraineux (pire, mais bon…), je me suis imaginé dans ce bain. J’y étais…

Je me revoyais, couvert d’argile glissant sur ma peau, totalement détendu, mon cerveau grisé d’être envahi de profondes vagues d’ondes alpha, j’ai eu l’impression, à l’époque, d’une sorte de retour dans mon liquide amniotique primordial, puis me suis incarné dans une créature extra-terrestre parée pour un saut ultra-luminique dans «le Carrefour des étoiles» de Simak. Puis quelques autres bien étranges rêves, que je vais vous épargner, je pense. Soyons clair, rien de sexuel. Encore que… On se connait, vous êtes drôlement dans mon intimité et, déjà que demain, dans le village, je saurai aux sourires sur les visages qui lit ce blog ou pas, il faut mieux que vous gardiez une bonne image de moi…

Alors… Et non, ce n’est pas moi sur la photo et oui, j’ai piqué la photo sur le site de Michel Guérard. Pardon, Michel, Pardon !

En parlant d’image, sur Instagram, un abonné qui a vraiment une SUPER image de moi – bien meilleure que celle que j’ai moi-même, malgré le travail sur le divan de mon cher O. que je remercie ici pour tout – me  demande «si j’ai étudié le sanskrit ou le hindi pour écrire si bien le Dévanagari »? Je préfère ne pas le décevoir et je garde silence comme me l’a appris Maître Deshimaru, il y a bien longtemps, dans un stage de Zazen au Brusc avant de me taper par surprise et amour dans le dos avec son «kyôsaku», son bâton d’encouragement ou bâton de sagesse… Mais ici, je peux le dire, hélas, mon Sanskrit est plus que moyen et se limite à quelques phrases basiques du genre एक बौना पनीर, कृपया , que tout le monde ou presque connait («un nan fromage, s’il vous plait»). Il y a quand même quelqu’un, dans le monde, qui pense que je parle Sanskrit. On dira ce qu’on voudra, et bien ça me fait plaisir…

Je n’ai pas fait non plus moi-même les traductions en onze langues de mon site internet, au fait. Désolé de vous décevoir. Même pas la dernière, en Swahili ? Hélas… Comment, tu n’as pas de site en Swahili ? Ah. OK. Moi, tu vois, j’ai un site en Swahili pour que tous les swahiliens et toutes les swahiliennes s’ouvrent au vin. Vivement que j’aille au Burundi, au fait, ça laisse présumer quelques billets d’anthologie. Après «Alerte rouge en Afrique noire», «Bizeul au Burundi». La fatigue, les amis, la fatigue… Ne riez pas, on connait tous au moins un mot en Kiswahili. Je vous laisse méditer. mais je prends les paris.

J’étais clean, heureux dans l’argile, à l’époque. Je rêve d’y retourner, de prendre deux séances successives et de retrouver cette impression divine de matière mi liquide, mi solide, dans laquelle tout était possible.

Un billet du lundi, un étrange billet de mi-vendanges. Je descendais de ma montagne, vers la cave, dimanche, et je me suis dit que voilà, on y était, on allait commencer les «grands vins» (si tant est que j’en fasse, bien sûr…). J’étais dans un état presque second, à la fois surexcité et effrayé par la tâche, la fatigue déformant toutes mes sensations.

Ca y est, on y est «rêvons, c’est l’heure», comme dirait ce cher vieux Baudelaire.

Ce que j’écoute chaque jour, mais pas tous les jours… Je trouve que cette chanson va BIEN avec ce billet, avec l’été qui s’enfuit, la nuit qui avance.. Allez, je danse un peu ! Enfin, je me dandine… (Le clip est charmant, au fait). Et C Tangana une des GRANDES stars de demain, qu’il faut découvrir.

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