Vendanges 2021 – Jour 18 – Teinter ses mains de rouge


La journée commence bien. Sur mon Facebook, «Padre» me propose sur son site une voyance des anges gratuite. Padre résout tous les problèmes, amour, argent, santé.

Je cherche un instant mais rien sur la date des vendanges, les degrés étonnement bas cette année, l’état des maturités phénoliques, c’est ballot. Et puis, de toute façon, c’est payant (qui l’eût cru…) et un sentiment puissant me dit que ça pourrait être une arnaque (malgré la «garantie sacrée» de Padre…) qui veut surtout me faire les poches. Je décide d’en rester à mes pratiques actuelles : remercier, aussi souvent que possible, les fées, la providence divine ou l’ange qui s’occupe de moi depuis que je suis arrivé à Vingrau. Il y en a un ou une, je n’en doute pas. Mais ils préfèrent rester invisibles et c’est bien comme ça. Et surtout, ils n’ont rien à vendre.

Terminer ou ne pas terminer, voilà toujours la question qui m’habite, m’obsède, me réveille, m’empêche de dormir depuis plus d’une semaine. Vite, un tour sur le calendrier bio dynamique, ICI. Jour «carotte» et jour «fraise», demain jour «tournesol en fleur», mince, je ne suis pas plus avancé. Étrange, cette collaboration quand même entre Demeter et MIGROS, une chaîne de supermarchés Suisse. Je manque d’empathie avec l’enthroposophique, c’est sûr, je ne suis pas assez connecté… Et puis et j’ai enquêté il y a longtemps, sur le biz de Veleda et je ne m’en suis jamais remis.

Que me disent les astres ? Il faudrait que je regarde «la lune qui passe devant la constellation du Verseau». J’en suis pas loin, l’autre jour, au petit matin, je me suis centré sur Bételgeuse, à 457 années lumière de nous, que la formidable application SkyView me permet de repérer d’un coup d’iphone.

A partir du pied, j’aurais pu voir le Gémeaux. En attendant, la pleine lune du 21 m’a empêché de dormir lundi soir. Mardi, au zénith, je me suis calfeutré et ça s’est mieux passé. L’équinoxe du 22 est là et, en revanche, je sens bien que quelque chose change, les effets sur les plantes, sur la vigne, les arbres et moi. Je renonce à tenter de sentir la potentielle «influence» du nuage de Magellan sur mes Carignan d’altitude en suivant un calendrier dont personne ne sait qui le décide et je me recentre sur la réalité : sentir les sols, les feuilles, les grappes; goûter les baies, sucer les peaux, croquer les pépins. Rien d’occulte là dedans. Mon ami J.M. me dit que mon intuition, c’est «l’expression de mon expérience». C’est beau. Et très vrai.

Ca décroche, les amis, ça décroche. Le cycle est terminé, la vigne ne veut plus ou ne peut plus et, en vendangeant, certains raisins se détachent désormais spontanément de la grappe. Sur les Mourvèdre, les grains ont gonflés avec la pluie, un simple choc les abime et la pourriture s’installe. Il n’y a que quelques grains, mais ça ne va pas s’arranger, sauf si l’été indien s’installe. Et puis nos amis les tordeuses de la vignes adorent ce temps. Les guêpes ont abimé quelques grains, elles sautent sur l’occasion et la quatrième génération est à l’œuvre. Les merles, eux, se sont gavés à sen faire péter la sous-ventrière. Il vivent dans les bordures, viennent grignoter proprement, repartent tranquillement.

Cette engeance (les tordeuses, pas les merles, hein) ne vous fait jamais face, reste invisible, sur la face obscure de la grappes. Si nous ne plongez pas les mains dans les grappes, il est facile de se laisser abuser. A l’ombre, bien à l’abri, sur la face sombre de la grappe, tout d’un coup, on sent une faiblesse, une mollesse et clac, le grain se détache, éclate, le rouge du jus coule sur vos mains. On a dit qu’on se disait tout, non ? Alors voilà, une photo vaut mieux qu’un long discours .

Les pontes ont eu lieu, les larves, dès l’éclosion, vont forer leurs galeries pour s’envoler, détruisant peu à peu les grappes. A la clé, pourriture acide, risque de moisissures extrêmement toxiques. Pour l’instant, je n’ai trouvé que quelques grappes. Mais pas question de traiter si près des vendanges. Il est temps de clore ces vendanges. Vendredi, on va rentrer pratiquement tout ce qu’il reste… Mais bon, la où les nuits vont je l’espère me porter conseil, parce que la météo se remet à «très beau».

Miroir, mon beau miroir…

Ce que j’écoute, au jour le jour, pendant les vendanges. Mais pas tous les jours.

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