Vendanges 2022 – J-3 – Se préparer à la déflagration


A la veille des vendanges, chaque vigneron gère le stress comme il le peut ou comme il le veut, consciemment ou inconsciemment.

Au fur et à mesure que s’installait la canicule, la date des vendanges s’est peu à peu rapprochée à un rythme bien plus rapide… qu’un jour par jour. On a gagné un jour par-ci, un jour par-là. On devait vendanger tôt, on le savait depuis la fleur, mais le 25 août, ça aurait été bien. Puis le 20, ce qui pour nous aurait vraiment été tôt. Puis le 15. Puis, sans doute, avant le 10.

Oh, je ne parle pas des terroirs de Vingrau, des cépages de «troisième génération», là, certains n’ont pas terminé de vérer. La preuve de ce Carignan, samedi, et pas sur les terroirs les plus tardifs.

Je parle de la plaine, là où nous faisons désormais les Sorcières et Modeste où tout s’emballe. A l’heure où vous lisez ces lignes, certains ont commencé depuis longtemps, essentiellement pour des muscats secs, quelques-uns fin juillet. Un peu de buzz médiatique, c’est toujours bon à prendre.

Mais bon, le sujet, c’est quand même qu’on est pas prêt mais alors pas DU TOUT.

Pas encore toutes les nouvelles cuves, un groupe froid en rade, ballon explosé, les bennes en révision, le nouveau pressoir pas livré, le pilotage en Java de la thermorégulation qui refuse de se mettre en route (J’AVAIS DIT PAS DE MISE A JOUR !) et qu’il faut passer en html 5 (faut juste trouver le gars qui maitrise le pilotage des électrovannes en html5, une paille), les derniers rangements, les dernières révisions de matériel, les, les, les, rien de prêt, ni de vraiment rangé en fait. Et au milieu, des vacances, des commandes, bien sûr, qui tombent au moment où elles ne devraient pas tomber, des contre-étiquettes à imprimer, des reprises de TB (tiré-bouché). Je résume. En vrai, c’est pire.

J’ai pris tout ça avec un certain recul. Avec le temps, je me connais de mieux en mieux (ou j’ai la faiblesse de le croire) et quelque chose en moi s’est dit : puisqu’il est IMPOSSIBLE de tout réussir à organiser avant le 10, il est temps de rajouter des trucs, de commencer des tâches, si possible impossibles mais surtout, surtout, bien inutiles et qui ne devraient surtout pas être démarrées maintenant.

Pourquoi, tiens, au hasard, ne pas décider de déplacer sur un nouveau mac le serveur de fichier de l’entreprise, par exemple ? Histoire de rajouter une belle couche de stress, bien épaisse, puisque tu es presque certain que ça va merder. Allez, c’est parti. Et bien sûr, ça ne rate pas. Du coup, impossible de penser à autre chose, challenge réussi !

Une bonne semaine à sauvegarder, transférer des fichiers, remettre en route des sauvegardes partout, harmoniser les adresse iP, changer deux Mac, trop vieux désormais pour se connecter au nouveau système (bien sûr…), se rendre compte que presque tous les disques durs Time Machine étaient naze (finalement, pas si stupide, comme idée). Et pendant que tout ça partait doucement en brioche, entre autre, comme l’illustre très bien l’image ci-dessous (trouvé sur le net, sans crédit, désolé)…

… que rien ne marchait plus, je me suis dit qu’on pourrait aussi ranger la cave à fond, tout déplacer, les bouteilles vides et les pleines, pour que ça soit enfin en ordre. Aligné.

Ah, oui, et surtout, surtout, le plus important : mettre enfin en place la boite à clés dont je rêve la nuit depuis dix ans, avec toutes les clés, identifiées, leur nom dessus, au Dymo, bien sûr, pour que ça soit joli.

Vous le croirez jamais, mais d’être plus stressé par quelque chose qui ne dépendait pas de la vigne, et bien ça m’a permis de passer une bonne semaine.

Occupé de 7 h à 20h, avec pas une petite place pour le reste, les vignes, le matos, la cave.

Du coup, vendredi, soir, j’étais DÉ-TEN-DU. Et tout marchait. Sauvegardes partout, tout connecté. Et ma boite à clés ? Et oui, la boîte à clés, aussi…

Comme quoi et comme dirait Bernard Tapie dans un film de Lelouch, le pire n’est jamais certain.

Bon, désolé de parler clés, mais vous le savez, j’ai besoin de ces billets de mise en chauffe pour retrouver le rythme de l’écriture, l’obsession de l’écriture. Peu à peu, pendant quelques semaines, l’écriture de ce blog va remplir le moindre interstice qui reste dans ma vie, m’obséder littéralement entre les textes, les photos, le rythme, me faire me relever la nuit, cacher mes dimanches, réveiller mes matins. C’est comme ça, difficile mais agréable.

Ce que j’écoute, au jour le jour, pendant les vendanges. Mais pas tous les jours.

8 commentaires

  • Jacques RAMBAUD
    08/08/2022 at 9:45 am

    Merci pour le partage, et bon courage pour les vendanges, ravi que le Blog reprenne son rythme.

  • Vincent ML
    08/08/2022 at 7:16 pm

    Merci Hervé et bon courage!

    • Béatrice Grenier
      08/08/2022 at 10:45 pm

      Je découvre votre blog
      Merci

  • Joël
    08/08/2022 at 8:09 pm

    Merci pour ce partage Hervé et bon 25ème anniversaire .
    Je suis sûr que la suite des vendanges va bien se passer.
    Ici en Suisse les vendanges n’ont pas encore débuté mais avec la sécheresse et la chaleur, ça ne va pas tarder.
    Tout de bon et au plaisir.

  • GUY GROSS
    09/08/2022 at 6:56 am

    Avoir les bonnes clés est le secret de la réussite….

  • damien
    09/08/2022 at 5:01 pm

    joyeux 25eme anniversaire! Magnifique cet illustration sur « comment ça part! »

  • Cyril
    10/08/2022 at 11:14 am

    on est là !

  • FREDERIC LOISON
    12/08/2022 at 9:55 am

    Merci Hervé… c’est certes tôt mais tellement attendu chaque vendange !
    Bon courage à toute l’équipe.

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