Vendanges 2022 – Jour 28 – Sourire


6h15 – Vérification du programme avec Serge.

En forme ? Réponse : 🧨🏃Ca y est, il maîtrise les smileys, c’est clair…

Journée complexe, pour le moins, qui va nous faire tenter de vendanger ce qu’il y a de mieux. Objectif, remplir trois petites cuves tronconiques de 42 hl, dites «Ovni». Une de Grenache, une de Carignan, une de «bordeaux blend» comme on dit dans le reste du monde : Cabernet-franc, Merlot.

«Faire contre mauvaise fortune, bon cœur». Quel beau dicton. Je me revois, sans vraiment pouvoir mettre un âge sur l’enfant que j’étais, passionné par la partie du dictionnaire où il y avait dictons et proverbes. On s’ennuyait, que voulez-vous. Mais pas longtemps. Ils sont toujours de fidèles alliés, et, je l’avoue sans honte, j’ai mis parfois des années avant de vraiment comprendre ou expérimenter la justesse de certains. «Il y a parfois loin de la coupe aux lèvres», par exemple. Tu crois que la bonne affaire ou la grande histoire d’amour vont se réaliser, tu vois la coupe qui s’approche et puis… Finalement, non.

Au delà des dictons, il y avait aussi les fameuses pages roses. Bon, là, j’ai eu plus de mal à intégrer les citations latines (encore que…), je l’avoue. De toute façon, la locution latine, à l’aire des claquettes/chausettes, des bananes Gucci (fausses) en bandoulière, de booba VS les influenceuses à tendinite, et des lynchages médiatiques pour un «ludique» dans un sujet de bac français, je crains que cela ait assez peu d’avenir désormais…. Mais je rêve toujours de placer Amicus Plato, sed magis amica veritas… Je crains que cela soit trop tard.

Bref, je gardais une certaine appréhension à me retrouver ce matin dans des vignes qui, avouons le m’avaient déçu, voire déprimé mardi dernier. Quelques milimètres de pluie, peut-être ? Des entrées maritimes ? Mon humeur, qui remonte ? Je ne saurai jamais, mais, ce matin, et bien, l’espoir revient. A New Hope, comme me disait il y a bien longtemps Georges L. autour d’un sauvignon de Touraine, au comptoir de Robert Cointepas (RIP) pendant l’emballage du Pont-Neuf par Christo.

Faut dire que pour l’ouverture de la Fashion week des vendanges, Bruno, l’irremplaçable Bruno (ou son personal shopper) a mis le paquet au niveau création… Alors, bien sûr, tout de suite, ça sourit, ça chahute. Haut les cœurs.

On termine d’abord le dernier Grenache destiné, si la chance nous sourit, à une jolie cuve de vieilles vignes en devenir, résolument «tutti Frutti», pas tant au point de vue des cépages (Carignan et Grenache vinifiés ensemble qui m’ont toujours semblé formidablement complémentaires) que terroirs. Un peu de tout, un peu partout, genre salade composée.

Tiens , au fait, en parlant de salade, j’ai lu comme tout le monde le livre de la glycémiequeen, ah, non, pardon, la glucosegoddess, Jessie Inchauspé. Du coup, tous les matins, une petite salade vinaigrée pour commencer la journée, avant de picorer des raisins, pour lisser ma glycémie.

Bon, le matin, je ne traine pas, hein…

Eh bien moquez vous, salade, oignon, concombre, vinaigre généreux et bien plus de coup de fatigue à s’évanouir en cours de journée. Je conseille.

Carignan. Ah. Serge divise la «Bizeul Army», petit nom amical donné dans le village au convoi du matin (trois tracteurs, trente vendangeurs en voiture, deux fourgons) en deux. Sur le front ouest, les commandos effeuillent, trient, enlèvent tout ce qui peut être discutable. Puis, le gros des troupes vendange le reste. Mûr ? Oui, mûr .

Le Carignan, c’est facile, on ne peut pas se tromper : quand les pédoncules rougissent, inutile d’attendre plus longtemps.

Ce qui reste après le tri ? 2 000 kg, peut-être, mais top-qualité. Du caviar, les amis, du Caviar. Il n’y pas de raison que je m’y mette pas, moi aussi. Ah, un blini saumon, rue Quentin Bauchart, ça me tenterait bien. Au fait, A., Chère A., si tu me lis, tu me dois toujours un dîner …

Mais bien sûr, tempura edax rerum, les amis et les premières traces de l’entropie qui nous détruira tous sont clairement visibles.

Je saisis le soleil qui se lève et vient enflammer une feuille de Carignan dont la couleur ne trompe pas : comme depuis que le monde est monde, l’automne arrive. Dire qu’un jour, et en plus si tout va bien, hein, nous aurons la peau comme ça, parcheminée. L’état, pas la couleur. N’en faites pas trop…

En me retournant, ce matin, j’ai saisi ça, sorte de découpage de papier comme on en fait dans le pays d’en haut, vers Château d’Oex, une région que j’aime presque autant que Vingrau, c’est dire. Ou ces découpages en laiton qui évoquent une ligne, genre Paris ou NYC.

Peut-être la photo de l’année.

Ce que j’écoute, au jour le jour, pendant les vendanges. Je sais, ça change d’hier. Mais j’adore le Reggae. Ca me donne envie de me trémousser…

Un commentaire

  • damien
    17/09/2022 at 5:48 pm

    Le ciel, les ombres , cette photo est magnifique! Belle prise!

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