Millésime de canicule. A Vingrau, les vignes sont habituées à souffrir du stress hydrique. Cépages comme porte-greffes sont sélectionnés pour cela depuis des siècles. Deux labours au chenillard et à la mule en fin d’hiver et en début de printemps, ont permis de détruire le chevelu superficiel, là où les tracteurs à roues ne pouvaient pas passer. Les racines plongent à nouveau, à la recherche d’eau et de nourriture, s’ancrent encore plus profondément dans la roche pour exprimer la vérité et la minéralité d’un terroir.
Petit blocage de maturité en septembre. Il suffit d’attendre et, doucement, tout rentre dans l’ordre. Carignan magnifiques, très tardifs puisque vendangés jusqu’au 23 octobre. D’’une fraîcheur à couper le souffle ils nous confortent dans l’idée de l’importance d’assembler tôt et d’élever les cépages ensemble. En bouteille, au vieillissement, les vins n’ont pas le caractère « cuits » que tous redoutaient. Nouvelle plantation à 12 000 pieds/hectare. Mais les sols ne sont pas assez préparés et, après deux ans de lutte épuisante, il faudra se résoudre à arracher un rang sur deux. La nature nous rappelle à l’ordre et à l’humilité.