Hiver atroce. Froid, gris. Trois énormes pluies, à deux mois d’intervalle mettent à mal nos velléités de plantation. On s’attaque à la réhabilitation d’un coteau extrême avec l’idée farfelue d’y planter du… Pinot Noir. Défrichage, défonçage, tout est emporté trois fois mais l’eau nous montre où elle veut passer et où nous devons respecter ses désirs. L’espoir se mêle de crainte, car je sais que dans dix ans, il nous faudra peut-être arracher, faute de résultat.
Printemps glacial. Coulure historique sur le grenache, surtout sur les parcelles les plus tardives, à 400 mètres d’altitude, taillées tard. Conditions parfaites ensuite sauf pour ceux qui avaient négligé le fameux « cuivre du quinze août » qui permet d’éviter le mildiou mosaïque et donc de vendanger à maturité. Quinze jours de retard, finale le 28 octobre, date où les générations d’avant terminaient les vendanges.
Millésime de grande garde, glorieux dans tout le Languedoc-Roussillon où l’on produira quelques-uns des plus grands vins français. Décision d’embouteiller une quantité déraisonnable de jéroboams pour les générations futures. Clos des Fées précis, le Carignan, magnifique, compensera le déficit en Grenache. Charmeur dès le départ, sur le poivre noir, les épices, la confiture de framboise, finale réglissée, complexe sans doute dû au mois de septembre particulièrement froid.