L’année de la transhumance. Quitter le garage nous brise le coeur. Dix-sept ans à faire du vin à la maison, sentir les parfums depuis son lit, descendre au milieu des repas pour vérifier une température.
Impensable de défigurer la vallée, direction Rivesaltes. Nouvelle cave. Ce n’est plus elle qui va décider, me contraindre, mais bel et bien moi. La technologie dans le vin, c’est comme l’argent au poker, il en faut pour s’asseoir à la table de jeu, mais ce n’est pas pour cela qu’on va gagner. Pressoir à la pointe avec drains réfrigérés, cuves tronconiques inversées, petit chai à barriques enfin climatisé, le nécessaire et le suffisant. L’humain reste au cœur du process et c’est lui qui décide, faillible bien sûr, mais pas question qu’une machine applique une recette, sous peine d’uniformité générale. Certains payent cher cette erreur, nous ne la ferons pas. Un peu de tension en me rappelant une conversation avec Marcel Guigal sur la flore levurienne présente dans les caves et l’importance de la maintenir. On transporte toutes les cuves vers la nouvelle cave, on espère que les levures vont suivre.
Vendange généreuse, immense millésime avec ce velouté unique que l’on doit aux grands argilo-calcaire de Vingrau, avec en plus ce côté lumineux, cette énergie qui donne l’impression que le vin est habité par une vie propre. Notes époustouflantes dans le Wine Advocate avec une salve de 97/96/96/95/93/93. Carton plein et meilleurs notes du Languedoc-Roussillon tout entier.