Vendanges 2017 – Jour 16 – Quand les cochons décident


Les glands tombent.

Le feuillage change, imperceptiblement, mais je le sens.

La lumière n’est plus la même, la chaleur sur la peau se fait douce, rasante.

Rien de plus logique, quand on y pense : On avait trois semaines d’avance, on les a toujours et il fait un temps de fin septembre, genre 11° le matin. L’équinoxe arrive, la pluie aussi. Drôle d’année.

cresse-automne

Les jeux sont faits depuis longtemps, encore que… En voyant ce gland esseulé, premier de tous ceux qui vont tomber au sol et dont si peu germeront, je repense à l’Age de Glace et son écureuil ridicule. Ceux qui ont des mômes et les emmènent au cinéma comprendront… Drôle d’idée mais c’est un peu normal. La fatigue est là, nerveuse, physique, pourtant, rien n’est terminé avant que le dernier raisin ne soit rentré.

gland

Les sangliers sont affamés. Pas de pluie, rien à boire, rien à manger. Justement, tiens, parce que sans doute les glands aussi hésitent à tomber. La chasse est certes ouverte , mais elle est peu active pour l’instant, les vendanges réduisant certain jour sans doute les équipes. 80 % des parcelles de la contrée (j’aime ce mot, c’est mon passé «Hobbit»…) sont désormais vendangées et NOS dernières vignes deviennent les objectifs prioritaires de ces maudites «bêtes noires» (l’un de leurs surnoms populaires), d’où vient qui sait, l’expression. Elle leur va bien.

Pourquoi je parle suidés ? Parce que triste balade lundi dernier. Bon, je ne vais pas me lamenter, ce serait de mauvais goût quand on voit comment galèrent mes collègues gelés, grêlés, à qui il n’a manqué que les sauterelles, et qui ont tout perdu où presque. Mais bon, je suis grognon parce que je me suis fait bouffer dans la nuit de dimanche un Mourvèdre magnifique, sans doute plus de 2 000 kilos, par une harde de cochons qui ont pris le bas de ma vigne pour une souille. Déjà 10 hectares clôturés en dur, plus de 20 en électrique pendant tout l’été, avec des frais énormes, je ne peux humainement pas faire plus. Donc, pas le choix, on va aller cueillir ce qui reste, sans doute trois jours trop tôt. Mais bon, faisons «contre mauvaise fortune bon cœur». Là, si ce n’était pas fait avant, tu comprends VRAIMENT l’expression… Ah, au fait, si comme moi vous adorez la sagesse dite «populaire», si vous pensez qu’au final, on n’a pas souvent fait mieux, je vous conseille CE SITE.  Tu prends une expression, y’a un peu d’humour dans l’explication et/ou l’illustration (voire beaucoup, comme ICI…) et tu te rends compte que l’expression existe dans presque toutes les langues, ce qui te fais réfléchir à la condition d’être humain : Quelle que soit ton époque, ta race, ta couleur, ton âge, l’expression existe, en tout cas son sens… Bon, donc, no complain : J’ai une chance de pendu de faire du vin en Roussillon où tout ou presque m’est épargné. Mais bon, fait chi…. quand même quand c’est un sanglier qui décide de la date des vendanges. Et en plus, le tri, c’est pour ta pomme… Vivement le prochain civet…

Une des dernières balades dans les vignes pour moi, je savoure…

Il est temps de m’enfermer dans la cave, où je suis déjà beaucoup mais je me rends compte que j’en parle peu…

P.S. : Un peu long à finir ce billet, un peu occupé depuis une semaine. On a décidé d’attendre pour les 3 ou 4 derniers hectares. Impossible de dire, à aujourd’hui, si j’ai eu raison ou tort…

Un commentaire

  • gilles Meimoun
    20/09/2017 at 6:33 am

    Mon pauvre ami, je me souviens d’un expert bourguignon en provenance de Volnay il y a plus de 25 ans, venant constater les dégâts à Réal qui m’avait fait le reproche de trop attendre et ainsi de nourrir ces Sanchons (Sanglier mixé avec un cochon).
    Il avait failli finir dans la cuve. Que de nuits blanches ,de battus, de rondes pour réparer les clôtures. Aujourd’hui, c’est le jardin devant la maison et je n’ai plus de vignes, simplement un carré de pelouse. Bon courage mon pote!

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