Bonnes résolutions

Longtemps que je n’ai pas cliqué sur ce blog sur la case « nouvel article ».

Pourquoi aujourd’hui ? Difficile à dire. Je sors de moins en moins de ma grotte, de ma vallée, de mes vignes, mais, au cours des derniers mois, quand j’en suis sorti, j’ai fait de magnifiques rencontres : des personnes proches, bienveillantes, qui semblaient déjà me connaître et m’ont dit combien ils aimaient me lire. Au point de me surprendre.

Ne croyez pas que je fais ici preuve de cette fausse modestie », vantée par Vauvenargues comme « l’art d’être loué deux fois ». Je m’estime piètre écrivain, conteur acceptable, scribouillard passionné mais manquant de rigueur et incapable d’écrire un dialogue. Simplement, et je l’accepte, joyeux chroniqueur d’une vie de vigneron, chose auparavant interdite, permise aujourd’hui grâce à internet, invention si envahissante qu’on la croirait faire partie de l’humanité depuis toujours.

Incroyable mais vrai, j’aurai vécu au cours de ma vie terrestre – comme beaucoup d’entre vous, lecteurs – l’invention de l’internet (et même du minitel, juste avant, sans oublier le be-bop…), l’arrivée et l’adoption du mail, j’aurai vu en direct la conférence de Steve Jobs zoomant en direct des deux doigts sur le premier Iphone et déclenchant en moi un whaou d’anthologie quand j’ai pu à mon tour le faire (mon Dieu que c’est allé vite…). J’aurai été sceptique, je l’avoue, lors de la création des réseaux sociaux, trouvé ridiculement élevé le prix de vente d’Instagram à Facebook (je sais, je sais) puis j’ai subi, comme vous sans doute, la contamination du monde et les noël où toute la famille se retrouve le ventre plein devant son smartphone… Et bien sûr l’invention, la floraison puis la mort du concept même du blog.

Quand j’y pense, quelle chance. Bref…

De ces rencontres, souvent une question : « quand écrivez vous un roman ? ».

Mais j’en suis bien incapable, les amis. Un roman sur quoi, d’ailleurs ? Sur le vin ? La façon de le vendre ? La culture de la vigne ? Les affres du vinificateur devant sa cuve qui s’arrête de fermenter ? Rien de plus ennuyeux, croyez moi. Il faudrait sortir de l’auto-fiction. Y mettre de la vie. Des rencontres. Des passions autres, inventer, créer des personnages. Quelques scènes torrides. Mais sais-je les écrire ? Un soupçon de « drama » comme le trajet vers la distillerie de 100 Phrases pour Eventails 2021… Alors, peut-être… Mais j’en doute. Je doute surtout de ma capacité de m’asseoir quatre heures par jour devant un écran pendant des mois et des mois, sans manquer un seul rendez-vous. Il faudrait trouver (enfin ! 😉 l’âme soeur (et charitable) qui m’attacherait une menotte et une courte chaîne, au pied de mon bureau, de 14 h à 19 h, que je le veuille ou non, avec un thé à 17h, restant insensible à mes lamentations aussi théâtrales que déchirantes. Il me faudrait apprendre à construire, faire des plans, lire des livres sur le sujet, regarder des master-class d’auteur à succès. Travestir bien sûr les personnages croisés au fil de ma vie pour éviter les procès. Y rajouter du mystère, un peu de magie, Clos des Fées oblige. L’un, tiens, en satyre mystérieux et brillant, 7ème dan de cassoulet. L’autre en Baba Yaga, mi fée, mi sorcière, un fagot sur le dos, à qui je devrais ma réussite pour l’avoir un jour aidé à porter son fardeau. Inventer une nymphe qui me donnant des pouvoirs culinaires me permettrait de convaincre en cuisinant. Décrire mon initiation par un hypnotiseur québécois dans une cabane à sucre. Inventer une jeunesse, traumatisante, des obstacles, surmontés, comme dans tous les bons contes de fées et le triomphe final : quatre étoiles dans le guide vert (sic…). Mais surtout, il me faudrait avoir du talent, celui du blog n’étant pas celui du roman.

Mais voilà, j’ai des amis, des lecteurs (pas beaucoup) pour qui apparemment, mes élucubrations comptent un peu. Certains que je connais, d’autres que je rencontre, je l’ai dit je crois, au fil de voyages ou de dégustations. Il parait que ceux qui vous aiment en secret sont les mêmes que ceux qui vous détestent en secret. Quel monde étrange. Bref, on a réussi à me convaincre que ce blog avait un peu d’intérêt et qu’il… manquait. Alors, je me suis dit que – peut-être, et c’est le moment de l’avouer, parce que vous écrire me manque, bien sûr – je pourrais tenter quelque chose. Un « truc » mensuel, déjà, qui m’oblige à un billet par mois. Un truc un peu bizarre, un fourre tout, qui me permette de sortir un peu de mes oripeaux de vigneron, de parler de tout et de rien, dans le sens de miscellanées, mot popularisé par le talentueux Ben Schott, dont un des deux petits livres sur la gastronomie reste le cadeau idéal quand on ne sait pas quoi offrir.

Bon, je m’interroge encore sur le bon rythme, le bon format et, honnêtement, je n’avais pas prévu de faire ça, alors ça va me demander un peu de temps pour me lancer, pour trouver quoi dire, quoi mélanger pour que la soupe soit bonne. Mais, voilà, je m’engage, puisque c’est la période des bonnes résolutions, à le tenter chaque mois. Quelle idiée !

L’occasion de vous souhaiter un formidable année 2024. On est vivant, on est malin, on va s’en sortir !

BONNE ANNÉE A TOUS !

«N’attendez d’applaudissements que de vous même » Idriss Berkane

Ce que j’écoute ce soir, sur DEEZER, sur SPOTIFY. Ou le formidable clip de Poupie, Philippe Katerine et Ariane Dombasle sur YOUTUBE