Vendanges 2018 – Jour 17 – Toi mon poilu


La journée commence étrangement. Devant chez moi, alors qu’il allait boire dans l’ancien abreuvoir à chevaux, un rat, énorme, s’est fait écraser. Dois-je y voir un présage ? Un signe de prudence ? Ou juste la vie, qui continue, pour les rats comme pour les hommes ? J’ignorais qu’il y en eut de si gros dans le village. Ça me laisse songeur, traversant la vallée. Et non pas rongeur. Ah ! Ah ! Ah ! Désolé, la fatigue me rend potache..
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Au loin, sur les montagnes qui surplombent Maury, de longues trainées de brume semblent glisser de l’Aude aux Pyrénées Orientales, d’une beauté hallucinante, comme une meringue à l’italienne coulerai dans une crème au beurre. Mince, je n’ai plus de batterie dans mon Panasonic GX 14-140 (même pas offert par Panasonic, mais je suis si content de cet appareil que j’en fait un peu de pub.) et, à l’iphone, ça ne donnerait rien. De toutes façons, pas le temps, on m’attend.

Aujourd’hui, c’est Lladonner Pellut, mon grenache poilu à moi, celui que j’aime, même si je n’ai jamais vraiment réussi à en faire un grand vin. Sans doute ne l’ai-je pas compris. Ou simplement n’en est-il pas capable, cela arrive, aussi, ne nous leurrons pas. Le meilleur vigneron du monde ne peut transcender que ce que sa vigne lui donne. Un peu comme la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Et là, si visuellement, sur la vigne, tout est OK, dans la cuve, c’est autre chose. Il n’y jamais eu de «révélation». Du bon, oui. Du grand, non.

En marchant dans les vignes, je me met à bizarrement à penser à ce film bizarre de Blake Edouard, en 1979, «10», «Elle», en Français, où Dudley Moore tombe, d’un simple regard, fou amoureux de Bo Derek et de ses tresses perlées sur fond de boléro de Ravel lancinant. Au final, derrière l’apparence, alors même qu’il atteint son but, la déception est terrible. Trop con. Aujourd’hui, alors même que j’ai enfin mis un mot sur ma sexualité (je serais parait-il un « sapio-sexuel…), je comprend qu’en fin d’adolescence (elle fut tardive – je me dévoile aujourd’hui, dit donc…), qu’il m’ait marqué.

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Bon, revenons à nos Lladonner Pellut. On se résigne pas, on va essayer de le marier avec un Carignan de compétition, cette année, notre beau poilu, histoire de voir si le couple fonctionne. L’équipe s’égaille gentiment dans la parcelle.

Peut-être, un jour, tenterons nous de vinifier des zones de la parcelle séparément, là, en bas, à gauche. Le haut, très différent. Le petit bas fond, plus «gras». Un jour. En attendant ce jour lointain où nous aurons les moyens d’un vrai «Grand Cru», Serge me montre un effet impressionnant d’une carence en potasse, sur le bas de la parcelle, plus maigre, sur un terroir vraiment pauvre. Un compost sur mesure viendra corriger cela l’année prochaine. Voilà, la prochaine fois, vous saurez ce que c’est.

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A ne pas confondre, tiens, là, à vingt mètre, avec les effets du dernier poudrage au souffre, qui a été passé un peu fort et dans un jour ou le soleil s’est levé un peu vite et un peu brutalement, alors qu’il ne devait pas. Ça s’est joué à peu. Ça a suffit. Sacré météo, pas si prévisible que cela malgré tout ce qu’on l’on en dit, surtout au niveau de la parcelle. Ce ne sont que quelques feuilles, brûlées, sur quelques pieds, la parcelle est dans l’ensemble au top au niveau cultural. Aucune influence sur les raisins.

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Tiens, un porteur grommelle, il se plaint de ses cinq seaux, au lieu de quatre hier.

L’équipe de fidèles se marrent : l’année dernière, ils ont porté vers le haut de la parcelle toute la matinée. Vous voyez, le tracteur, là haut ? Oui, là bas. Montée, descente, sur sol pierreux, traitre et glissant. Là, cette année, une petite benne vibrante, investissement de l’année, permet de passer désormais entre les rangs. Et ça fait du bien, je vous assure…

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Les choses sérieuses commencent, on entre dans le cœur de la meule, les vignes les plus qualitatives du domaine. Mais je pense de plus en plus qu’il est urgent de ralentir. On est loin de la fin…

Un commentaire

  • marie hèlène le digabel
    22/12/2018 at 1:06 pm

    Génial !

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